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21 octobre 2016
Un antigène recombinant validé pour le diagnostic d'exposition des chiens à Phlebotomus perniciosus
La difficulté de réaliser des études sérologiques sur l'exposition aux phlébotomes vecteurs de la leishmaniose vient d'être levée. Au moins pour son principal vecteur en Europe de l'Ouest : Phlebotomus perniciosus.
Jusqu'à présent, la sérologie visant à détecter l'exposition des chiens à P. perniciosus était délicate car pour récolter les antigènes salivaires du moucheron, il fallait en disséquer les glandes salivaires et les broyer. Ce qui n'était pas compatible avec une production de réactifs à large échelle, et ne permettait pas de réaliser d'études sérologiques de grande ampleur. Une équipe européenne (italo-portugo-tchéco-britannique) vient d'évaluer une protéine salivaire du phlébotome (SP03B) produite en biotechnologie (recombinante) et donc pouvant être obtenue à large échelle. En comparant l'Elisa utilisant cette protéine recombinante (rSP03B) à l'Elisa de référence utilisant les antigènes extraits des glandes disséquées, ils confirment la qualité de ce nouveau test.
Cette protéine (SP03B) avait été détectée à l'occasion d'un criblage antérieur des protéines contenues dans l'homogénat de glandes salivaires du phlébotome, paraissant un candidat intéressant. Mais la protéine recombinante peut avoir subi des modifications lors de sa fabrication par la bactérie, qui limiteraient son intérêt réel. Pour vérifier que son antigénicité est respectée, les auteurs ont utilisé rSP03B comme antigène dans un test sérologique, et ont comparé les performances de ce test à celui qui utilise l'antigène “naturel” (l'homogénat de glandes salivaires). Comme les populations géographiquement distantes de phlébotomes peuvent présenter des variations, les auteurs ont comparé ces deux tests sur trois lots de sérums de chiens naturellement exposés à ce vecteur d'origines géographiques distinctes :
Pour chacune de ces trois localités, les résultats de la sérologie avec les deux tests étaient très significativement corrélés (voir le tableau ci-dessous). La réponse de base en anticorps était numériquement plus élevée dans les foyers italiens, par rapport au foyer portugais, mais sans atteindre le niveau de signification de 5 %. Cette variation pourrait refléter une différence de pression en piqûres (moindre en mai), et de la proportion d'animaux âgés dans chaque groupe.
Ces auteurs ont également utilisé une technique plus performante (mais moins automatisable) pour vérifier que les épitopes de rSP03B étaient conservés ; c'est effectivement le cas. Et comme les populations testées ici sont géographiquement éloignées, ils estiment que « la réactivité croisée entre [ces] populations [d'une même espèce de phlébotome] est très importante ». Ainsi, « cet [Elisa] pourrait être utilisé comme marqueur d'exposition sur l'ensemble de la zone géographique de distribution de P. perniciosus ». Une fois développé au plan commercial, ce test Elisa « devrait pouvoir être utilisé dans des études épidémiologiques », et par les cliniciens, « comme marqueur du risque d'infestation par Leishmania infantum », par exemple au retour d'un séjour en zone d'enzootie. Toutefois, la réponse sérologique à la salive de phlébotomes est spécifique de l'espèce de moucheron : ce test ne vaudra que pour P. perniciosus, a priori pas pour P. papatasi, P. sergenti ou P. perfiliewi…
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