27 janvier 2023

Au Royaume-Uni aussi, l'otectomie à visée esthétique est interdite, depuis 2006. Dans certaines races canines, la mode persiste toutefois, favorisée parfois par l'influence de célébrités. L'existence de pratiques illégales et le manque de barrage à l'importation contribuent ainsi à la persistance de chiots aux oreilles coupées. Leur nombre serait même en augmentation depuis plusieurs années. Une étude a donc évalué l'ampleur du phénomène et déterminé l'origine de ces chiots. Un même engouement pour la coupe d'oreilles est également signalé en France, dénoncé par des associations de protection animale.

132 chiens médicalisés

L'exploitation de la base de données du réseau vétérinaire Savsnet a permis d'identifier 132 chiens aux oreilles coupées, vus en consultation entre fin 2015 et mars 2022. Les cas d'otectomie curative (en traitement d'un othématome par exemple), évidemment autorisée dans le pays, comme ailleurs, avait été exclus.

L'effectif apparaît très anecdotique (environ 500 cliniques vétérinaires adhèrent au réseau). Mais le nombre de ces chiens est très probablement sous-estimé, car le recensement s'est limité aux chiens médicalisés. Et la recherche des cas s'est effectuée à partir des dossiers médicaux et rapports de consultation ; or des oreilles coupées ne sont pas nécessairement signalées dans la fiche de l'animal par le vétérinaire.

Oreilles coupées, mais chiens entiers

L'analyse des cas a toutefois permis d'évaluer le profil de ces chiens, dont 53 % sont des mâles et 47 % des femelles. En large majorité, ces animaux ne sont pas stérilisés : seuls 5 chiens mâles et 10 chiennes l'étaient.

Les races statistiquement surreprésentées sont les suivantes : bouledogue américain (n=39 ici), doberman (n=27), cane corso (n=17), bouledogue anglais (n=11) et mastiff (n=5). Mais nombre d'autres races, comme le staffie, le mâtin de Naples ou le dogue des Canaries, ont des représentants dans la cohorte.

Un nombre en croissance progressive

La répartition dans le temps du recensement de ces chiens montre une augmentation progressive entre 2015 et 2019, suivie d'un net arrêt en 2020, probablement en lien avec le confinement (donc des consultations vétérinaires limitées aux urgences) et le frein des échanges internationaux causés par la pandémie de Covid. Mais le nombre bondit ensuite avec un pic observé en 2021.

La Roumanie, premier exportateur

Une large majorité de ces chiens (84 soit 63,6 %) sont signalés comme importés sur le sol britannique, l'un d'entre eux des États-Unis (où l'otectomie de convenance est généralement autorisée). Toutefois, le pays d'origine (lorsque spécifié) est le plus souvent un territoire où la pratique est interdite, comme dans la plupart des pays d'Europe.

Le plus grand nombre de chiens est ainsi originaire de Roumanie (n=23), suivie par la Hongrie (n=11), la Bulgarie (n=7), la Serbie (n=6). Quelques chiens provenaient aussi d'Espagne (mais où l'interdiction est récente), d'Irlande ou de Pologne, entre autres (aucun ne provenait de France, voir carte ci-dessous).

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Importation illégale ?

Une importation illégale est soupçonnée pour quelques chiens, non identifiés ou ne disposant pas de documents valables pour entrer dans le pays.

Deux chiens avaient été clairement opérés sur le territoire britannique (de manière illégale donc), l'origine des autres animaux (environ un tiers de l'effectif) reste inconnue.

En France, l'otectomie à visée esthétique est interdite depuis 2004, en application de la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie, signée en 1996. Une proposition de loi avait été déposée en 2008 pour tenter d'autoriser à nouveau cette pratique, sans aboutir.

Historiquement, une otectomie se pratiquait chez certaines races de chiens de chasse ou de travail (et plus tard de combat) pouvant être gênés par leurs oreilles dans leur activité, et notamment se blesser.