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19 juillet 2019

Six désinfectants usuels faiblement à pas efficaces contre les oeufs de Toxocara canis

par Vincent Dedet

Temps de lecture  2 min

Différents temps de contact, de 5 à 60 minutes, ne suffisent pas à inhiber le développement embryonnaire de Toxocara canis, pour 6 désinfectants d'usage courant chez les vétérinaires, mais qui ne revendiquent pas d'action sur les œufs de ce parasite (cliché : Oklahoma State University, wikimedia).
Différents temps de contact, de 5 à 60 minutes, ne suffisent pas à inhiber le développement embryonnaire de Toxocara canis, pour 6 désinfectants d'usage courant chez les vétérinaires, mais qui ne revendiquent pas d'action sur les œufs de ce parasite (cliché : Oklahoma State University, wikimedia).
 

Des parasitologistes de la faculté vétérinaire de Cluj-Napoca (Roumanie) ont évalué « six désinfectants couramment utilisés dans les chenils, structures vétérinaires, refuges et hôpitaux », qui ne revendiquent pas une action spécifique sur les œufs de Toxocara canis.

Mimer des conditions réelles

Les femelles adultes de T. canis peuvent pondre jusqu'à 200 000 œufs par jour. Pour évaluer la viabilité de leurs œufs, ces auteurs ont prélevé 18 femelles provenant de chiots parasités mais décédés d'autres causes, dans les minutes suivant le décès du chiot. Ils ont prélevé les œufs dans l'utérus des vers et ont exposés 10 000 œufs à 0,1 ml de chaque désinfectant le même jour. Plusieurs durées d'exposition ont été testées pour chacun des produits : 5, 10, 15, 30 et 60 minutes, à 25° C. Cela visait à reproduire des conditions réelles où la désinfection peut être répétée quotidiennement et où le temps d'exposition total peut donc être long. Chaque produit avait été dilué conformément aux recommandations du fabriquant « pour un effet biocide », de 0,006 à 95 %. En plus des 6 produits, un témoin négatif (de l'eau distillée) a été utilisé. Les auteurs ont ensuite rincé, puis incubé les œufs pendant deux semaines (27° C), pour en observer la viabilité.

Au mieux 31 % d'efficacité

L'observation en microscopie optique permettait d'évaluer le développement embryonnaire au sein des œufs ; l'efficacité était calculée par 1 – (nombre d'œufs embryonnés/10 000). Les auteurs précisent avoir observé que le développement des embryons commençait dès le 2e jour de l'incubation, les premiers œufs totalement embryonnés étant observés au 7e jour. A 2 semaines d'incubation, « tous les aliquots contenaient des L2 mobiles ». Mais, « quel que soit le temps de contact, aucun des désinfectants testés n'a réussi à stopper totalement le développement embryonnaire, ni à détruire la totalité des œufs » (voir le tableau ci-dessous). Il n'y avait pas non plus de différence significative entre temps de contact pour un désinfectant donné, ni entre désinfectants (p>0,05).

Pourcentage d'efficacité des différents désinfectants testés (l'eau distillée était le témoin négatif), en moyenne arithmétique des résultats des trois expériences réalisées pour chacun des 6 désinfectants, testés sur 10 000 œufs de T. canis chacun (LeFil, d'après Ursache et coll., 2019).

 

Ethanol à 70°

Les auteurs retiennent que la combinaison la plus efficace est un temps de contact de 30 minutes avec le produit à base d'isocyanurate. Ils observent aussi que la soude, à la concentration utilisée, semble accélérer le développement embryonnaire des œufs et facilité la lyse de la paroi externe (elle est numériquement moins efficace que l'eau distillée). Une étude de 2017 avait observé un résultat comparable avec 2 h de temps de contact. L'étude confirme donc la très forte résistance des œufs de T. canis. Dans leur revue de la littérature, les auteurs n'ont trouvé que l'alcool à 70° comme induisant « une dégénérescence totale des œufs ». Cet essai est aussi le premier à évaluer l'efficacité du produit à composition complexe (pentapotassium + alkylbenzène + acide malique…) sur T. canis, sans résultat remarquable alors qu'il est décrit comme aillant une efficacité totale sur le développement embryonnaire de Toxascaris leonina.