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14 septembre 2021

1 mois pour juger de l'efficacité de la dissolution médicale des calculs urinaires chez le chien

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

 

Le traitement de première intention des calculs de struvite chez le chien est la dissolution médicale, obtenue par une alimentation spécifique, éventuellement combinée à une antibiothérapie, pour acidifier les urines et traiter l'éventuelle infection urinaire présente. Malgré ces préconisations, le Minnesota Urolith Center aux États-Unis, qui analyse des calculs envoyés du monde entier, détecte beaucoup (trop) de calculs de struvite (40 000 sur une année). Une équipe de l'école vétérinaire qui héberge le centre a donc mené une étude pour évaluer l'efficacité de ce traitement, apprécié jusque-là dans des études sur de très petits effectifs (6 à 11 chiens), et pour en identifier les éventuels facteurs de succès ou d'échec.

Cohorte de 50 cas

Ces cliniciens ont donc répertorié les dossiers médicaux de 50 chiens traités médicalement pour une suspicion de calculs de struvite (visibles à la radiographie ou à l'échographie). Et ils ont analysé rétrospectivement leur évolution (renseignée à l'occasion des visites de suivi, au moins une).

Plus de la moitié des chiens présentaient une infection urinaire (n=27) confirmée (ultérieurement) par les analyses d'urine ou la mise en culture. Une antibiothérapie avait été prescrite dans 18 cas sur les 50 (par le vétérinaire traitant) avant la consultation prise en référence pour l'étude (dont 7 présentaient alors une infection). Et des antibiotiques ont alors été prescrits dans 41 cas, en complément des mesures diététiques (sur une durée de 30 jours en médiane).

58 % de dissolution totale

Les résultats montrent que le taux de succès du traitement atteint 58 % : une dissolution complète est obtenue chez 29 chiens (voir tableau en illustration principale).

Les cas de non-efficacité regroupent :

  • Les cas de dissolution partielle, lors de réduction des calculs en taille ou en nombre (7 cas), ce qui sous-estime finalement le taux de succès ;
  • Les cas d'échec, constaté après au moins 4 semaines (7 cas) ;
  • Les cas indéterminés (pas d'effet constaté mais avant 4 semaines ou pas d'examen d'imagerie réalisé, 7 autres cas), chez lesquels des complications ont généralement motivé l'arrêt du traitement.

Dans les cas de succès, une amélioration est observée dans un délai médian de 29 jours (entre 10 et 75 jours), puis la dissolution complète après 35 jours en médiane (13 à 167 jours). 28 de ces 29 chiens avaient reçu une antibiothérapie. Et l'analyse des calculs, réalisée dans 7 cas, confirme qu'ils sont tous composés de struvite (entre 90 et 100 %).

Une amélioration dans les cas de dissolution partielle est observée après 34 jours. 5 sur les 7 chiens concernés avaient été traités par des antibiotiques.

Dans les cas d'échec, celui-ci a été observé après 44 jours en médiane. 2 chiens sur les 7 avaient reçu des antibiotiques. L'analyse des lithiases, chez 6 chiens, a montré qu'ils étaient tous composés d'autres cristaux que des struvite à plus de 10 %.

Réévaluation après 1 mois

En termes de complications, les 9 cas ont été des cas d'obstruction urinaire (n=4, mais dont 3 dès la première consultation, traités par hydropulsion rétrograde), de pancréatite (n=2), de troubles digestifs (vomissements, anorexie, 2 cas) et de persistance des signes cliniques (1 cas).

L'analyse montre aussi que le pH urinaire, la taille ou le nombre de calculs (de plus de 1 mm) ne sont pas des paramètres associés significativement au taux de succès.

En revanche, les chiens traités par antibiothérapie ont plus de chance d'évoluer favorablement (28 cas sur 41). Et, sans surprise, le risque d'échec est plus élevé lorsque les calculs sont composés de struvite à moins de 90 %.

Ces observations font conclure aux auteurs qu'un traitement médical des urolithiases à struvite (supposés) constitue un traitement de première intention, sauf en cas d'obstruction urinaire avérée.

Une réévaluation après environ un mois permet d'objectiver son efficacité, afin d'envisager un traitement alternatif si l'évolution n'est pas favorable.