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28 mai 2020

Certains propriétaires de chiens cardiaques en perdent le sommeil

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Apprendre la maladie de son animal et la gérer au quotidien peut générer un stress difficile à surmonter pour certains propriétaires (cliché Pixabay).
Apprendre la maladie de son animal et la gérer au quotidien peut générer un stress difficile à surmonter pour certains propriétaires (cliché Pixabay).
 

Pour une fois, ce n'est pas la qualité de vie de l'animal malade, mais celle de son maître qui tente d'être évaluée. En d'autres termes, l'objectif est de mesurer l'impact que produit la maladie – en l'occurrence une affection cardiaque canine – sur la vie quotidienne du propriétaire. Pour cela, un questionnaire en 25 points a été élaboré et testé auprès d'un panel de propriétaires américains de chiens « cardiaques ». Les résultats observés sont publiés (en libre accès) dans le JVIM.

Évaluer la charge pour le soignant

En humaine, il est rapporté en effet que le patient insuffisant cardiaque peut constituer une charge pour son entourage. Et des outils sont disponibles pour évaluer les conséquences de cette charge sur la qualité de vie de ces proches afin, au besoin, de leur proposer soutien et solutions.

La présente étude transpose ainsi cela en médecine vétérinaire. Car au-delà du coût de traitement et de l'espérance de vie du chien affecté, l'éventuel impact pratique ou psychologique de sa maladie sur les personnes du foyer (inquiétude voire anxiété par exemple) peut peser sur la décision de renoncer et de demander son euthanasie.

L'étude menée a inclus 141 propriétaires, dont le chien présentait une maladie valvulaire dégénérative mitrale (n=121) ou une myocardiopathie dilatée (n=20). Chacun a complété le questionnaire proposé (à l'occasion d'une consultation ou d'examens pratiqués dans l'un des deux hôpitaux vétérinaires impliqués).

La réponse à chaque question, par exemple « sur les 30 derniers jours, la maladie de votre chien vous a-t-elle rendu triste ? » ou « a-t-elle gêné votre organisation professionnelle ? », est notée de 0 (pas du tout) à 5 (énormément). Et la somme des notes (score total sur un maximum de 125) mesure donc l'impact global de la situation sur la vie de la personne.

Les questions portent sur l'impact de la maladie sur la vie sociale du maître, sa qualité de sommeil, son niveau d'inquiétude et la charge financière à assumer.

Pour vérifier la pertinence des résultats, une série de 4 questions plus générales était posée en complément : comment évaluez-vous votre qualité de vie ? Dans quelle mesure est-elle affectée par la maladie de votre chien ? À quelle fréquence les inquiétudes générées vous submergent-elles ? Les soins ont-ils modifié vos relations avec votre animal ?

Enfin, la sévérité de l'atteinte du chien (classification ACVIM) et le nombre de médicaments prescrits en traitement étaient également répertoriés.

Questionnaire final à 20 items

L'objectif initial de l'étude était de valider la véracité, la lisibilité, la cohérence et la fiabilité de l'outil, en évaluant notamment la corrélation entre les scores obtenus et les réponses aux questions générales ainsi que les paramètres médicaux.

Et l'analyse des résultats confirme la bonne qualité du questionnaire proposé. 5 items ont toutefois été supprimés dès les premières validations, par défaut de pertinence (par exemple l'impact sur le temps passé devant la télévision ou l'ordinateur), ramenant ainsi le questionnaire final à 20 points (et le score total à un maximum de 100).

L'altération du sommeil, un signe de bouleversement

Dans l'expérimentation, le score total obtenu s'étend de 0 à 87, avec une médiane établie à 35 (/100). Selon les auteurs, cela indique que « certains propriétaires seront fortement perturbés par la prise en charge de leur chien cardiaque ». L'évaluation permet ainsi de les identifier, afin qu'ils puissent être aidés, par un professionnel le cas échéant en complément des paroles rassurantes que peut avoir le vétérinaire.

Ce score est en revanche sans différence significative selon la tranche d'âge du propriétaire, son sexe ou la maladie de son chien. Il est positivement corrélé à la gravité de la maladie, au nombre de médicaments administrés au chien en traitement, ainsi qu'aux résultats des principales questions générales posées aux propriétaires.

Pris individuellement, les scores de chacun des paramètres sont aussi trouvés corrélés au score total.

Un lien affectif renforcé

Les réponses aux questions générales montrent par ailleurs qu'environ la moitié des propriétaires considèrent que leur vie est affectée par la maladie de leur chien.

En revanche, celle-ci n'altère pas la relation entretenue avec leur animal. Au contraire, elle se trouve renforcée pour une petite majorité des maîtres (54 %), et elle reste inchangée pour les autres (46 %). Car pour beaucoup, ce ne sont pas les soins en tant que tels qui affectent leur qualité de vie, mais plutôt la diminution de la qualité de vie de leur animal, en raison de sa maladie.