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13 novembre 2019

Première étude de la prévalence de la virémie à FeLV dans 30 pays européens : 7 facteurs de risque, 3 facteurs protecteurs

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Origine des chats prélevés et statut FeLV, dans les 30 pays ayant participé à l'étude européenne sur la prévalence du FeLV. Les prélèvements (salive) ont été effectués par au plus 40 praticiens par pays, en 2016-2017 (Studer et coll., 2019).
Origine des chats prélevés et statut FeLV, dans les 30 pays ayant participé à l'étude européenne sur la prévalence du FeLV. Les prélèvements (salive) ont été effectués par au plus 40 praticiens par pays, en 2016-2017 (Studer et coll., 2019).
 

Quelle est la prévalence de la virémie au virus de la leucose féline (FeLV) chez les chats en consultation vétérinaire en Europe ? Une étude fournit une partie de la réponse : 2,3 %. Cette étude a rassemblé des vétérinaires européens de 34 institutions d'enseignement, recherche et/ou de diagnostic vétérinaire dans 32 pays européens, et le contact de 920 structures vétérinaires, ayant participé en envoyant à un seul laboratoire 8 610 prélèvements de salive d'autant de chats.

3 % de FeLV+ en France

Le protocole de l'étude demandait à un praticien de chaque structure vétérinaire souhaitant participer (au plus 40 par pays), de recueillir la salive (écouvillons + tampon ARN protecteur) de 10 chats se présentant successivement en consultation le même jour, quel qu'en soit le motif (à condition que le propriétaire signe un consentement). Un seul chat par foyer/refuge/élevage pouvait être inclus. Un questionnaire en 19 points devait aussi être rempli en ligne par le praticien (il était disponible en 18 langues) ; le statut vaccinal était renseigné, mais n'était pas un facteur d'exclusion. Les envois ont été effectués entre septembre 2016 et mars 2017, et 6 005 prélèvements, associés à leurs renseignements complets, ont pu être analysés. Au total, il y a eu 2,3 % de prélèvements positifs (intervalle de confiance à 95 % : 2,0 – 2,8 %) en RT-PCR quantitative. Les échantillons de deux pays n'ont pas pu être analysés (Grèce et Roumanie, voir l'illustration principale). Pour la France, 3 positifs ont été détectés à partir de 301 échantillons (prévalence de 3 %, IC à 95 % : 0,3 – 2,9 %). Pour les auteurs, il s'agit de la seule « donnée récente » de prévalence pour la France (comme pour la Tchéquie ou les Pays-Bas). Les pays où la prévalence était la plus élevée étaient le Portugal (8,8 %), la Hongrie (5,9 %), l'Italie (5,7 %, ce chiffre comprend 9 prélèvements de Malte sans positif). Aucun prélèvement n'a été détecté positif pour le Danemark, la Finlande, la Norvège, la Suède (où l'infection est à déclaration obligatoire), la Lettonie, l'Estonie, l'Ecosse, le pays de Galles, la Bulgarie, Malte, le Luxembourg et les Pays-Bas.

Un quart de vaccinés

Plus de deux tiers des chats dont la salive a été analysée étaient jugés en bonne santé par le praticien qui les avait examinés et avait réalisé le prélèvement (67,6 %) ; la prévalence des chats FeLV+ était plus que doublée parmi les chats malades (3,9 et 1,6 %, respectivement). Ils étaient en grande majorité de type Européen (85,9 %) et en majorité castrés/stérilisées (68,6 %). L'âge allait du chaton de moins d'un mois au chat de 20 ans, avec une majorité de 1 à 6 ans. « Les chats âgés de 1 à 6 ans étaient significativement plus souvent FeLV+ que ceux plus jeune sou plus âgés (p<0,0001) ». Un chat sur 10 provenait d'un refuge (10,4 %). Parmi les 120 chats FeLV+ et pour lesquels le statut vaccinal était connu, « 11,7 % avaient été vaccinés à un moment de leur vie ». Toutefois, « les chats FeLV+ avaient été significativement moins souvent vaccinés contre [ce virus] que les chats FeLV- (p<0,0001) ». Les taux de vaccination étaient très variables, à 27,1 % en moyenne (de 3,2 % en Finlande à 81,5 % au Royaume-Uni, en Suisse et au Liechtenstein, et 52,1 % pour la France, voir la carte ci-dessous). Les auteurs observent aussi une association positive (p=0,045) entre le PIB par habitant et le taux de vaccination FeLV.

Origine des chats prélevés et statut vaccinal FeLV, dans les 30 pays ayant participé à l'étude européenne sur la prévalence du FeLV (Studer et coll., 2019).

 

Jeune chat mâle entier qui sort et est malade…

Les auteurs réalisent ensuite une analyse multivariée, permettant d'identifier les facteurs de sur-risque ou de protection significatifs (p<0,05) vis-à-vis du statut FeLV+ à partir des données renseignées pour les animaux. Pour les facteurs de risque, ce sont :

  • le fait d'être localisé en Europe du Sud (risque x 1,8 et p=0,005). Pour les auteurs, c'est en lien avec « le grand nombre de chats errants présents dans les pays du pourtour méditerranéen » ;
  • le fait d'être un mâle entier (risque x 2,2 et p=0,01), ce qui est cohérent avec d'autres études ;
  • le fait d'être âgé de 1 à 6 ans (risque x 2 et p=0,003), indiquant que si les jeunes chats sont susceptibles de présenter une maladie progressive, les chats adultes ne sont pas épargnés par le FeLV ;
  • le fait de vivre partiellement (risque x 1,7 et p=0,01) ou constamment (risque x 1,9 et p=0,04) à l'extérieur. Les auteurs rappellent que les recommandations de l'ABCD sont que « tout chat ayant accès à l'extérieur soit vacciné [contre le FeLV] dans les pays où l'infection est présente » ;
  • le fait de vivre dans un foyer comportant au moins 5 chats (risque x 1,6 et p=0,005) ;
  • le fait d'être malade au moment du prélèvement (risque x 2 et p<0,001), d'autant que les prélèvements positifs issus de chats malades présentaient un sur-risque de x 4,4 d'avoir un titre génomique élevé en FeLV (> 106 copies d'ARN par réaction PCR, p<0,0001).

Les trois facteurs de protection sont d'être localisé en Europe du Nord (risque réduit de 71 % par rapport au fait de résider en Europe de l'Est, p<0,001), ou en Europe de l'Ouest (risque réduit de 58 %, p=0,003) et le fait d'être un chat de race (85 % de protection, p=0,008), « du fait de la vigilance des éleveurs ». Enfin, les auteurs ont analysé les signes cliniques relevés par les praticiens sur les chats malades à partir des résultats FeLV. Là encore, ils trouvent des dominantes. Les chats malades et FeLV+ :

  • avaient un risque x 9,6 de présenter une anémie (p<0,0001) ;
  • avaient un risque x 3,5 de présenter de l'anorexie (p=0,01) ;
  • avaient un risque x 2,5 de présenter une gingivite/stomatite (p=0,02).