4 mai 2020

Inédit en pharmacie vétérinaire. Boehringer Ingelheim débute la commercialisation en France (et en Europe) de Aservo° EquiHaler°, un spray de ciclésonide, un corticoïde, pour traiter par inhalation l'asthme chez les équidés. Il s'agit du premier spray vétérinaire pour inhalation à base d'un corticoïde, le ciclésonide. La forme de la cartouche contenant le spray, incorporée dans un inhalateur pour faciliter son inhalation dans les naseaux des chevaux, vient de recevoir le 21 avril une récompense internationale, le Red Dot, pour son design et sa conception.

Aux USA, l'agence américaine (FDA) vient aussi d'approuver le 13 avril le même spray qui est autorisé en Europe depuis le 28 janvier dernier. En médecine humaine, des sprays pour inhalation buccale avec ce corticoïde (Alvesco°, AstraZeneca) sont déjà commercialisés en France depuis 2009 (aux USA depuis 2006) pour les personnes asthmatiques.

Ciclésonide, une prodrogue du des-ciclésonide

Le ciclésonide est une prodrogue. Son métabolite actif est le des-ciclésonide. Par inhalation, le ciclésonide est rapidement absorbé avec un pic plasmatique (Tmax) de seulement 5 minutes après la dernière pression. Il est rapidement converti en son métabolite actif, le des-ciclésonide, c'est-à-dire dès les premières minutes après la dernière pression sur l'inhalateur. La biodisponibilité du ciclésonide par inhalation reste assez faible, de l'ordre de 5 % à 17 %. Mais la biodisponibilité apparente du des-ciclésonide, suite à l'inhalation de ciclésonide est plus élevée, de l'ordre de 34 % à 59 %.

Le spray se présente sous la forme d'une cartouche incorporée dans un inhalateur nasal (voir la photo). Chaque pression sur la poignée de l'adaptateur délivre une dose fixe de 0,343 mg de ciclésonide dans une solution hydroalcoolique (dosée à 30 mg/ml). Une cartouche permet au moins 140 pressions soit le traitement complet d'un cheval pendant dix jours. Après la première pression sur la poignée, la conservation n'est que de 12 jours, soit deux jours de plus que la durée du traitement.

Le dispositif permet de s'assurer que l'aérosol des gouttelettes de ciclésonide (< 5 microns) est bien inhalé. Une seule présentation est commercialisée : une boîte contenant un seul inhalateur avec une seule cartouche. Le prix en centrale de cet inhalateur complet est aux alentours de 150 € HT.

Une association possible avec le clenbutérol Ventipulmin°.

Ce médicament est indiqué chez les chevaux adultes (≥ 200 kg) pour « réduire les signes cliniques d'un asthme sévère (ou obstruction récurrente des voies respiratoires ORVR ou asthme au pré, RAO en anglais) ». La durée du traitement est de 10 jours et comprend deux phases de cinq jours.

• Les cinq premiers jours (de J1 à J5), le traitement comprend 8 pressions matin et soir, soit 16 pressions par jour (soit 5,5 mg/j en deux applications matin et soir).
• Les cinq jours suivants (de J6 à J10), il est recommandé 12 pressions une seule fois par jour (soit 4,1 mg/j). L'amélioration clinique peut prendre plusieurs jours après le début du traitement.

L'administration concomitante de clenbutérol (Ventipulmin°), un bêta-agoniste bronchodilatateur, n'est pas contre-indiquée.

Une amélioration clinique dans les trois quarts des cas

Dans le rapport public d'évaluation publié par l'Agence européenne du médicament, la principale étude clinique terrain a inclus 220 chevaux, 109 traités par un spray de ciclésonide, 111 par un spray placebo. Les chevaux asthmatiques sont assez âgés, de 18,5 ans en moyenne, avec un score clinque ≥ 11 assez sévère à l'inclusion (J0). Les chevaux ne reçoivent pas d'autres traitements.

Dans cette étude, le succès clinique à J10 est défini comme une réduction du score clinique d'au moins 30 %. Le traitement permet alors d'obtenir un succès clinique dans les trois quarts des cas (73,4 %) versus moins de la moitié des cas pour le placebo (43,2 %) (p < 0,0001). La réduction du score clinique est près de deux fois plus élevée avec le corticoïde (-7,2 points) qu'avec le placebo (-3,8 points) [p < 0,0001].

Le seul effet indésirable rapport est un « léger écoulement nasal fréquent » soit dans 1 à 10 % des cas.

Une mise en garde pour les utilisateurs

La principale mise en garde s'adresse aux utilisateurs pour éviter de les exposer au corticoïde lors de l'application dans les naseaux. Il convient d'appliquer cette inhalation pendant l'inspiration du cheval et non pendant l'expiration. L'inhalateur final commercialisé protège assez bien, semble-t-il, l'utilisateur contre ce risque. Il est d'ailleurs différent et plus sûr que celui utilisé dans l'essai terrain.

Pour les chevaux qui ne seraient pas exclus de la consommation humaine, le temps d'attente viandes est de 18 jours.

Enfin, le développement de Aservo° Equihaler° a aussi pu bénéficier des allègements liés aux indications sur des espèces mineures (MUMS) comme les équidés.