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14 novembre 2018

En 2017, la consommation d'antibiotiques a diminué pour (presque) toutes les espèces… mais pas en chiens-chats (+6,6 %)

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

L'exposition des carnivores domestiques aux antibiotiques est remontée de 6,6 % en 2018, indique le rapport du suivi des consommations publié ce 13 novembre par l'Anses-ANMV. En pointillés figure l'ALEA pour toutes les espèces animales ; en rouge celui des chiens et chats (source : D. Urban, ANMV).
L'exposition des carnivores domestiques aux antibiotiques est remontée de 6,6 % en 2018, indique le rapport du suivi des consommations publié ce 13 novembre par l'Anses-ANMV. En pointillés figure l'ALEA pour toutes les espèces animales ; en rouge celui des chiens et chats (source : D. Urban, ANMV).
 

La médecine canine (et féline) a consommé « environ 16 t » de matière active antibiotique en 2017. C'est en augmentation par rapport à 2016 (+2,9 %), même si, au regard de 2011 (année de référence pour les objectifs du premier plan EcoAntibio), cela représente un recul de 4 %. En exposition (exprimée en ALEA), 2017 est aussi trouvée en augmentation, de 6,6 %. Si cela ne marque pas forcément un phénomène durable, la présentation du suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antibiotiques en France en 2017 à Paris le 13 novembre par Mme Delphine Urban (Anses-ANMV) précisait toutefois que les chiens-chats sont le seul secteur de la médecine vétérinaire à augmenter de la sorte (avec les bovins à +1,2 %).

C3/C4G en recul sur 4 ans

Cette augmentation porte surtout sur « les pénicillines, les aminoglycosides, les céphalosporines de premières et dernières générations ». Car si, sur les 4 dernières années, l'ALEA pour les céphalosporines de 3e et 4e générations (C3/C4G) a diminué de 65,5 % pour les carnivores domestiques, « une augmentation de 21,7 % est observée entre 2016 et 2017 (voir le graphique ci-dessous). Cette évolution sera à surveiller dans les prochaines années », préviennent les rapporteurs de l'Agence nationale du médicament vétérinaire.

Évolution de la part de l'ALEA céphalosporines de 3e et 4e générations sur l'ALEA total par espèce (source : Anses/ANMV, 2018).

Fluoroquinolones en baisse

Pour les fluoroquinolones, en revanche, la canine ne déroge pas : « une diminution de l'exposition aux fluoroquinolones a été observée en 2017 pour toutes les espèces » ; elle est de 36,5 % en chiens-chats. Toutefois, « la part de l'ALEA fluoroquinolones sur l'ALEA total est inférieure à 1 % pour toutes les espèces, excepté les chats et les chiens (2,9 %) » (voir le graphique ci-dessous).

Évolution de la part de l'ALEA fluoroquinolones sur l'ALEA total par espèce (source : Anses/ANMV, 2018).

Voie orale en progrès

L'ALEA calculé pour les chiens et chats est de 0,641. « Un ALEA de 1 signifierait que pour une espèce donnée, le poids vif traité estimé correspond exactement au poids vif total (produit) de la population ». Ainsi, les ventes d'antibiotiques à destination des carnivores domestiques ont permis de traiter 64,1 % du total du poids vif de ces espèces… C'est la voie orale qui domine dans les traitements antibiotiques de ces espèces, et l'exposition par cette voie a augmenté de 6,2 % en un an (et de 8,9 % depuis 2011). En revanche, l'augmentation de 8 % en un an pour la voie injectable ne doit pas masquer le recul de 48,7 % depuis 2011.

Effet de seuil ?

Dans leur discussion, les rapporteurs signalent que les nets reculs de consommation d'antibiotiques enregistrés jusqu'en 2016 font apparaître « un effet de seuil » en 2017, qui restera à confirmer. Au point qu'ils concluent « s'attendre à une stabilisation de l'exposition aux fluoroquinolones et céphalosporines de dernières générations pour les années à venir », sur l'ensemble de la médecine vétérinaire. Ils signalent aussi que « la baisse des [C3/C4G] et [d]es fluoroquinolones se traduit principalement par un report sur les aminoglycosides, pénicillines, sulfamides et triméthoprime pour les traitements parentéraux administrés aux bovins et aux carnivores domestiques ». Comme « la dynamique pour l'utilisation prudente et responsable des antibiotiques en médecine vétérinaire doit être maintenue », « l'impact de la diminution importante du recours aux [C3/C4G], aux fluoroquinolones et à la colistine [en productions animales] doit être analysé au cours des prochaines années ». Ainsi, Delphine Urban (Anses-ANMV) a-t-elle précisé qu'un panel de cliniques vétérinaires a été mis en place, en collaboration avec l'Afvac et le Snvel, pour disposer d'une évaluation continue des consommations en médecine canine. Car le nouveau règlement européen sur le médicament vétérinaire adopté le 25 octobre dernier impose aux États membres de « transmettre des données de ventes et d'utilisation d'antimicrobiens par espèce » d'ici 2021.