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27 mai 2019

Certains chats, et les chatons, produisent naturellement peu de larmes

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

L'âge et la race, mais pas le sexe, sont des facteurs significatifs de variation de la production lacrymale mesurée par un test de Schirmer chez le chat, selon cette étude iranienne (cliché Pixabay).
L'âge et la race, mais pas le sexe, sont des facteurs significatifs de variation de la production lacrymale mesurée par un test de Schirmer chez le chat, selon cette étude iranienne (cliché Pixabay).
 

Une faible sécrétion lacrymale, c'est-à-dire un résultat inférieur à 10 mm/mn au test de Schirmer, n'est pas nécessairement le signe d'une anomalie chez le chat. Il s'agit là de l'une des principales observations d'une étude prospective menée chez près de 350 chats en bon état de santé.

Le but de cette étude, publiée en ligne dans le Veterinary Record, était de rechercher les facteurs de variation de la production de larmes dans l'espèce féline. Elle a inclus 343 chats, chez qui un test de Schirmer a été systématiquement réalisé, et montre ainsi que nombre d'entre eux présentent un résultat inférieur au seuil de normalité usuellement admis (soit < 10 mm/mn, voir figure ci-dessous), sans toutefois présenter d'anomalie oculaire. Les chats faisaient en effet l'objet d'un examen clinique et oculaire poussé, incluant notamment une ophtalmoscopie, un test à la fluorescéine, la recherche d'agents infectieux par analyse PCR sur échantillon prélevé par écouvillon conjonctival, etc., et ils étaient suivis pendant 7 jours.

Selon divers travaux antérieurs, un résultat « normal » varie en effet entre 10,8 et 16,9 mm/mn chez le chat, observent les auteurs de cette nouvelle étude (une équipe iranienne).

Résultats des tests de Schirmer (STT, en mm/mn) réalisés chez les chats adultes (moyenne des mesures sur les deux yeux) selon leur âge (en années).

Persian : race persan ; DSH : domestic shorthair (européen).

Source : Rajaei et al., Veterinary Record 2019.

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Un effet race

Pour chacun des animaux de l'étude, un test de Schirmer a été réalisé dans chaque œil, à la même période de la journée pour tous afin d'éviter l'effet des variations diurnes. Les moyennes des mesures pour l'œil droit et l'œil gauche ne sont pas différentes ; la moyenne calculée tout chat et tout œil confondus s'établit ainsi à 14,9 mm/mn (+/- 4,8 mm/mn).

Les 343 chats inclus sont des européens (n=291) ou des persans (n=52). Et les résultats montrent que la race est un facteur d'influence significatif. Les valeurs moyennes mesurées sont ainsi de 14,6 mm/mn pour les européens, mais de 16,5 mm/mn pour les persans, une race brachycéphale.

Un effet âge, limité au chaton

Les chats étaient âgés entre moins de deux mois (50 jours) et 18 ans. Et l'analyse des résultats par âge indique une différence significative entre les valeurs mesurées chez les chatons de moins de 6 mois (10,2 mm/mn en moyenne) et celles de toutes les autres tranches d'âge, soit 7 mois-2 ans, 3-6 ans, 7-10 ans, 11-14 ans et plus de 15 ans (moyennes entre 14,1 et 16 mm/mn). L'âge n'a plus d'effet chez le félin adulte.

L'effet race est aussi retrouvé ici. Et plus précisément, seuls les chatons européens présentent une production lacrymale significativement basse (moyenne : 7 mm/mn), tandis que les chatons persans montrent des valeurs similaires à celles des chats adultes (15,4 mm/mn en moyenne).

Selon les auteurs, cette moindre production lacrymale pourrait s'expliquer par le développement immature des tissus de l'œil et de ses annexes chez le jeune animal. L'effet race se retrouverait en revanche pour les chatons persans.

Pas d'effet sexe

Aucune différence significative n'apparaît entre les chats mâles et femelles. En revanche, le statut sexuel est un facteur d'influence des résultats : les chats castrés ou stérilisés produisent plus de larmes que les chats entiers (16,2 vs 14,4 mm/mn au test de Schirmer en moyenne). Toutefois, si les femelles et les mâles sont pris séparément, cette différence selon le statut sexuel ne conserve pas sa significativité. En outre, la différence observée entre les chats stérilisés ou non, indépendamment du sexe, est trop limitée (2 mm/mn) pour en attendre un impact clinique, selon les auteurs.

Dans l'espèce canine, une influence du sexe sur la production lacrymale est décrite chez le chiot, mais pas chez le chien adulte.