28 mars 2024
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La source majeure de l'infection des chats par le Coronavirus de la péritonite infectieuse féline (PIF) sont les crottes de sujets excréteurs (le virus – bien qu'enveloppé – peut y rester infectieux jusque 7 semaines) et « l'essentiel de la transmission se fait par le partage de bacs à litière avec un chat lui-même infecté ». Une collaboration dano-écosso-italienne a exploré la possibilité de « rompre ce cycle » en évaluant la capacité de différentes litières du commerce à inactiver ce virus.
Leur étude a été conduite en deux temps : in vitro d'abord, sur 15 litières, puis in vivo, sur 4 autres litières. Pour le premier volet, 15 litières du commerces « et représentant l'éventail des formulations disponibles » ont été achetées. Pour chacune, 1 g de litière a été placé en tube à essai, puis ensemencé avec la même souche de coronavirus félin (3 ml de suspension à 1,5 106/ml), légèrement agités pendant 2 h à température ambiante, puis centrifugés pour doser la charge virale résiduelle :
Toutefois, cet essai ne reflète pas les conditions naturelles puisque dans la litière, le virus est protégé par les matières fécales.
Pour le volet « en vie réelle », les auteurs ont travaillé au domicile de deux familles : un éleveur de Maine Coon où la PIF circulait et une famille félinophile avec 8 chats adultes (de races) et un chaton (Européen) tous infectés par le FCoV. Dans ces foyers, les auteurs ont gardé la litière habituelle (dans les deux cas à base de terre à foulon) comme litière témoin. L'une n'avait pas été testée dans le premier volet, l'autre trouvée 100 % efficace. Ils ont aussi introduit un autre bac à litière “test” dans chaque foyer, ces deux litières étant elles aussi à base de terre à foulon, non testées dans le premier volet, et provenant du même fabriquant (l'une comprenant des extraits végétaux attractifs) et avec 99 % de réduction de poussières. Les litières test sont mise en place par périodes de 6 mois entrecoupées de 2 mois avec la seule litière témoin, et inversion des litières tests sur les deux périodes de 6 mois (cross-over). Dans ces deux familles, l'un des auteurs a réalisé un suivi virologique de 3 ans sur les chats (écouvillonnage rectal). Ce suivi reste empirique, tous les chats n'ayant pu être prélevés dans l'élevage (fort renouvellement), mais les auteurs observent que lorsque la première litière test est utilisée, la proportion de chats excréteurs chute (de plus de 50 % à moins de 30 %). En combinant les résultats par litière test (ceux des chats des deux maisonnées), les auteurs trouvent un chute significative de la proportion de chats excréteurs pendant que la première litière test est utilisée (p=0,02), par rapport à la seconde. Toutefois, ces résultats empiriques ne peuvent être pris au pied de la lettre car les auteurs ne peuvent affirmer que la réduction d'excrétion n'est pas liée à la saison (elle se produit toujours sur août-septembre). Il reste « que la terre à foulon ne prévient pas totalement la transmission virale lorsque [l'expérience se déroule] en vie réelle ».
L'excrétion fécale du FCoV peut durer plusieurs mois après l'infection, transitoire, aussi les auteurs ont-ils comptabilisé les nouvelles infections (écouvillon positif sur un chat après un résultat négatif) et ils observent que la première litière test est associée à un moindre nombre de réinfections dans l'élevage (témoin non évalué in vitro), mais pas dans la famille (témoin trouvé efficace in vitro), là encore sans résultat probant. Ils proposent que le mécanisme d'action de l'argile smectique soit plus par liaison (forte) des particules virales que par inactivation intrinsèque. Et ils soulignent que rien ne permet de supposer que ces argiles seront efficaces pour rompre le cycle de transmission virale car certains chats « peuvent excréter plusieurs milliards de particules virales par gramme de fèces ». Il est donc important que « les personnes ayant plusieurs chats à leur domicile ne supposent pas que la litière peut totalement prévenir la transmission du FCoV ». Ils retiennent surtout de cette étude « les information utiles à monter le protocole d'une étude de plus grande ampleur », où les litières trouvées les plus et les moins efficaces in vitro pourraient être comparées en conditions réelles. En attendant de tels résultats , « le meilleur avis relatif à la prévention du FCoV est que, lorsque c'est possible, les chats aient un accès extérieur pour aller déféquer, ou de fournir des litières individuelles et séparées à chaque chat d'un foyer ».
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