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15 septembre 2020

Chez le chat à l'échographie des reins, un « signe de l'anneau » épais et mal défini renforce une suspicion de maladie rénale

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Images échographiques de deux chats du groupe d'étude (présentant un signe de l'anneau médullaire), représentatives d'un aspect en fin liseré aux bords nets (A, à gauche) ou d'une bande épaisse aux contours mal délimités (B, à droite). À l'inverse du second, le premier cas ne présentait pas de maladie rénale. Source : Cordella et al., JVIM, 2020.
Images échographiques de deux chats du groupe d'étude (présentant un signe de l'anneau médullaire), représentatives d'un aspect en fin liseré aux bords nets (A, à gauche) ou d'une bande épaisse aux contours mal délimités (B, à droite). À l'inverse du second, le premier cas ne présentait pas de maladie rénale. Source : Cordella et al., JVIM, 2020.
 

L'apparence du « signe de l'anneau médullaire » à l'échographie des reins serait un bon indicateur de la présence d'une maladie rénale chez le chat. Cette ligne hyperéchogène, présente dans la médullaire externe parallèlement à la jonction cortico-médullaire, est une anomalie parfois observée lors d'atteinte rénale. Elle serait la manifestation d'un dépôt minéral dans la lumière des tubules rénaux. Mais elle s'observe également chez le chat en bonne santé. D'où la difficulté en pratique d'interpréter ce signe.

Une équipe de cliniciens de l'université de Bologne en Italie, dont notre consœur française Pascaline Pey, spécialiste en imagerie médicale, a alors recherché si les caractéristiques de ce liseré, notamment son épaisseur, pourraient être prédictives de la présence d'une maladie rénale, aiguë ou chronique. Et il semble que oui, selon leurs observations publiées en libre accès dans le JVIM.

Analyse des images de 84 « cas »

Pour ces recherches, les images échographiques rénales de 84 chats présentant un signe de l'anneau ont été rétrospectivement analysées. Le dossier médical des animaux renseignait également sur la présence confirmée (ou non) d'une maladie rénale, afin de déterminer si l'aspect de la ligne, c'est-à-dire son épaisseur et sa netteté, pouvait être associé. Le caractère uni- ou bilatéral était également pris en compte. Dans ce « groupe d'étude », 45 chats (soit 54 %) présentaient ainsi une maladie rénale, versus 39 (46 %) qui n'en présentaient pas.

Un « groupe témoin » de 120 chats sans ce signe de l'anneau à l'examen échographique a également été recruté, dont la moitié présentant une maladie rénale et l'autre non (60 chats dans chaque sous-groupe).

Liseré fin vs bande épaisse

En pratique, deux cas de figure étaient distingués pour qualifier l'aspect de l'anomalie (voir images en illustration principale) :

  • Un fin liseré hyperéchogène (environ 1 mm) aux bords nets,
  • Ou une « bande » épaisse (plus de 2 mm) aux contours indistincts (mal délimités).

À l'exception d'un cas, le signe de l'anneau était présent sur chacun des deux reins.

Les 84 chats du groupe d'étude présentaient en majorité un fin liseré (n=50 soit 60 %). Et parmi eux, 30 (soit 60 % encore) étaient atteints d'une maladie rénale. Les autres (n=20, 40 %) n'en présentaient pas.

Inversement, une bande épaisse était observée chez 34 animaux (40 % du groupe). Mais près des trois quarts (25 soit 74 %) présentaient une maladie rénale (vs les 9 autres, soit 24 %, non atteints).

La bande est plus fréquente lors de maladie rénale

Pris autrement, ces chiffres montrent que parmi les chats sans atteinte rénale (n=39), seuls 9 (soit 23 %) présentent une bande épaisse. Tous les autres (30 soit 77 %) présentent un fin liseré. Parmi ceux avec atteinte rénale cette fois (n=45), une bonne moitié (25 soit 56 %) montre un signe en bande épaisse.

Au plan statistique, la différence est significative : lorsque présent, un aspect en large bande de l'anomalie est plus fréquent chez les chats atteints de maladie rénale, et un aspect en liseré fin est plus fréquent chez les chats non atteints.

Un indicateur supplémentaire

En incluant les 120 cas sans signe de l'anneau (le groupe témoin), l'analyse des images échographiques montre que la présence d'une maladie rénale est (sans surprise) significativement associée à d'autres paramètres, notamment l'aspect irrégulier des contours du rein (mais pas sa taille), une mauvaise distinction entre médullaire et cortex, une dilatation du bassinet, la présence de calculs, l'altération des tissus péri-rénaux, etc.

En ajoutant ce nouveau paramètre qu'est une apparence en bande épaissie du signe de l'anneau médullaire (lorsqu'il est présent), la suspicion de maladie rénale émise à l'issue de l'examen échographique peut-être renforcée.