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19 novembre 2020
Le recours aux antibiotiques chute encore de 11 % en 2019 sauf… chez les canins en hausse de 2 % !
Les praticiens canins (et félins) sont loin, très loin même de l'objectif de -25 % de réduction de l'usage des antibiotiques qui avait été fixé par le plan EcoAntibio1 en prenant comme référence l'année 2011, une des années les plus élevées en termes d'antibiothérapie dans toutes les espèces animales.
Les chiens et les chats sont désormais les espèces animales les plus traitées aux antibiotiques en nombre de traitements par individu. Environ deux chiens ou chats sur trois seraient traités chaque année par un antibiotique, deux fois plus que dans les autres espèces animales.
Ainsi, seulement un porc sur deux reçoit un traitement antibiotique, une volaille sur trois, un bovin sur quatre, un cheval sur cinq. Seuls les lapins de chair sont davantage traités par un antibiotique que les carnivores domestiques, puisqu'ils reçoivent presque deux traitements par lapin.
Dans un webinaire organisé par l'Anses le 18 novembre, l'Agence du médicament vétérinaire (ANMV) a dévoilé les résultats du suivi des ventes 2019 des antibiotiques.
Les chiffres sont pourtant bons, excellents même, au moins pour tous ceux qui se réjouissent de voir fondre le recours aux antibiotiques chez les animaux.
Toutes espèces animales confondues, le recours aux antibiotiques a encore fortement diminué de 10,9 % en indice d'exposition (Alea) et de 10,5 % en tonnages par rapport à 2018. En revanche, en 2018, l'exposition était quasi stable (+ 0,7 %) par rapport à 2017.
L'indice d'exposition — le fameux Alea — a été divisé par 2 depuis 2011, année de référence du plan EcoAntibio1. Il y a donc deux fois moins d'animaux traités par antibiotique (et donc de pression de sélection des résistances) en 2019 par rapport à 2011. En tonnages, la chute est encore plus vertigineuse. Ils ont été divisés par trois en vingt ans.
La baisse de 11 % observée en 2019 n'est pas identique dans toutes espèces. Les deux filières dites « indus », porcs et volailles, continuent à diminuer fortement le recours aux antibiotiques en 2019 : -16,4 % en filière porcine, -12,8 % en filières avicoles. L'indice d'exposition (Alea) des porcs (0,508) et des volailles (0,396) est donc désormais bien plus faible que celui des chiens ou des chats (0,642). En revanche, la filière cunicole augmente son exposition aux antibiotiques de 1,5 %. Pour ces trois filières porcs-volailles-lapins, l'objectif de -25 % depuis 2011 fixé par le plan EcoAntibio 1 est largement dépassé (-60 % chez les volailles, -54 % chez les porcs, -41 % chez les lapins).
Chez les bovins (veaux inclus), l'exposition aux antibiotiques est aussi en forte baisse de 9,9 % en 2019, ce qui compense les deux années précédentes en hausse, + 8,4 % en 2018 et +1,2 % en 2017. Cette baisse de 10 % en 2019 permet, pour la première fois, à la filière bovine de dépasser l'objectif de -25 % du plan EcoAntibio1.
En fait, la consommation d'antibiotiques chez les bovins en 2019 est similaire à 2016. Depuis 2011, la baisse de 25 % est imputable à la dégringolade des céphalosporines de dernières générations, C3G/C4G comme le ceftiofur et la cefquinome (-95,2 %), des fluoroquinolones (-90 %) puis à la chute plus récente de la colistine (-50 %). Les macrolides sont aussi en baisse (-22 %) comme les pénicillines (-10 %). À l'inverse, le recours aux tétracyclines, aux sulfamides ou aux aminosides stagne voire augmente légèrement.
Chez les chiens et les chats, le recours aux antibiotiques affiche, une nouvelle fois, une hausse de 2,1 % après une baisse de 2 % en 2018 mais une hausse de 6,6 % en 2017. Cette hausse du recours aux antibiotiques chez les chiens et les chats est aussi observée pour les antibiotiques critiques (+1,5 % en céfovécine, +2,3 % en fluoroquinolones).
Les chiens et les chats sont toujours loin de l'objectif de -25 %. Ils n'ont diminué le recours aux antibiotiques que de 14 % depuis 2011. Seules trois classes d'antibiotiques ont fortement diminué :
En revanche, le recours aux pénicillines, l'amoxicilline surtout, n'a pas diminué depuis 2011, voire augmente depuis 2016 et les restrictions sur les antibiotiques critiques. Le constat est quasi-identique pour les céphalosporines de première génération, la céfalexine, également en hausse depuis 2016. En revanche, l'exposition aux tétracyclines (la doxycycline), aux sulfamides-triméthoprime ou à la clindamycine stagne ou diminue ces dernières années.
Comme en médecine humaine, les difficultés à diminuer le recours aux antibiotiques semblent plus élevées en médecine « individuelle », celle des chiens et des chats, qu'en médecine collective. En outre, une meilleure médicalisation des chiens et des chats conduit sans doute à davantage de traitements par des antibiotiques (entre autres).
Ainsi, selon l'Insee, l'activité des vétérinaires a augmenté de 36 % (en volumes) entre 2011 et 2019. Par comparaison, la baisse de 14 % du recours aux antibiotiques apparaît plutôt comme une excellente performance alors que la demande de soins est en très forte augmentation de 4 à 5 % par an depuis 2014 selon l'Insee. Car, à l'évidence, même si le nombre de chiens et de chats n'a pas augmenté dans ces proportions, leur médicalisation s'accroît.
La chute des usages des céphalosporines de dernières générations (C3G/C4G) est toujours de 94,1 % entre 2013 et 2019, toutes espèces animales confondues (-67 % chez les chiens et les chats). Le léger rebond (+6,2 %) observé entre 2017 et 2018 a été effacé par une baisse de même proportion entre 2018 et 2019 (-5,4 %). Seul l'usage de la céfovécine chez les chiens et les chats est en petite hausse en 2019 (+1,5 %). Les C3G/C4G représentent bien moins de 1 % des traitements chez les bovins, les porcins ou les chevaux, mais 2 % chez les chiens et les chats.
Pour les fluoroquinolones, la chute de 87,8 % des usages entre 2013 et 2017 est réduite à 86,0 % entre 2013 et 2019 (-70 % chez les chiens et les chats). L'exposition aux fluoroquinolones est donc restée stable (+0,7 %) entre 2018 et 2019, avec des formes injectables en légère hausse (+2,8 %) alors que les formes orales continuent de baisser (-3,9 %), surtout chez les veaux (-36,5 %). Comme pour les C3G/C4G, les fluoroquinolones représentent moins de 1 % des traitements chez les animaux sauf chez les chiens ou les chats où il atteint 3,7 %.
Le plan EcoAntibio2 (2017-2022) a fixé un objectif de réduction de la colistine de 50 % en cinq ans (pour 2022) en prenant comme référence la moyenne des deux années 2014-2015. Dès l'année 2016, les usages de colistine avaient déjà été réduits de 40 % par rapport à 2014-2015. Depuis, le recours à la colistine n'a cessé de décroître.
En 2019, cet objectif est très largement dépassé, trois ans avant l'échéance de 2022 dans les trois espèces majeures pour cet antibiotique.
Cette chute du recours à la colistine est donc aussi différente selon les formes pharmaceutiques.
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