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Elanco & Proplan

5 décembre 2025

Gel hydroalcoolique en mousse : plus de 1 ml, pour couvrir la totalité de la surface des mains

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Une étude internationale a comparé les volumes de gel désinfectant délivré sous forme de mousse par trois distributeurs automatiques de marques courantes. Elle montre que lorsque la dose fournie est < 1 ml, la proportion de surface des mains désinfectée avant l'évaporation du produit est insuffisante. L'application de 2 doses est alors préférable (d'après Bansaghi et coll., 2025).
Une étude internationale a comparé les volumes de gel désinfectant délivré sous forme de mousse par trois distributeurs automatiques de marques courantes. Elle montre que lorsque la dose fournie est < 1 ml, la proportion de surface des mains désinfectée avant l'évaporation du produit est insuffisante. L'application de 2 doses est alors préférable (d'après Bansaghi et coll., 2025).
 

En milieu de soins, les distributeurs de gel hydroalcoolique fournissent rarement une dose supérieure à 1,5 ml par dose. Or les normes européennes et internationales ne s'accordent pas sur le volume à appliquer sur les mains, de 5 et 3 ml respectivement. Quant à la norme ISO de 2023 sur le sujet, elle recommande d'appliquer « une quantité permettant de se frotter les mains pendant 20 à 30 secondes ». Et comme « le personnel soignant préfère appliquer un petit volume car cela permet d'avoir un temps de séchage réduit », les nouveaux distributeurs arrivant sur le marché, qui délivrent le gel sans contact, « fornissent une dose fixe, souvent de moins de 1 ml ». Les auteurs de cette étude internationale ont utilisé 60 étudiants en médecine, volontaires, pour évaluer la quantité minimale de gel suffisant à couvrir la totalité de la surface des mains, à l'occasion de leur cours de propédeutique chirurgicale. Il n'échappera pas aux hygiénistes que l'essai a été conduit à l'université Semmelweis de Budapest (Hongrie).

Couverture des mains

Les trois marques de distributeurs automatiques ont été choisies parmi « les plus utilisées dans les structures de soins ». Elles contiennent de 1 à 1,2 l de gel hydroalcoolique, délivré sous forme de mousse. La quantité de produit délivrée par dose a été mesurée en laboratoire : l'un fournit 0,68, le second 0,80 et le dernier 1,28 ml par dose. Les étudiants étaient tirés au sort pour prélever une ou deux doses de gel, et devaient ensuite de frotter les mains (en observant le protocole de désinfection des mains). Ils devaient annoncer le moment où leurs mains avaient séché, et un expérimentateur notait alors la durée correspondante. Les étudiants ne connaissaient pas le volume délivré par chaque distributeur. Ils devaient ensuite indiquer si la dose délivrée leur paraissait insuffisante, correcte ou excessive. Enfin, un marqueur fluorescent avait été inclus aux gels : le niveau de couverture des mains était ensuite évalué pour chaque étudiant sous lumière UV, et le taux de couverture calculé (% de la surface). L'opération était renouvelée pour les trois distributeurs, ce qui permet d'éliminer les biais de taille des mains ou différences dans le mode de lavage des mains entre étudiants.

Deux doses, c'est mieux…

Sans surprise, il y a une corrélation négative statistiquement significative entre le volume appliqué et la proportion de la surface des mains non couverte (p<0,001). Le distributeur qui fournit la dose la plus élevée est le seul pour lequel la surface des mains “manquée” est < 10 % (à 1,5 %, voir l'illustration principale). Lorsque deux doses sont appliquées, les zones manquées passent sous les 5 % (et elle n'est plus que de 0,6 % pour le distributeur le plus généreux) et il n'y a plus de différence significative entre les trois distributeurs. Pour les auteurs, « cela montre clairement que les volumes inférieurs à 1 ml ne sont pas appropriés, en particulier en milieu clinique, où la contamination croisée par les mains peut entraîner un risque important pour la sécurité des patients ».

Plus “en confiance”

Sans surprise non plus, la durée de séchage dépend directement du volume appliqué (p<0,001) : sur une seule application elle varie de 17,3 à 26,9 secondes selon les distributeurs (les deux premiers sont sous la recommandation ISO de 20 secondes au moins), et sur deux applications de 26,0 à 47,5 s. Sur une seule application, un étudiant sur deux jugeait (avant d'avoir le résultat de la proportion de surface des mains non couverte) n'avoir pas reçu une quantité suffisante de gel, avec les deux premiers distributeurs. Avec deux doses, plus d'un sur deux (60 %) jugeait en avoir reçu trop avec le 3e distributeur. Toutefois, ils étaient alors plus nombreux (> 90 %) à indiquer qu'ils étaient « plus en confiance de pouvoir effecteur des soins aux patients » qu'avec les deux premiers distributeurs (60 à 65 %). Ces résultats illustrent malgré tout de la difficulté à évaluer le volume distribué, estiment les auteurs. Et s'ils soulignent que 47,5 secondes est une durée trop longue pour être compatible avec le quotidien du personnel soignant, « terminer rapidement la désinfection des mains avec une quantité insuffisante de gel peut être problématique car cela peut donner un faux sentiment de sécurité, faisant croire que les recommandations sont respectées ».

Au bilan et tant que des gels plus performants ne sont pas développés, les auteurs concluent que « les professionnels de santé ont besoin d'aide pour gérer ces problèmes, et les fabricants de distributeurs de solutions hydroalcooliques devraient clairement indiquer le volume distribué par leurs produits. De plus, ce sujet devrait être abordé ou approfondi dans les programmes de formation et d'éducation à l'hygiène des mains ».