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16 janvier 2020
Lésions dermatologiques ulcérées et profondes : un cas atypique de granulome éosinophilique félin
Malgré leur importance, les lésions cutanées ne semblaient pas gêner l'animal. Un chat de 9 ans, mâle castré, présentait en effet de multiples lésions sur les 4 pattes, allant du nodule ou d'une décoloration des coussinets, à des atteintes ulcéreuses et parfois nécrotiques profondes, laissant parfois apparaître les tissus sous-jacents (muscles et tendons). Référé dans un centre spécialisé en dermatologie (à Pittsburgh, USA), le cas s'est révélé être la manifestation atypique d'un complexe granulome éosinophilique félin. Suffisamment atypique pour que les cliniciens ayant posé le diagnostic en rédigent un rapport, richement illustré (article publié en libre accès dans le JFMS Open Reports).
Les lésions cutanées des membres étaient associées à un nodule à la base d'une oreille (voir photos ci-après).
Assez étonnamment au vu de la gravité de ces atteintes, le chat ne manifestait pas de douleur. Ni de prurit au moment de la consultation, bien qu'un historique de prurit occasionnel soit mentionné. L'examen clinique n'a pas montré non plus d'autres anomalies.
Face à ce tableau, les cliniciens envisagent en priorité les hypothèses d'une infection ou d'une néoplasie. Mais les investigations complémentaires menées (sur prélèvements de sang et de tissus lésés) les écartent. D'autres examens (radiologie du thorax, échographie abdominale, analyse urinaire…) éliminent aussi d'éventuelles maladies systémiques qui auraient pu être la cause sous-jacente des troubles dermatologiques observés.
Les résultats de l'hématologie et de l'histopathologie sur biopsies montrent en revanche la présence d'une éosinophilie et d'une dermatite éosinophilique, « ulcérative, grave et multifocale », en faveur donc d'un cas de granulome éosinophilique. Les lésions observées chez ce chat étant toutefois jugées « incohérentes » avec un tel diagnostic, un second avis de pathologiste est requis ; lequel confirme ces conclusions.
Le traitement initialement prescrit, dans l'attente des résultats d'histologie et de cultures bactériennes et fongiques, associe pradofloxacine et buprénorphine (comme analgésique suite aux biopsies pratiquées). Il est revu à la lumière de ce diagnostic, et ainsi complété par l'administration de prednisolone à la dose de 2 mg/kg. Dans l'hypothèse d'une réaction alimentaire, un aliment « hypoallergénique » est également proposé (à base d'hydrolysat de saumon).
Une amélioration des lésions est observée après 4 semaines. Mais l'arrêt imprévu de la corticothérapie par le propriétaire se traduit par une dégradation, avec l'apparition de nouvelles lésions sur les pattes et d'une surinfection des existantes. Le traitement stéroïde est repris. Et de nouveaux antibiotiques sont prescrits (céfovecine puis linézolide, réservé à l'usage humain en France, et mupirocine en application locale) suite aux résultats des cytologies puis des cultures bactériennes et antibiogramme effectués. Une nouvelle amélioration est observée dans les semaines suivantes.
Le nodule auriculaire présente toutefois une évolution défavorable, devenant progressivement plus gros et ulcéré (voir photo en illustration principale). Il sera finalement excisé chirurgicalement. Et une nouvelle analyse histologique le révèlera être une entité pathologique distincte du complexe éosinophilique : un hémangiosarcome cutané, ce qui n'est pas fréquent chez le chat.
Dans le même temps, le traitement médical est modifié avec une diminution progressive des doses de prednisolone et l'administration de ciclosporine. Six mois puis 9 mois après la première consultation (de référé), toutes les lésions ont évolué ou évoluent favorablement vers la guérison. Predisolone à faible dose (0,1 mg/kg) et ciclosporine (7 mg/kg) sont maintenues, de même que l'aliment hypoallergénique et un traitement antiparasitaire régulier (fluralaner).
Le complexe granulome éosinophilique félin est généralement la manifestation clinique d'une maladie allergique. Celle-ci se présente le plus souvent sous la forme d'ulcère indolent, de plaques ou de granulomes éosinophiliques, au niveau de la peau, des muqueuses ou de la cavité buccale.
Les rapporteurs du cas insistent donc sur la possibilité d'apparition de lésions moins courantes, comme ici avec une atteinte particulièrement grave et agressive (très ulcéreuse), répondant néanmoins au traitement à moyen terme.
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