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20 novembre 2018

Ovario ou ovario-hystérectomie : même douleur pour la chatte

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

La préparation du site opératoire et l'abord chirurgical étaient les mêmes dans les deux groupes de chattes : stérilisées par ovario-hystérectomie ou ovariectomie par la ligne blanche, dans cette étude sur 20 cas (cliché V. Dedet).
La préparation du site opératoire et l'abord chirurgical étaient les mêmes dans les deux groupes de chattes : stérilisées par ovario-hystérectomie ou ovariectomie par la ligne blanche, dans cette étude sur 20 cas (cliché V. Dedet).
 

Constatant que les habitudes des vétérinaires varient selon les pays – ovariectomie dans la plupart des pays d'Europe dont la France et ovario-hystérectomie en Amérique du Nord – des chercheurs brésiliens ont comparé les inconvénients des deux techniques chez la chatte : douleur postopératoire et complications. Comme pour la chienne, l'ovario-hystérectomie est plus longue à réaliser mais elle ne génère pas davantage d'inconfort pour l'animal.

Suivi quotidien pendant 10 jours

L'étude, prospective, randomisée et en aveugle (pour le suivi postopératoire !), a porté sur 20 chattes en bon état de santé, stérilisées pour raison de convenance (10 suivant chacune des deux méthodes) et par les mêmes vétérinaires, anesthésiste et chirurgien. L'ovariectomie était effectuée par la ligne blanche.

Le protocole anesthésique était identique indépendamment de la technique (prémédication à l'acépromazine, induction au propofol puis entretien à l'isoflurane). L'analgésie peropératoire était réalisée par une perfusion à débit constant de remifentanyl (Ultiva°, non commercialisé en France), choisi pour sa courte demi-vie et l'absence d'effet antalgique résiduel, afin de ne pas interférer avec l'analgésie post-chirurgicale. Deux administrations IV de méloxicam (0,1 mg/kg) étaient en effet effectuées, à la fin de la chirurgie puis 24h après, avant de rendre le chat à son propriétaire. Un relais per os était prescrit, associant méloxicam (1 jour) et tramadol (2 fois par jour pendant 3 jours, molécule sans indication dans l'espèce féline en France).

La douleur était évaluée avant la chirurgie (score de base), après celle-ci, puis régulièrement durant les 24h d'hospitalisation : relevé de paramètres physiologiques comme les fréquences cardiaques et respiratoires, mesure de la glycémie, score de sédation et score de douleur (à l'aide de quatre grilles différentes). Un suivi de l'animal, quotidiennement par téléphone et en consultation après 7 puis 10 jours, était également effectué, pour rapporter notamment la survenue d'éventuelles complications postopératoires.

Douleur d'intensité équivalente

Sans surprise, les résultats montrent que la procédure chirurgicale est un peu plus longue lors d'ovario-hystérectomie, de quelques minutes : 30 minutes contre 25 en moyenne. Les chattes de ce groupe présentent aussi une fréquence cardiaque et une glycémie plus élevées dans l'heure suivant la sortie du bloc, mais pas par la suite (le stress lié à la douleur est susceptible d'être en lien avec l'augmentation de la glycémie). L'ovariectomie est en effet une technique plus facile et moins invasive, globalement.

En revanche, les deux techniques génèrent une douleur d'intensité équivalente : les scores de douleur sont supérieurs suite à une ovario-hystérectomie, mais sans différence statistiquement significative. De même, 2 cas de ce groupe ont reçu un traitement antalgique supplémentaire 1 ou 4h après l'intervention (tramadol IV, 2 mg/kg), et aucun dans l'autre groupe, mais sans que cette variation ne soit significative.

Cette absence de différence entre les deux techniques concernant la douleur post-chirurgicale avait déjà été montrée chez la chienne.

Libre choix du chirurgien

D'autres études ont rapporté un risque plus élevé d'hémorragie post-chirurgicale en cas d'ovario-hystérectomie. Ici toutefois, aucune complication chirurgicale n'est signalée chez aucun des animaux opérés, durant l'hospitalisation puis les 10 jours du suivi. Selon les auteurs (qui publient leurs résultats en libre accès dans BMC Vet. Research), le critère principal de choix de la technique opératoire demeure ainsi la préférence (et l'expérience) du chirurgien vétérinaire.