titre_lefil
logo_elanco

12 septembre 2019

Les troubles urinaires récidivent chez le chat. Mais pas forcément par la même cause.

par Agnès Faessel

Temps de lecture  5 min

Risque de récidive sur la durée de suivi après un premier épisode d'affection urinaire basse chez le chat illustré par des courbes de survie de Kaplan-Meier
L'analyse montre l'absence de différence significative du risque de récidive selon la cause initiale des signes : cystite idiopathique (courbe noire), urolithiases (courbe rouge) ou infection urinaire (courbe verte). Source : Kaul et al., JFMS, 2019.
Risque de récidive sur la durée de suivi après un premier épisode d'affection urinaire basse chez le chat illustré par des courbes de survie de Kaplan-Meier
L'analyse montre l'absence de différence significative du risque de récidive selon la cause initiale des signes : cystite idiopathique (courbe noire), urolithiases (courbe rouge) ou infection urinaire (courbe verte). Source : Kaul et al., JFMS, 2019.
 

Calculs urinaires, cystite ou infections… ces maladies du bas appareil urinaire sont connues pour facilement récidiver chez le chat. Une étude allemande a évalué ce taux de récidives ainsi que la mortalité à long terme, laquelle reste limitée à environ 5 %. Elle a surtout constaté que différentes maladies pouvaient se succéder lors des épisodes de récidives des signes cliniques.

Tous les chats présentés pour troubles urinaires sur 3 ans

L'étude, rétrospective, s'est déroulée à la clinique vétérinaire de l'université de Munich en Allemagne. Ses résultats sont publiés dans le JFMS (article en libre accès, publié en ligne le 19 juillet).

Elle a recruté les cas de chats adultes (âgés de plus de 6 mois) présentés en consultation pour des troubles du bas appareil urinaire, sur une période de 4 ans (2010-2013), soit 176 chats. Un minimum d'examens à visée diagnostique devait avoir été réalisé : analyse urinaire, culture bactérienne à partir d'un échantillon prélevé par cystocentèse ou sondage urinaire, examen d'imagerie médicale (quel qu'il soit). La maladie en cause n'a toutefois pas été spécifiquement identifiée dans quelques cas (exclus ensuite des analyses statistiques).

Une cystite idiopathique dans la moitié des cas

Les cas où une maladie autre qu'urinaire était à l'origine des signes observés (constipation, troubles du comportement, pyélonéphrite, par exemple) étaient exclus de l'étude. Ils étaient également écartés si leur suivi n'était pas possible, ou si l'animal était mort à la suite de la première consultation.

Finalement, l'étude a porté sur 101 cas dont la maladie en cause était la suivante :

  • Cystite idiopathique : 52 chats (51,5 %) ;
  • Urolithiases : 21 chats (20,8 %) ;
  • Infection urinaire (E. coli à 70 %) : 13 chats (12,9 %) ;
  • Diagnostic indéterminé : 15 chats (14,9 %).

Les cristaux urinaires étaient composés d'oxalate ou struvite dans des proportions comparables (38 et 33 %), de composition non déterminée dans les autres cas (29 %).

La race, le sexe et le poids de l'animal se révèlent sans influence sur l'étiologie des troubles. Seul l'âge est associé à une différence significative, avec des infections urinaires touchant des chats plus âgés en moyenne que les cystites idiopathiques (10 ans contre 5 en médiane). Ces infections étaient également plus fréquentes avec des litières en copeaux de bois. En revanche, les cas d'obstruction urinaire étaient plus souvent observés lors de cystite que lors d'infection.

Diverses causes dans les récidives

Le suivi des animaux s'est intéressé à leurs conditions de vie (habitation, alimentation) ainsi qu'à leur comportement au domicile (à partir du questionnement des propriétaires), aux éventuels changements opérés et, bien sûr, aux récidives (nouvel épisode survenu après au moins 10 jours).

Chez 14 chats, différentes maladies urinaires ont été diagnostiquées lors de ces épisodes de récidives des signes cliniques : une cystite idiopathique succédant à des urolithiases ou l'inverse, par exemple (combinaison la plus fréquente). Cette observation est importante. Elle souligne la nécessité d'établir un diagnostic étiologique précis à chaque présentation de l'animal même si la symptomatologie est similaire. Le recours à l'imagerie médicale, notamment, serait particulièrement indiqué, d'après les auteurs de l'étude.

Concernant les urolithiases décelées lors d'épisodes suivant un diagnostic de cystite, il reste toutefois possible, selon eux, que de petits cristaux aient déjà été présents à la première consultation sans qu'ils aient pu être détectés. La cystite pourrait aussi favoriser l'apparition d'autres affections ultérieures, comme une infection.

Près de 60 % de récidives

Indépendamment de la nature de la maladie lors de la première présentation, la fréquence des récidives est très élevée. Au moins un nouvel épisode est observé chez 58,1 % des chats (50/86).

Dans la majorité des cas, les signes récidivent plus d'une fois. Ils sont même 7 chats (soit 14 % des cas qui rechutent) à revenir plus de 4 fois pour de nouveaux épisodes cliniques, sur la période de suivi.

Étonnamment, le taux de rechutes, comme leur nombre, ne présentent pas de différence significative selon la maladie en cause : le risque de récidive est équivalent (voir courbes en illustration principale). Les urolithiases occasionnent seulement davantage d'hospitalisation.

Les récidives dans les cas d'urolithiases ou de cystite (ici à plus de 50 % et plus de 60 %, respectivement) ne sont pas une surprise. Mais de manière plus inattendue, elles sont fréquentes aussi dans les cas d'infection : rapportées à près de 54 % (mais sur un petit nombre de cas : 13 dont 7 ont donc présenté par la suite au moins un nouvel épisode).

Rechutes après plusieurs années

La période étudiée, suite à la première consultation à la clinique vétérinaire de la faculté, représente un suivi d'une durée médiane de 38 mois (un peu plus de 3 ans).

Son analyse montre que la première récidive survient après 3 mois en médiane, la seconde après 6 mois et la troisième après 5 mois. Au global, les trois quarts des récidives surviennent dans l'année qui suit le premier épisode. Mais des récidives s'observent donc aussi après plusieurs années, comme ici chez les autres chats de l'étude.

La mise en place de mesures de prévention réduit significativement le taux de récidives chez les chats à urolithiases : modification de l'alimentation et des apports en eau, le plus souvent.

Une mortalité liée aux obstructions urinaires

À la fin de l'étude, seuls 5 chats soit 5 % de l'effectif total, étaient morts, dont 4 dans les 12 mois ayant suivi la première consultation. Ils avaient tous présenté des récidives (une à 4).

Une obstruction urinaire était présente chez 4 de ces chats ; elle se positionne comme la principale cause de décès lors d'affections urinaires basses. L'un de ces cas était atteint d'urolithiases, un autre d'un probable carcinome de la vessie ; le diagnostic étiologique n'était pas défini pour les 3 derniers.