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17 août 2018
Les félins trustent les premières marches du podium des animaux les plus charismatiques en Occident
Pour une fois, il ne s'agit pas d'un sondage mais d'une étude scientifique – française – qui a recoupé des données issues de quatre approches différentes pour tenter d'établir le « palmarès des 20 espèces animales les plus charismatiques en occident ». Le résultat en est contre-intuitif : les baleines, si aimées, pointent en 20e et dernière place du classement, devancées de justesse par les koalas.
Mais là où le résultat est plus attendu, c'est que quatre espèces de félidés figurent parmi les 7 espèces les plus charismatiques. Sheer-khan devance Simba sur la plus haute marche du podium, devançant Djumbo et Sophie la girafe… La panthère arrive en 5e place, devant le guépard, bon 7e. Entre les deux s'intercale le grand panda. Seul canidé cité, Isengrain est 9e. Goupil est exclu du top-20 (voir le tableau ci-dessous), mais pas Brun (18e). Faut-il voir dans ces goûts le reflet de la tendance actuelle à préférer les chats aux chiens dans les foyers européens ? Peut-être, mais il convient de noter qu'aucune des espèces citées n'appartient aux NAC. Ce sont toutes des espèces exotiques et presque toutes de grande taille.
La nationalité et la catégorie socio-professionnelles des répondants n'avaient pas d'impact sur ce classement. Le charisme fait référence à des espèces dites “étendards” utilisées pour « éveiller la conscience du grand public aux problèmes de conservation et soutenir les campagnes de levées de fonds ». Ce charisme est en lien avec un potentiel de communication auprès du grand public, et ce n'est pas un mot en l'air : « utilisé depuis le début des années 1990 pour décrire des espèces animales, il a fait l'objet de plus de 300 publications ». Les auteurs relèvent d'ailleurs que presque toutes les espèces citées ont déjà fait l'objet de campagnes publiques de conservation. Mais « il n'est pas possible de préciser quelle fraction de leur charisme provient de telles campagnes et quelle autre de leurs caractéristiques intrinsèques ». Ils remarquent aussi que le terme “menacé” n'est évoqué que pour la moitié de ces 20 espèces, alors qu'elles le sont toutes. De plus, l'apparence physique ne fait pas seule le charisme puisque le requin blanc ou le crocodile recueillent plus les qualificatifs “impressionnant” et/ou “dangereux”.
Les auteurs ont souhaité pouvoir fournir une définition observante des sciences humaines pour ce terme, d'où l'étude engagée, qui a comporté quatre volets comme autant de sources d'une note de charisme pour chaque espèce. Les quatre volets, qui ne s'intéressaient qu'au monde occidental, étaient :
Dans tous les cas, la taxonomie précise des espèces n'est pas forcément la priorité, ce qui aboutit à ne pas distinguer les éléphants d'Afrique ou d'Asie, ou à ne pas préciser au-delà des termes “dauphin” ou “baleine”.
Ces résultats, espèrent les auteurs, devaient permettre de « mieux cibler les campagnes de levée de fonds pour la conservation des espèces animales » qui, du fait du grand nombre d'espèces menacées, doivent se concentrer sur quelques “têtes de gondoles”. Pourtant, des chercheurs de la même unité de recherche (Écologie, Systématique et Évolution, université Paris-Sud) avaient déjà publié, avec d'autres auteurs, un premier résultat en avril dernier portant cette fois sur les 10 espèces animales les plus charismatiques, mais dont le lien avec le statut de conservation était décrit plus en détail. S'ils trouvaient les même 10 espèces, ils montraient aussi que celles-ci restent « à risque très élevé d'extinction à l'état sauvage » sans que les répondants soient conscients de la criticité de cette menace. Cet apparent paradoxe avait été attribué à la représentation de ces espèces dans la vie quotidienne des occidentaux : les images de tigre ou de lion par exemple figurent sur de nombreux produits et logos commerciaux. Pour ces auteurs, cette « abondance virtuelle » vient « biaiser la perception de la criticité de l'espèce », dont le grand public n'a pas pleinement conscience. Ils suggèrent donc « un mécanisme par lequel ces populations [animales] virtuelles n'entreraient pas en compétition avec les espèces menacées, mais au contraire leur bénéficieraient ». Cette compensation se ferait « par un mécanisme de paiement de droits pour une utilisation commerciale » de l'image de l'espèce. Ce qui « permettrait de sécuriser des financements pour la biologie de la conservation ». Un tel dispositif « demandera des travaux innovants interdisciplinaires impliquant des scientifiques de la conservation, des économistes environnementaux, des universitaires du droit, mais cette expertise est disponible et l'entrée en action est urgemment nécessaire ». Car les populations actuelles estimées de :
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