titre_lefil
logo_elanco

24 septembre 2021

Où reste-t-il de la rage et où vaccine-t-on encore les renards en Europe ?

par Vincent Dedet

Temps de lecture  2 min

Distribution géographique des cas de rage animale déclarés et des programmes de vaccination orale en 2020. ORV : vaccination antirabique orale pour le contrôle de la rage sylvatique (Lojkic et coll., 2021).
Distribution géographique des cas de rage animale déclarés et des programmes de vaccination orale en 2020. ORV : vaccination antirabique orale pour le contrôle de la rage sylvatique (Lojkic et coll., 2021).
 

Sur les frontières, la situation sanitaire est souvent confuse. La lutte contre la rage, aux marches de l'UE27, ne déroge pas à ce sens commun : un bilan de la situation géographique au regard de la rage dans les pays d'Europe centrale et orientale en 2020 vient d'être publié par des virologistes vétérinaires croates.

Barrière verticale

Les pays les plus à l'est à avoir éradiqué la rage, et qui font une barrière verticale au virus pour l'Europe occidentale sont l'Allemagne, la Tchéquie, l'Autriche et la Slovénie. Ils ne pratiquent plus la vaccination orale des renards (voir l'illustration principale). Malgré tout , l'objectif de l'UE27 d'éradiquer la rage de son territoire en 2020 est en échec : Pologne et Roumanie enregistrent toujours des cas.

Deux hotspots

La barrière contiguë des pays pratiquant la vaccination orale des renards (avec un soutien financier de l'UE27) sont :

  •  la Pologne, où la rage est toujours enzootique ;
  • à son nord, les pays baltes et la Finlande (premier pays européen déclaré indemne, en 1991), où il n'y a plus de cas de rage ;
  • à son sud, la Slovaquie, la Hongrie et la Croatie, où il n'y a plus de cas de rage non plus, tout comme dans les Balkans. Pour la Croatie, la longue frontière commune avec la Bosnie-Herzégovine (ne faisant pas partie de l'UE27), où un cas de rage a été déclaré en 2020, impose de poursuivre la vaccination orale (iln'y avait pas eu de cas depuis 2014) ;
  • plus au sud, la Roumanie, qui, comme la Pologne, recense des cas ;
  • hors de l'UE, les programmes de vaccination orale (avec subvention de l'UE27) touchent le Belarus, l'Ukraine et la Moldavie, les deux premiers pays étant des ‘hotspots' de transmission.

Des trous dans la raquette

« Pour 2021–2022, les programmes d'éradication de la rage sont prévus l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, la Croatie, la Grèce, la Hongrie, le Monténégro, la Pologne, la Roumanie, la Serbie et la Slovaquie », précisent les virologistes. Toutefois, ils pointent aussi les effets délétères de la non application des programme de vaccination orale antérieurs, financés mais non réalisés : « en Bosnie-Herzégovine, la dernière application de la vaccination orale remonte au printemps 2018 [et] il n'y a plus de surveillance continue [de la rage animale] dans ce pays. En Serbie, la campagne d'automne 2017 et la totalité de celles de 2020 ont été omises ».

Au bilan, malgré l'échec de l'objectif européen de 2020, l'UE27 est proche de l'éradication, avec une circulation virale se limitant à deux États membres (contre trois en 2016). « Le risque de réintroduction émerge toujours de pays présentant une situation épidémiologique défavorable, soit par la voie transfrontalière, soit par les échanges humains et animaux », concluent-ils de manière réaliste.