29 mars 2024
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Essuie-mains en papier, 2. Sèche-mains à air pulsé : 0. Tel est le score qu'attribuent des microbiologistes et hygiénistes hospitaliers britanniques aux deux modes de séchage des mains installés dans les toilettes publiques de leur hôpital.
Ils sont partis de la règle voulant que « le séchage des mains soit essentiel pour minimiser le risque de diffusion des pathogènes », et ont mis en place deux études. La première, publiée en 2018, était une étude multicentrique (3 hôpitaux par pays en France, Italie et au Royaume-Uni) interne et croisée (deux toilettes publiques de chaque hôpital équipées à la fois en sèche-mains et essuie-mains), où, sur 12 semaines, ils ont mesuré la contamination de l'air et des surfaces lorsque seul l'un des modes de séchage était disponible. Ils ont utilisé pour cela le comptage de la flore aérobie totale, et ont confirmé – en toute logique, que l'air soufflé par les sèche-mains provoquait un dépôt bactérien significativement plus important sur la totalité des toilettes (voir le tableau ci-dessous) : d'une médiane de 100 à 300 UFC pour le sèche-mains à 0-10 UFC pour l'essuie-mains (p< 0,0001). Dans les hôpitaux britanniques, les staphylocoques dorés résistants à la méticilline (SARM) étaient trois fois plus fréquents sur les surfaces quand le sèche-mains été utilisé. Et en France, les entérobactéries résistantes aux ß-lactamines à spectre élargi (BLSE+) étaient deux fois plus fréquentes dans ce cas.
Dans cette étude comme dans celle publiée en ce début d'année, les auteurs ont utilisé les toilettes des hôpitaux, dont ils rappellent qu'elles « sont utilisées par les patients, les visiteurs et le personnel soignant ». Or – au moins dans les deux premières catégories, « le lavage des mains peut être imparfait ». Ils ont utilisé un bactériophage pour évaluer, cette fois, jusqu'où un contaminant, favorisé par un lavage de mains imparfait, irait dans l'hôpital, selon que le séchage aurait été fait par un engin à air pulsé ou avec des essuie-mains en papier. Une solution contenant 107 UFP/ml du phage a été préparée. Quatre volontaires participé à l'étude. Deux ont commencé par l'essuie-mains (3 à 5 feuilles) ; les deux autres par le sèche-mains (10 secondes). Mais les quatre volontaires ont réalisé quatre journées d'expérimentations (deux pour chaque mode de séchage), sur un total de 12 semaines (de façon à ne pas avoir de contamination croisée par le phage traceur d'un jour de mesure à l'autre). Chaque volontaire s'est désinfecté les mains avec une solution hydro-alcoolique. Puis il les a trempées dans la solution, et ensuite secouées 3 fois au-dessus du lavabo pour égoutter l'excédent de liquide, avant de les sécher. Chaque volontaire portait un tablier en plastique, permettant de mimer et mesurer la contamination des vêtements à l'occasion du séchage. Juste après le séchage, chaque volontaire tendait sa main non dominante pour prélèvements (paume et bout des doigts), fournissant ainsi une image de départ du niveau de base de contamination. La présence du génome du phage a été évaluée par PCR quantitative (2 gènes). Le séchage réduit significativement la contamination des mains : de 2 logs par le sèche-mains et de 3 logs par le papier (p<0,05, sans de différence entre les deux procédures). Toutefois, le tablier est significativement plus contaminé lors du séchage des mains avec ventilation (+1 log de copies de génome/µl, p<0,05).
Le traceur est ensuite utilisé pour évaluer sa dissémination dans différents points de l'hôpital. Le volontaire sortait des toilettes après avoir été “prélevé” pour sa main non dominante, et suivait un parcours prédéfini au travers des espaces publics et de soin de l'hôpital (le même parcours pour les 4 opérateurs). Les surfaces touchées par sa main dominante (encore contaminée) et son tablier étaient échantillonnées. Un stéthoscope a été laissé 7 minutes pendu au cou de chaque volontaire, puis les tubulures écouvillonnées. Chaque volontaire a ensuite croisé les bras pendant 2 minutes, avant de s'assoir et de les poser sur un accoudoir pendant 3 minutes. Ces surfaces ont alors été échantillonnées. Les surfaces touchées étaient à la fois plus souvent et plus fortement contaminées lorsque les volontaires s'étaient séché les mains avec le sèche-mains électrique (voir l'illustration principale). « La simulation de l'utilisation d'un téléphone de l'hôpital pendant 10 secondes n'a fourni de contamination décelable que pour le séchage à air pulsé ». Et le tablier ne transmettait de contamination que lorsqu'il avait été contaminé par le séchage à air pulsé. En moyenne, les surfaces touchées présentaient une contamination de 1,1 log supérieures lors de l'usage du sèche-mains. Le prélèvement le plus tardif avait lieu 73 minutes après le séchage des mains. A ce stade, les mains séchées par le papier sont toujours moins contaminées que celles séchées par le sèche-mains. Ainsi, la contamination accrue par le séchage des mains à air pulsé, si le lavage est incomplet, peut être « véhiculée dans la partie de soins de l'hôpital ».
Pour les auteurs, pris dans leur ensemble, « ces résultats remettent en cause l'usage des sèche-mains par air pulsé à l'hôpital », ou au moins leur usage par les soignants…
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