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9 mai 2019

Une sonde oesophagienne posée durablement ou conservée à domicile n'augmente pas le risque de complication chez le chat

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Types de complications observés suite à la pose d'une sonde d'œsophagostomie chez le chat : 89 cas sur les 248 inclus dans l'étude. D'après Breheny et al. JVIM, 2019.
Types de complications observés suite à la pose d'une sonde d'œsophagostomie chez le chat : 89 cas sur les 248 inclus dans l'étude. D'après Breheny et al. JVIM, 2019.
 

Les sondes d'œsophagostomie sont couramment utilisées chez le chat pour maintenir une alimentation par voie entérale. Elles sont faciles à poser (bien que sous anesthésie générale) et peuvent rester longtemps en place, y compris chez le propriétaire, car elles sont globalement bien tolérées. Elles génèrent toutefois des complications, dont une nouvelle étude vient d'explorer les facteurs de risque.

Cette étude rétrospective, menée au Royaume-Uni (Edimbourg et Winchester) et publiée dans le JVIM (article en libre accès), a compilé 248 cas sur 12 ans : 146 mâles et 102 femelles. Elle montre, entre autres, que la durée de pose de la sonde ou son utilisation par le propriétaire est sans impact sur le risque de complication.

Hors cas de décès, la sonde est laissée 11 jours en médiane

Les chats avaient été présentés en consultation dans l'un des deux centres de référés impliqués dans l'étude, pour des motifs ou maladies variables, le plus souvent un traumatisme (16 %), une néoplasie (16 %), une pancréatite (14 %), une maladie gastro-intestinale (11 %) ou hépatique (9 %). Et pour la majorité d'entre eux, une alimentation par sonde œsophagienne a été décidée très rapidement, avec une pose le jour même ou celui d'après (25 et 32 % des cas, respectivement).

En lien avec la maladie sous-jacente et sa gravité, le taux de mortalité de ces chats est important : 35 % (86 cas). Chez les survivants (n=162), la sonde est restée en place entre 1 et 93 jours, 11 jours en médiane.

48 % de complications, souvent bénignes

Les complications liées à la sonde alimentaire sont fréquemment observées. Elles surviennent dans plus d'un tiers des cas (89/248 soit 36 %), et même près de la moitié si les cas de mortalité sont exclus (78/162 soit 48 %).

Chez les chats n'ayant pas survécu, le taux de complication est plus faible (11/86 soit 13 %). Mais la rapidité du décès, après 4 jours en médiane, est à prendre en considération : les complications apparaissent généralement plus tardivement (après 6 jours en médiane pour les infections). La sonde alimentaire n'entre pas dans les causes de la mort de l'animal.

Le type de complications est variable. Les deux les plus fréquents sont le développement d'une infection au niveau du site d'œsophagostomie (34 % des cas) et une sonde qui ne reste pas en place (40 %), complètement ôtée par le chat ou seulement détachée donc retirée ou re-suturée par l'équipe vétérinaire (voir tableau en illustration principale). Les cas de régurgitation (successive à des vomissements) ou d'obstruction (sonde bouchée) reste moins fréquents (8 % chacun). Quelques plus rares complications sont observées, chez un seul chat à chaque fois, comme une irritation ou une inflammation locale, une obstruction du pharynx suite au déplacement de la sonde, une paralysie laryngée temporaire…

Une sécrétion locale non septique (au site de stomie) ou régressant spontanément sans traitement, donc non considérée comme une infection, est notée sans autre anomalie chez 45 chats. Elle survient après 6 jours en médiane, et n'est pas retenue comme une complication ici.

Sur la période d'étude (12 ans), les auteurs n'observent pas d'évolution concernant ces complications ou le délai entre la présentation du chat en consultation et la pose de la sonde. Les complications étaient toujours isolées, jamais associées entre elles.

Infection par des germes commensaux

Les auteurs de l'étude ont recherché les facteurs augmentant le risque de complication de nature infectieuse. Les pathogènes en cause sont commensaux dans la plupart des cas (surtout E. coli et Enterococcus sp., mais aussi Pasteurella sp. ou Streptococcus canis). Et l'hygiène du site apparaît fondamentale en termes de prévention.

L'analyse multivariée, effectuée à partir des paramètres identifiés par analyse univariée, retient trois facteurs de risque significatifs :

  • Une sécrétion locale non septique,
  • Un traitement requérant des corticoïdes ou des oncolytiques,
  • La marque de la sonde.

En revanche, le maintien de la sonde dans la durée, comme son utilisation par le propriétaire à domicile, n'augmentent pas le risque d'infection. La nature de la maladie sous-jacente apparaît également sans impact.

L'amaigrissement favorise le risque de décès

Les facteurs augmentant le risque de mortalité ont également été recherchés. Les résultats montrent que le faible poids de l'animal ainsi que certaines des affections sous-jacentes, à l'origine de l'anorexie, favorisent le décès du chat : les maladies cancéreuses, respiratoires, pancréatiques, uro-génitales et infectieuses. L'âge du chat ne présente pas d'influence significative.