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25 novembre 2020
68 ruptures, 121 produits borderline, 700 défauts d'efficacité… L'Anses se mobilise aussi sur le post-AMM
L'Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) vient de publier son rapport annuel sur le suivi post AMM des médicaments vétérinaires pour l'année 2019. Depuis cinq ans, ce suivi post-AMM ne s'intéresse pas seulement, dans ce rapport annuel, aux quelque 4500 déclarations de pharmacovigilance faites, pour la plupart (> 90%), par des vétérinaires mais aussi aux défauts qualité — de l'étiquetage erroné à l'instabilité d'un principe actif avant sa péremption —, aux produits borderline sans AMM mais aux allégations litigieuses, aux ruptures notamment si elles deviennent critiques pour la santé animale, etc.
Par rapport aux bilans des années précédentes, les principales nouveautés de 2019 portent sur les ruptures, les produits frontières ou dits « borderlines » et les suspicions de manques d'efficacité.
Depuis juin 2019, les ruptures critiques avérées — celles qui peuvent poser un souci en santé animale en l'absence de médicaments équivalents — font d'objet d'une communication officielle de l'Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) sur ce lien.
L'Agence apparaît désormais très impliquée pour tenter de remédier à des ruptures critiques, notamment par l'octroi d'autorisations d'importation ou d'autorisations temporaires d'utilisations (ATU) comme récemment suite à la rupture du seul vaccin autorisé en France contre la teigne bovine (Bovilis° Ringvac°). Pour prévenir ces ruptures, l'Agence valide aussi la prolongation de stabilité de lots qui arrive à péremption — lorsque la fabrication d'un nouveau lot n'est pas possible dans un bref délai — ou la libération exceptionnelle de lots en cours de contrôle.
Ainsi, 68 médicaments ont été déclarés en rupture en 2019. Il s'agit principalement de vaccins (22 %), d'antibiotiques (16 %), d'antiparasitaires externes ou internes (13 %), d'anesthésiques (11 %)… et 40 % pour les autres classes.
Sur ces 68 ruptures, 22 ruptures ont été jugées « critiques ». Mais des solutions ont pu être proposées dans la moitié des cas pour éviter un impact négatif sur la santé animale.
L'Anses-ANMV est l'autorité qualifiée pour déterminer si un produit relève ou non du statut de médicament vétérinaire. En 2019, elle s'est prononcée sur 121 demandes sur des produits « borderline » (versus 80 les années précédentes). L'Agence est donc de plus en plus sollicitée sur ce sujet difficile qui peut signer l'arrêt de mort d'un aliment, d'un biocide ou d'un produit d'hygiène s'il est requalifié en médicament.
Dans la plupart des cas litigieux, il s'agit de produits nutritionnels ou biocides requalifiés en médicament par allégation du fait de la présence sur l'étiquetage ou sur une publicité d'une allégation thérapeutique.
Quand un sucre est qualifié de complément homéopathique, ce sucre devient un « médicament homéopathique ». Ce sucre ne peut plus être vendu en épicerie, mais en pharmacie ou chez un vétérinaire. Et seul un fabricant pharmaceutique peut fabriquer et contrôler un sucre « homéopathique ». Il suffit donc de supprimer toute référence à l'« homéopathie » pour que ce sucre puisse être commercialisé comme un aliment.
De même, des aliments à base d'extraits végétaux ne peuvent pas être promus comme de la phytothérapie ou pour leurs propriétés diurétiques, que ces activités soient réelles ou seulement imaginaires.
Le plus souvent, un simple rappel à la réglementation par l'Anses suffit pour que les industriels se mettent en conformité en supprimant les allégations litigieuses de leurs produits. Néanmoins, neuf mises en demeure ont été envoyées, d'une part sur des médicaments sans AMM pour les abeilles, d'autre part, pour des produits à base de cannabidiol.
Le nombre de déclarations de pharmacovigilance est resté stagnant à 4605 en 2019 (en baisse de 3 % par rapport à 2018). La diminution est pour moitié liée à un arrêt de la transmission des cas humains par les centres antipoison humains et pour moitié associée à une baisse des déclarations par les vétérinaires. En revanche, les déclarations pour manque d'efficacité sont en forte augmentation depuis plusieurs années avec près de 700 cas en 2019, versus environ 500 en 2018 et une centaine en 2011.
Les médicaments ne sont évidemment pas moins efficaces en 2019 qu'en 2011. Mais, depuis plusieurs années, l'Anses incite les vétérinaires à déclarer aussi en pharmacovigilance les suspicions de manques d'efficacité. Ces déclarations pour manque d'efficacité concernent des médicaments préventifs dans 90 % des cas : les vaccins (68 % des cas) et les antiparasitaires (23 %). Car il apparaît sans doute anormal qu'un animal vacciné tombe ensuite malade ou qu'un animal traité par un antiparasitaire soit piqué par une tique ou infesté par une puce.
Dans presque toutes les espèces animales, les vaccins représentent 40 % à 90 % des déclarations de pharmacovigilance. Seul le chat fait exception !
Source : Anses-ANMV.
La répartition des déclarations par espèce animale et par classe thérapeutique est peu modifiée par rapport aux années précédentes (voir le tableau ci-dessus).
Les données de pharmacovigilances ont conduit à modifier les RCP de 77 médicaments en 2019 (versus 71 en 2018) notamment sur les rubriques « effets indésirables » ou « précautions d'emploi ».
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