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18 juillet 2019

44 % de complications suite à la pose d'une sonde d'oesophagostomie

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

 

Un outil incontournable, généralement bien toléré, mais qui entraîne des complications de plusieurs types : la sonde d'œsophagostomie est largement utilisée chez le chien ou le chat qui ne s'alimente plus. Le taux de complications, parfois graves, atteint tout de même 44 % selon une nouvelle étude.

225 cas, présentant le plus souvent une maladie rénale

L'étude en question, rétrospective sur 3 ans, s'est déroulée au centre de référés de l'Université de Pennsylvanie (Philadelphie, USA). Ses résultats sont publiés en libre accès dans le JVIM (article en ligne le 11 juillet). Elle a porté sur 225 cas : 102 chiens et 123 chats, chez qui une sonde d'œsophagostomie a été mise en place et conservée sur une durée d'au moins 48h.

Pour les chats, la cause de l'alimentation assistée était le plus souvent une maladie rénale (52 cas) ou hépatique (28 cas). Outre la pose de la sonde, d'autres interventions ont été réalisées sous anesthésie générale chez 83 chats, comme une laparotomie exploratrice, par exemple. Un traitement antibiotique per os a été administré chez 93 (76 %).

Pour les chiens, la cause primaire la plus fréquente du sondage était également une affection rénale ou hépatique (59 et 21 cas, respectivement). Une autre intervention sous anesthésie a été effectuée chez 58 chiens (pose d'un cathéter de dialyse par exemple). Et 81 (soit 79 %) ont été traités par des antibiotiques oraux.

Un taux voisin de complications dans les deux espèces

La sonde est restée en place 19 jours en médiane. Et des complications de diverses gravité sont survenues chez 100 animaux de l'étude, soit 44,4 %, durant l'hospitalisation ou ultérieurement. La proportion est voisine dans les deux espèces : 43,1 % pour les chiens (44 cas) et 45,5 % pour les chats (56 cas).

La nature des complications est présentée dans le tableau.

La régurgitation du contenu stomacal via la sonde est la seule complication pour laquelle l'incidence est significativement plus élevée chez le chien (7 cas soit 6,8 %) par comparaison au chat (1 seul cas, 0,8 %). Trois des chiens concernés étaient sous dialyse, et 4 de grand format (plus de 20 kg). Une hypo-albuminémie et une leucocytose étaient présentes dans 2 cas. Et 5 sur les 7 avaient suivi une antibiothérapie.

36 infections locales

Des signes cliniques d'infection au niveau du site de pose sont observés chez 22 chats et 14 chiens, le plus souvent après le retour au domicile (17 et 10 cas, respectivement), et dans un délai de 7 jours en médiane après la pose de la sonde (entre 2 et 195 jours). Leur incidence est ainsi de 16 % (36/225).

Pour 10 d'entre eux, 5 chiens et 5 chats, l'atteinte a nécessité un débridement chirurgical. Les autres (26 cas) ont été traités médicalement (antibiotiques par voie locale et/ou générale). L'infection a rétrocédé après le retrait de la sonde dans 4 cas.

Des examens bactériologiques ont été pratiqués pour 25 cas d'infection (ou d'écoulement purulent). Les résultats de la culture bactérienne ont été négatifs pour 3 d'entre eux, tous sous antibiothérapie au moment du prélèvement. Chez les autres, une quinzaine de bactéries différentes ont été isolées, dont Enterococcus faecium (10) et Escherichia coli (9) le plus fréquemment. Selon les auteurs, leur origine est donc vraisemblablement digestive plutôt que cutanée. Plusieurs bactéries étaient simultanément présentes dans 15 cas.

Trois décès

Globalement, les complications ont amené au retrait de la sonde chez 3 % des chats (n=4) et 8 % des chiens (n=8). Et leur gravité a entraîné l'euthanasie de l'animal dans 3 cas : 1 chat ayant développé un choc septique et 2 chiens ayant présenté l'un une pneumonie par inspiration du contenu régurgité et l'autre des régurgitations à répétition.

Plus sporadiquement, la sonde n'a pas été tolérée chez un chien ayant présenté des sécrétions œsophagiennes après 3 jours, et une hémorragie locale est survenue chez un autre suite à l'introduction de la sonde.

Suivi rapproché nécessaire

L'analyse statistique n'est pas parvenue à identifier de facteurs de risque significatifs de ces complications, parmi les paramètres étudiés (relatifs à l'animal, son état de santé ou ses traitements, ou liés à la sonde comme sa taille, son mode de pose ou de contrôle de son bon positionnement, le délai avant sa première utilisation, la durée avant retrait, etc.).

La plupart de ces complications restent bénignes et facilement traitées. Mais certaines sont plus préoccupantes, évoluent mal ou nécessitent un traitement chirurgical. Les auteurs de l'étude conseillent ainsi d'effectuer un suivi très attentif de ces animaux et d'expliquer aux propriétaires les signes d'appel à repérer (lorsque l'animal est rendu avec la sonde), afin d'intervenir rapidement.

Une autre étude récente, menée uniquement chez le chat, avait observé un taux de complications de 36 %, et un risque augmenté en cas de traitements immunosuppresseurs. Certaines maladies sous-jacentes étaient également associées à un plus grand risque de mortalité (voir LeFil du 9 mai 2019).