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11 décembre 2025
Quelques aspirations des étudiants vétérinaires GenZ pour leur futur exercice en clientèle

Un miroir a été tendu aux étudiants vétérinaires de 2024, en France comme ailleurs dans l'UE27, par l'un d'entre eux, qui en a fait sa thèse d'exercice, soutenue récemment à Oniris. Reposant sur un échantillon représentatif de répondants, ce travail détaille « les aspirations professionnelles et personnelles » la génération Z (GenZ) vétérinaire, qui arrivera sur le marché du travail dans les cinq ans.
Comme toute thèse, celle-ci ne fait pas l'impasse sur la bibliographie. Relativement fournie pour cette GenZ (personnes nées entre 1997 et 2015) et ses relations au travail, elle permet de caractérise ses membres par :
Inspiré par l'enquête VetFuturs Junior Lyon de 2017, qui portait alors sur la génération précédente (nés entre 1990 et 1997) et a fait l'objet d'une thèse en 2020, l'auteur a construit un questionnaire comportant 31 interrogations, qui ne devaient pas prendre plus de 7 minutes pour l'ensemble. Les 5 premières questions portaient sur le répondant lui-même (âge, sexe, milieu d'origine, lieu et stade des études) tandis que la question suivante demandait si « les répondants souhaitaient pratiquer en clientèle en France en sortie d'école ». Seules les réponses affirmatives ont été prises en compte pour l'exploitation des résultats. Les questions suivantes portaient sur les conditions pratiques du futur emploi, ses conditions pratique (ambiance, rémunération…) et les considérations/aspirations professionnelles personnelles.
Le questionnaire a été diffusé entre le 18 novembre 2024 et le 4 février 2025 via les réseaux sociaux aux étudiants des cinq vétérinaires françaises, ainsi que dans des écoles/facultés de Belgique, Croatie, Espagne, Irlande, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie et Tchéquie. S'y ajoutent « les étudiants/nouveaux praticiens sortant d'école en 2024 », soit une population totale estimée à 8 000 personnes (dont 3 800 dans les écoles vétérinaires françaises). Deux relances ont été effectuées. L'auteur a pu exploiter les réponses de 1 271 participants : 84 % de femmes, 15 % d'hommes et 1% se déclarant non-genrés. L'âge de ces répondants varie entre 17 et 35 ans (médiane à 23,5 ans). Un cinquième des participants (n=229) proviennent d'une école étrangère (11 % de Roumanie, 3 % de Croatie, 1 % de Slovaquie, Hongrie, Portugal). Les origines sont équilibrées entre monde rural (51 %) et urbain. Ces éléments « permettent de généraliser les résultats à l'ensemble des étudiants vétérinaires qui intègreront le marché français du travail dans les cinq ans ».
Plus de la moitié des répondants (54 %) espèrent travailler en clientèle immédiatement après leur sortie. Pour les autres, 18 % visent l'internat, 15 % ne savent pas et 2 % envisagent une ou plusieurs « années sabbatiques ». Pour les domaines d'exercice, les répondants pouvaient manifester plusieurs choix : 42 combinaisons ont été obtenues, dont certaines inhabituelles comme “canine et élevage intensif”. L'auteur a ramené ces choix en 9 catégories, au sein desquelles les deux tiers des répondants se partagent entre pratique mixte (canine et rurale) et la pratique canine pure (voir l'illustration principale). Ces chiffres sont largement superposables à ceux obtenus dans l'enquête de 2017, seule l'équine semblant attirer un peu moins la GenZ. L'auteur signale que « proportionnellement, plus d'étudiants des écoles vétérinaires à l'étranger sont intéressés par la canine pure, et (…) plus d'étudiants des écoles vétérinaires françaises se projettent dans un domaine mixte canine/rurale ». Il note aussi que les étudiants sont plus largement attirés par la rurale pure que les étudiantes. Enfin, 42 % des répondants ne pensent pas changer de domaine d'exercice dans les 10 ans, mais 30 % ne savent pas s'ils en changeront (l'auteur note que plus le répondant est proche du terme de son cursus et plus il est déterminé sur le domaine de son futur exercice).
« Pour commencer leur carrière, une [large] majorité d'étudiants (94 %) ne souhaite pas travailler dans des structures comptant plus de 8 vétérinaires » (voir le graphique ci-dessous). Plus de la moitié (54 %) souhaitent commencer dans des structures de taille intermédiaire (4 à 8 vétérinaires) et environ 40 % dans de plus petites structures (2 à 3 vétérinaires). Là encore il y a une différence avec la génération précédente : « en 2017 c'étaient les structures de 2 à 3 vétérinaires qui intéressaient le plus les étudiants ». Toutefois, pour ceux s'orientant vers la canine pure, 10 % se voient dès le début dans une structure avec plus de 8 vétérinaires.
Taille de structure souhaitée pour un premier contrat par les répondants. S. Piton, 2025.
Sur les aspirations horaires, trois répondants sur quatre (75 %) « souhaitent effectuer un temps complet pour commencer, soit 35 heures par semaines [et un sur cinq (20 %)] souhaitent commencer avec un rythme plus soutenu avec plus de 35 heures par semaine ». Les autres préfèrent un temps partiel. Quant aux longueurs des journées, « 81 % souhaitent commencer leurs premiers contrats en rotations standards [8 h/j], quand environ 16 % envisagent de commencer directement avec des temps de travail allongés [> 8 h/j] tandis qu'une minorité (3 %) veulent débuter avec des rotations courtes ». L'auteur précise que sa question visait à permettre aux répondants d'estimer une charge hebdomadaire de travail, indépendamment du fait que nombre de structures recourent à des forfaits jour ou heure. Quant aux gardes, là encore une large majorité (90 %) est « prête à faire au moins une garde par semaine en sortie d'école, et plus d'un tiers (35 %) sont prêts à faire au moins deux gardes par semaines » (voir le graphique ci-dessous). Quel que soit le nombre de gardes souhaité, de 69 % (1 garde/semaine) à 90 % (2 gardes/semaine et plus) sont prêts à en faire en semaine comme en weekend. L'auteur n'observe pas de différence significative pour le sexe ni du pays dans lequel sont réalisées les études sur le rythme des gardes. Toutefois, « moins d'hommes que de femmes souhaitent ne faire aucune garde ».
Rythme consenti de gardes pour un premier contrat d'exercice en France. S. Piton, 2025.
Pour ce qui est de la séparation entre vie professionnelle et vie personnelle, « une majorité de répondants (67 %) se montre favorable à être sollicitée parfois par téléphone ou mail en dehors de ses horaires de travail. En revanche, la moitié des répondants ne veut pas travailler plus en cas de pic d'activité sans contrepartie financière, et 61 % ne veulent pas faire parfois des heures supplémentaires qui ne sont pas payées ». Sur ce dernier point, les futurs vétérinaires semblent être plus permissifs que la GenZ de la population générale, indique l'auteur, en se fondant sur un sondage Ipsos de 2024.
Pour ce qui est de la rémunération, il y a quasi-unanimité : « 99 % des étudiants s'attendent à une rémunération [nette] en-dessous des 4 000 € » pour leur premier contrat (voir le graphique ci-dessous). Ceux qui souhaitent intégrer une pratique 100 % rurale ont des prétentions moindres par rapport aux autres : 31 % se voient débuter avec moins de 2 000 € net/mois, cette proportion étant plus élevée que pour les étudiants souhaitant exercer dans d'autres domaines ; 68 % se voient débuter entre 2 et 4 000 € net/mois, proportion plus faible que pour les autres domaines. Toutefois, les répondants « qui se disent prêts à effectuer plus de deux gardes par semaine contiennent tous ceux qui espèrent débuter à plus de 6 000 € net/mois ». En 2017, où 57 % des répondants attendaient 2 à 4 000 € net/mois, contre 78 % des répondants de la GenZ (qui sont nettement moins nombreux à s'attendre à < 2 000 € net/mois). « Cette évolution pourrait s'expliquer par une hausse du coût de la vie en 7 ans (loyers, alimentation, loisirs…), qui impliquerait un revenu plus conséquent pour atteindre une qualité de vie similaire, mais aussi par une volonté des jeunes de la génération Z qui estimeraient ne pas être rémunérés suffisamment à hauteur de leurs compétences et/ou années d'études », analyse l'auteur. À noter que, lorsqu'ils se projettent 10 ans plus tard, presque un quart (23 %) des étudiants de 2024/2025 s'attendent encore à une rémunération inférieure à 4 000 € net/mois.
Rémunération mensuelle nette espérée, en sortie d'école (à gauche) et 10 ans plus tard. S. Piton, 2025.
Pour ce qui est du lieu de vie souhaité des étudiants lors de leur première expérience professionnelle et avec une visée « à court et moyen terme, environ 11 % d'entre eux se voient habiter en milieu urbain strict, 40 % en zone péri-urbaine et 33 % en milieu rural strict ». Pour 16 % des répondants, la domiciliation « n'est pas importante si le travail leur plaît ». L'auteur remarque aussi que les futurs diplômés « souhaitant intégrer une clinique avec plus de 8 vétérinaires sont aussi ceux qui se voient habiter à court et moyen terme en milieu urbain ». En revanche, pour le trajet domicile-travail, « très peu de répondants (6 %) tolèrent un temps de trajet supérieur à 30 minutes pour un aller simple. La majorité des futurs travailleurs souhaite habiter à moins de 20 minutes de leur lieu de travail » (voir le graphique ci-dessous).
Temps de trajet quotidien maximal souhaité par les répondants pour un aller domicile-travail lors de leur premier emploi. S. Piton, 2025.
Pour ce qui est de l'ambiance au travail, plus de la moitié des répondants (53 %) espèrent « des relations avant tout amicales avec leurs futurs collègues », et 11 % souhaitent même des relations de « seconde famille. (…) Le reste des répondants (36 %) privilégie plutôt des relations avant tout professionnelles, tandis qu'une ultra-minorité (0,2 %) ne souhaite que des relations strictement professionnelles ». L'enquête recèle encore de nombreux résultats, comme avoir l'opportunité de réaliser des formations professionnelles proposées par la clinique (très important pour 43 % des répondants, et important pour 50 %), ou encore la mise à disposition d'avantages en nature en plus de la rémunération nette (facteur favorisant du choix d'une entreprise pour 63 % des répondants)… Pour l'auteur, « il paraît logique que les cliniques favorisant le bien-être au travail et la convivialité, par la mise en place de divers moyens (évènements communs, entretiens réguliers, présence d'une direction des ressources humaines, aménagements personnalisés…) ont moins de difficultés à recruter et surtout à garder des vétérinaires ».
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