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Elanco & Proplan

12 décembre 2019

Le sang prélevé pour transfusion chez le chat se conserve plutôt bien plusieurs semaines

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Dans cette étude, 60 ml de sang était prélevé chez le chat donneur avec un système dit ouvert : trois seringues de 20 ml.
Dans cette étude, 60 ml de sang était prélevé chez le chat donneur avec un système dit ouvert : trois seringues de 20 ml.
 

Combien de temps conserver le sang prélevé chez un chat donneur en vue d'une transfusion sanguine ultérieure ? Plusieurs semaines, semblent indiquer les résultats d'une étude italienne, publiés dans le dernier numéro du Veterinary Journal (article en libre accès).

Poches de sang total conservées à +4°C

Ses auteurs, de l'université de Milan en Italie, constatent en effet que les connaissances sur les transfusions félines sont souvent extrapolées de celles disponibles pour l'Homme ou pour le chien. Ils se sont donc intéressés à la conservation du sang couramment utilisé en pratique vétérinaire : prélevé chez un chat donneur sur anticoagulant, puis conservé en l'état (sang total, non centrifugé), dans un contenant scellé (pour éviter les contaminations), au frais, pendant maximum 3 à 5 semaines.

Pour cela, ils ont analysé 12 échantillons de sang de 60 ml, prélevés sur citrate chez des chats différents en utilisant un système dit ouvert (seringues), qu'ils ont ensuite transférés en poches et stockés au régrigérateur (température régulée à 4 ± 2°C). Une analyse a ensuite été effectuée tous les 7 jours pendant 5 semaines (J0 à J35). Les poches étaient doucement agitées et retournées toutes les 48h.

Suivi de paramètres susceptibles d'évoluer

L'évaluation de l'échantillon comprenait :

  • Une analyse hématologique (numération et formule sanguine),
  • La notation de la morphologie des érythrocytes observée sur frottis au microscope après coloration (aboutissant au calcul d'un index morphologique qui augmente avec l'altération des cellules),
  • Et, après centrifugation, la mesure du taux d'hémolyse et celle des concentrations en glucose, en sodium et en potassium.

Les auteurs rappellent en effet que l'hémolyse « doit être minimisée afin de maintenir la qualité du produit de transfusion, car des concentrations élevées en hémoglobine entraînent des effets toxiques […] ». Extrapolée de l'humaine, un taux d'hémolyse de 1 % est ainsi la limite maximale « fréquemment retenue dans les études vétérinaires ».

Une altération de la morphologie des hématies (qui changent de forme et perdent progressivement leur déformabilité dans le temps) réduit par ailleurs leur longévité et leur fonctionnalité. Et plusieurs modifications biochimiques, notamment une diminution de la concentration en glucose et une augmentation de celle en potassium, sont des phénomènes rapportés après quelques semaines de stockage, mais dont la chronologie et l'impact restent méconnus.

Une analyse bactériologique (culture, isolement) était également effectuée à J0 puis à J35.

L'hémolyse s'accentue après 3 semaines

Les résultats ne montrent aucune modification significative des paramètres hématologiques à aucun des délais de stockage, sur l'ensemble des 5 semaines de l'étude.

De même, aucun signe de contamination bactériologique n'est observé, ni au moment du prélèvement, ni après 35 jours.

L'index morphologique des hématies augmente progressivement dans le temps. Mais la différence ne devient significative qu'après 15 jours (avérée à J21).

À partir de 21 jours également, l'évolution de l'hémolyse devient significative. À J0, chacun des échantillons présente un taux d'hémolyse inférieur au seuil de 1 % ; un seuil quasiment atteint en médiane à 21 jours – ce qui apparaît plus précoce que dans une autre étude, mais qui utilisait un système clos pour le prélèvement –, et dépassé à partir de J28. Finalement, moins de la moitié des échantillons demeure sous le seuil durant 5 semaines.

Cette hémolyse est en outre corrélée à l'index morphologique.

Forts de ces observations, les auteurs ne peuvent pas conseiller de conserver les poches de sang au-delà de trois semaines, ou recommandent au moins d'évaluer le taux d'hémolyse avant usage si elles sont conservées plus longtemps, afin d'en vérifier la qualité.

Altérations biochimiques progressives mais mineures

Au plan biochimique, les évolutions significatives apparaissent selon la chronologie suivante :

  • Dès J7, augmentation du taux de potassium ;
  • À partir de J21, diminution du taux de glucose ;
  • À partir de J28, augmentation du taux de sodium.

Mais ces variations restent peu importantes, et « probablement sans impact clinique chez le receveur ». Une présomption qui reste toutefois à valider par des études in vivo.