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1er février 2023

L'échelle des grimaces du chat, un outil assez fiable pour faire évaluer la douleur par le propriétaire

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Ce chat cumule les notes intermédiaires de 1 (sur une échelle de 0 à 2) pour chaque paramètre noté : oreilles légèrement écartées, yeux mi-clos, museau un peu tendu, moustaches peu courbées ou droites et tête descendue sur la ligne des épaules. Il présente ainsi un score de douleur de 5/10 (cliché Feline Grimace Scale®).
Ce chat cumule les notes intermédiaires de 1 (sur une échelle de 0 à 2) pour chaque paramètre noté : oreilles légèrement écartées, yeux mi-clos, museau un peu tendu, moustaches peu courbées ou droites et tête descendue sur la ligne des épaules. Il présente ainsi un score de douleur de 5/10 (cliché Feline Grimace Scale®).
 

L'échelle des grimaces du chat (Feline Grimace Scale®), développée à l'Université de Montréal (Québec) pour évaluer la douleur aiguë féline, est un outil relativement simple qui s'appuie sur 5 paramètres, notés de 0 à 2. Le score final se calcule donc sur une échelle de 0 à 10, une prise en charge de la douleur étant conseillée dès le score de 4.

Quelle est sa fiabilité lorsqu'utilisée par le propriétaire, indépendamment de sa nationalité (donc de sa culture) ? Pour y répondre, une étude a été menée par ses concepteurs, auprès de plus de 1500 propriétaires vivant dans diverses parties du globe. Ses résultats sont encourageants.

Des propriétaires de 66 pays du monde

Une étude préliminaire impliquant un petit nombre de participants avait déjà montré que cet outil pourrait être utilisé avec exactitude par les propriétaires de chats.

Basée sur les changements d'expression faciale, l'échelle des grimaces du chat s'appuie sur des photos et des schémas (voir exemple en illustration principale), afin de noter les 5 paramètres : position des oreilles (tournées vers l'avant en l'absence de douleur), ouverture des yeux (grands ouverts), tension du museau (relâché, de forme arrondie), moustaches (naturellement courbées et tombantes) et tête (tenue au-dessus de la ligne des épaules).  Un chat aux oreilles rabattues, aux yeux clos voire plissés, au museau tendu (de forme elliptique), aux moustaches droites et tournées vers l'avant, et à la tête rentrée entre les épaules ressent ainsi probablement une forte douleur.

Les documents sont disponibles en plusieurs langues (dont le français). Ici, l'enquête a été diffusée dans deux langues : l'anglais et l'espagnol. Elle a été réalisée en 2021, et ses résultats sont publiés dans le Journal of Feline Medicine and Surgery (revue intégralement en libre accès depuis cette année).

L'enquête a recueilli les réponses de 3039 propriétaires, dont 1540 exploitables (1262 complètes, avec un scoring de l'ensemble des 10 chats proposés), répartis dans 66 pays, avec une prédominance toutefois, et très logiquement, des habitants de pays anglophones ou hispanophones. Le « top 5 » est ainsi constitué du Royaume-Uni (373 répondants), de l'Espagne (218), des États-Unis (181), de la République d'Irlande (54) et du Canada (46). Le panel inclut 8 participants de France (voir carte ci-dessous).

Répartition des 1262 répondants de l'enquête ayant scoré les 10 chats

Le code couleur indique le nombre de réponses par pays (2 à 10 pour la France avec ses 8 participants). Source : Monteiro et al., JFMS, 2023.

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Pas de différence avec l'évaluation vétérinaire

Les participants à l'étude devaient scorer 10 chats (à partir de photos), présentant différents niveaux de douleur aiguë (de 0 à 10) : douleur post-chirurgicale ou liée à une maladie douloureuse comme une pancréatite.

Un groupe de 8 vétérinaires avait fait le même travail. Et les réponses ont été comparées dans et entre les deux groupes. Les résultats montrent que ces réponses ne sont pas significativement différentes entre les propriétaires et les vétérinaires, sauf pour la tension du museau, qui constitue vraisemblablement le paramètre le plus difficile à évaluer.

Les propriétaires ont tendance à accorder un score de douleur supérieur à celui des vétérinaires, mais sans atteindre le seuil de significativité.

Bonne corrélation pour le score final

La corrélation entre les réponses a également été mesurée, pour chaque paramètre et pour le score global (un coefficient de corrélation supérieur à 0,6 étant considéré comme bon, et supérieur à 0,8 comme très bon).

Chez les vétérinaires, la corrélation varie de modérée à très bonne ; elle est très bonne pour le score final (coefficient de corrélation de 0,85).

Chez les propriétaires, la corrélation varie de correcte à bonne. Elle est surtout bonne (coefficient de corrélation de 0,65) concernant le score final. Or, c'est ce dernier qui est utilisé pour inciter à consulter, afin de traiter la douleur lorsque nécessaire, le plus précocement possible.

Pas d'impact du pays d'origine

Les paramètres démographiques (sexe, âge) et l'origine géographique des répondants sont également sans impact sur le résultat (score final).

Les auteurs de ces travaux se félicitent de ces bons résultats, attestant que leur outil peut être utile en pratique pour évaluer la douleur aiguë des chats, et ainsi favoriser sa prise en charge au besoin.