titre_lefil
logo_elanco

6 avril 2021

Des critères morphologiques et cliniques orientent le diagnostic lors de syndrome vestibulaire chez le chien

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Dans cette cohorte de 239 chiens britanniques présentant un syndrome vestibulaire, 11 % sont des cavaliers King Charles, la race la plus représentée ici avec 26 individus (cliché Pixabay).
Dans cette cohorte de 239 chiens britanniques présentant un syndrome vestibulaire, 11 % sont des cavaliers King Charles, la race la plus représentée ici avec 26 individus (cliché Pixabay).
 

Quelle hypothèse diagnostique privilégier en priorité face à un cas de syndrome vestibulaire chez le chien ? L'étude rétrospective de près de 240 cas a établi les étiologies les plus fréquentes et, pour plusieurs d'entre elles, quelques critères démographiques et cliniques différenciant. L'origine du syndrome distingue les atteintes centrales (cerveau) des périphériques (oreille interne, nerf vestibulocochléaire). Identifier les premières requiert généralement des examens plus sophistiqués et coûteux, d'où l'intérêt de les réserver aux cas de probable lésion cérébrale.

Un tiers de syndrome idiopathique

L'étude a porté sur des cas diagnostiqués à l'Hôpital vétérinaire du Royal Veterinary College de Londres sur une période de 8 ans (2010-2018), dans un cadre d'urgence ou de référé (ce qui constitue un biais mais n'enlève pas l'intérêt des observations).

La cohorte est assez également répartie entre mâles (134) et femelles (105), avec des chiens âgés entre 3 mois et 14 ans et de poids variable. Quelques races sont plus fréquentes, avec au moins 10 représentants : cavalier King Charles (n=26), bouledogue français (20), boxer (12), staffie (11), springer anglais (11), cocker anglais (10), shih-tzu (10), golden retriever (10).

Les 239 chiens ont été répartis dans 8 catégories principales relatives à l'étiologie du syndrome :

  1. Syndrome idiopathique : 78 cas (33 %) ;
  2. Otite moyenne ou interne : 54 (23 %) ;
  3. Méningoencéphalite d'origine inconnue : 35 (15 %) ;
  4. Tumeur cérébrale : 26 (11 %) ;
  5. Infarctus cérébral : 25 (10 %) ;
  6. Empyème cérébral : 4 (1,7 %) ;
  7. Intoxication au métronidazole : 3 (1,3 %) ;
  8. Tumeur de l'oreille moyenne ou interne : 3 (1,3 %).

Les 11 cas restants étaient dus à d'autres causes plus sporadiques (malformation congénitale, traumatisme, hypothyroïdie, etc.).

Des associations significatives

L'analyse de ces cas a mis en évidence l'association significative de plusieurs critères morphologiques ou cliniques à certaines étiologies du syndrome vestibulaire présenté. Ces associations sont les suivantes.

  • Un âge plus avancé lors de syndrome idiopathique, d'infarctus cérébral, de tumeur cérébrale.
  • Un plus jeune âge lors d'otite, de méningoencéphalite.
  • Un poids plus élevé pour le syndrome idiopathique.
  • Un sexe mâle pour l'otite.
  • Des signes cliniques d'apparition suraiguë (dans les 24h) dans les cas d'infarctus cérébral.
  • Une amélioration clinique spontanée (sans traitement) dans ceux de syndrome idiopathique.
  • Un port de tête penché lors de tumeur cérébrale.
  • Un nystagmus lors de syndrome idiopathique.
  • L'absence de strabisme pour l'infarctus cérébral.
  • Une parésie des nerfs faciaux lors de syndrome idiopathique.
  • Un syndrome de Horner pour les otites.
  • L'absence de syndrome de Horner pour le syndrome idiopathique.
  • D'autres déficits des nerfs crâniaux (hormis le nerf facial et syndrome de Horner) pour les tumeurs cérébrales.
  • Un historique d'otites externe lié aux cas d'otites internes ou moyennes.
  • Et inversement, l'absence d'otites externes pour les cas de syndrome idiopathique et de méningoencéphalite.

Le tableau ci-après résume les principaux critères significativement différenciant pour les étiologies les plus fréquentes (au moins 5 cas ici). Selon les auteurs, ces informations sont susceptibles d'aider le clinicien à hiérarchiser ses investigations, voire à prescrire un traitement de première intention, en partant d'hypothèses diagnostiques plus probables. Le syndrome idiopathique en particulier est associé à un pronostic plutôt favorable malgré la gravité apparente des signes présentés, avec une amélioration clinique sans traitement en quelques jours.