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Elanco & Proplan

2 décembre 2025

Haro sur les chats hybrides !

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Le bengal, issu du croisement entre chat domestique et chat-léopard (Prionailurus bengalensis) est une race féline hybride populaire, reconnue par le LOOF en France (cliché Pixabay).
Le bengal, issu du croisement entre chat domestique et chat-léopard (Prionailurus bengalensis) est une race féline hybride populaire, reconnue par le LOOF en France (cliché Pixabay).
 

Les races félines hybrides ne devraient pas exister. Ces croisements volontaires, par reproduction naturelle ou assistée, entre félins sauvages et chats domestiques engendrent des « chats » héritant d'un aspect sauvage qui plaît au grand public. Le pelage du bengal par exemple, en fait un petit léopard de compagnie.

L'association vétérinaire féline (FVMA pour Feline veterinary medical association) affirme son opposition à la genèse et la commercialisation de ces races. Elle publie sa nouvelle prise de position, qui actualise la précédente (adoptée en 2017). La FVMA, anciennement AAHP (American Association of Feline Practitioners), adopte en effet régulièrement des prises de position, consultables sur son site.

Altération du bien-être félin

Au moins 10 races de félins hybrides sont recensées. Le bengal, croisement entre chat domestique et chat-léopard (Prionailurus bengalensis), le bristol, son croisement avec le chat-tigre (Leopardus wiedii), le savannah, son croisement avec le serval (Leptailurus serval), ou encore le chausie, croisement généralement d'un abyssin avec le chat de jungle (felis chaus), sont représentatifs de ces nouvelles races.

L'opposition de la FVMA s'explique d'abord par des raisons de bien-être animal, altéré pour chacune des deux races utilisées, au seul motif de « satisfaire un désir humain ».

  • En effet, ces croisements n'étant pas naturels, l'élevage des races hybrides nécessite des locaux et des pratiques spécifiques. En environnement naturel, chats domestiques et félins sauvages ne se côtoient pas. Et en élevage, ils ne font pas bon ménage ! Selon la FVMA, les attaques, parfois mortelles, sont fréquentes.
  • De plus, la durée de gestation des races originelles est différente. Le risque est élevé de naissances prématurées, de chatons trop petits, rejetées par leur mère. Une chatte domestique adoptive peut se révéler nécessaire aux soins des chatons hybrides.
  • Enfin, les reproducteurs sauvages sont prélevés dans leur environnement naturel (souvent illégalement). Ce sont souvent des races en danger d'extinction, à différents degrés.

Des risques de santé publique

La FVMA pointe les aspects légaux qui peuvent varier selon les territoires (y compris entre États aux États-Unis) : la détention des chats hybrides peut être interdite, ou autorisée sous réserve d'un permis… En France, le savannah et le chausie sont de « nouvelles races » reconnues par le LOOF, mais leur élevage et leur détention nécessitent, jusqu'à la 4e génération, de disposer d'un certificat de capacité et d'une autorisation d'ouverture d'établissement. Il en est de même pour le caracat (croisement avec un caracal), race non reconnue par le LOOF.

L'association alerte surtout sur les risques de santé publique liés à la rage : les vaccins antirabiques disponibles n'ont pas été testés chez les chats hybrides. Des études montrent le développement d'anticorps suite à la vaccination, mais l'efficacité de la protection n'est pas avérée. Le CDC (Centers for disease control and prevention) estime que le manque d'efficacité de la vaccination est un motif suffisant pour conclure que les félins hybrides ne devraient pas être détenus comme animaux de compagnie.

La FVMA estime que la vaccination reste de vigueur, mais elle souligne qu'en cas de morsure d'une personne, l'euthanasie de l'animal (même vacciné) sera potentiellement requise afin de procéder à la recherche d'une infection par le virus rabique (dans le tissu cérébral).

Un tempérament sauvage

Une fois adopté, le chat hybride pose également des problèmes de sécurité, pour le propriétaire, pour les autres animaux, ainsi que pour l'équipe vétérinaire ! Ces chats conservent en effet des comportements sauvages, « imprévisibles et potentiellement dangereux » :

  • Ils conservent en particulier un comportement de marquage, indésirable dans l'habitation ;
  • Ils tolèrent avec difficulté les autres animaux du foyer ;
  • Ils posent des problèmes de contention et d'agressivité lors des consultations vétérinaires.

Réprobation jusqu'à la 3 génération

Le croisement initial des deux races génère des hybrides de première génération (F1). Leur reproduction génère ensuite des hybrides de 2e, 3e, 4e… générations. Le tempérament sauvage de ces chats peut alors s'estomper. Toutefois, la FVMA déconseille l'adoption des hybrides jusqu'à la 3e génération (F1, F2, F3), en raison d'un comportement qui reste « imprévisible ».

Dans une autre prise de position, datant de 2017, l'association s'élève par ailleurs contre la détention de félidés non-domestiques comme animaux de compagnie (jugée « dangereuse et inhumaine »), soutenant ainsi les réglementations l'interdisant.