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13 juillet 2021

Pour éviter d'interdire les animaux dans les animaleries, un guide bien-être animal est validé par les autorités

par Eric Vandaële

Temps de lecture  4 min

Les animaleries sont-elles accusées et condamnées à tort d'importer des chiots d'Europe de l'Est ? Face à la proposition de loi d'interdire la vente de chiots et de chatons dans les animaleries, leurs syndicats ont fait valider par le ministère de l'agriculture un guide de 240 pages « visant à assurer le bien-être des animaux de compagnie dans les animaleries »… Tout un programme ! Photo France3 Hauts-de-France (2016)
Les animaleries sont-elles accusées et condamnées à tort d'importer des chiots d'Europe de l'Est ? Face à la proposition de loi d'interdire la vente de chiots et de chatons dans les animaleries, leurs syndicats ont fait valider par le ministère de l'agriculture un guide de 240 pages « visant à assurer le bien-être des animaux de compagnie dans les animaleries »… Tout un programme ! Photo France3 Hauts-de-France (2016)
 

Chez les vétérinaires, les animaleries n'ont souvent pas bonne réputation, notamment en termes de « bien-être animal » ou même de santé animale. Les fameuses animaleries parisiennes des quais de la Seine étaient réputées pour vendre des chiots ou des chatons qui rapidement arrivaient malades chez le vétérinaire.

Les scandales d'importations de chiots provenant de l'Europe de l'Est — les fameuses « usines à chiots » de Hongrie notamment — et revendus ensuite dans des animaleries sont régulièrement dénoncés dans les médias. Ces trafics sont aussi souvent condamnés par les tribunaux. Il est vrai aussi que les éleveurs de chiens préfèrent, de loin, vendre leurs chiots directement aux particuliers plutôt que par une animalerie…

En outre, l'an dernier, les premiers cas d'Influenza aviaire hautement pathogène confirmés en France l'ont été dans des animaleries d'Ile-de-France (Yvelines) et de Corse.

Les animaleries s'engagent sur le bien-être animal… Chiche ?

Sur ce sujet difficile de la santé et du bien-être animal en animaleries, la direction générale de l'alimentation (DGAL) du ministère de l'agriculture vient de publier, dans son Bulletin officiel, un avis qui valide officiellement un guide « visant à assurer le bien-être des animaux de compagnie dans les animaleries ». Ce guide de 240 pages n'est pas anodin. Il a été rédigé par les deux syndicats représentatifs des animaleries : Prodaf (syndicat des professionnels de l'animal familier) et la fédération des « jardineries et animaleries de France ». Deux vétérinaires y ont aussi contribué. Et trois membres de l'Académie vétérinaire, Claude Milhaud, Jacques Rigoulet et Philippe de Wailly, lui donne une caution vétérinaire et scientifique.

Les 240 pages de guide ne s'intéressent pas seulement au bien-être animal. Il s'agit davantage d'un  bon manuel pratique, technique et réglementaire, complet et illustré pour les gestionnaires et les professionnels des animaleries sur l'achat, l'hébergement, l'alimentation, les soins et la vente aux particuliers des animaux de compagnie.

La multitude des espèces animales traitées — chiots, chatons, furets, lapins, rongeurs, oiseaux et poissons — explique en partie le volume de ce guide qu'il est évidemment impossible à lire d'une seule traite.

En validant ce guide, le ministère de l'agriculture, souvent en première ligne dans les affaires d'importations illicites ou de cas d'influenza aviaire, souligne qu' « il est désormais de la responsabilité des professionnels de l'animalerie » d'appliquer et d'actualiser ce guide qu'ils ont eux-mêmes rédigé. Il va donc falloir maintenant faire précisément ce qui est écrit. Et cela ne sera pas toujours facile.

Vacciné depuis 5 jours, le chiot pèse au moins 1 kg et le chaton 800 g

Le guide détaille longuement les procédures de choix d'un fournisseur situé dans l'Union européenne avec parfois un transport de longue distance depuis l'état de provenance. Selon les statistiques d'iCad, environ 30000 chiens et 10000 chats sont importés chaque année, dont 85 % en provenance d'Europe.

Sur le chapitre des vétérinaires intervenant en animaleries, il est rappelé qu'une animalerie doit désigner un vétérinaire sanitaire qui, entre autres, rédige le règlement sanitaire de l'animalerie. Les actes de médecine et de chirurgie vétérinaire sont réalisés par le vétérinaire libéral qui peut être identique ou différent du vétérinaire sanitaire.

Le règlement sanitaire décrit surtout, les règles d'hygiène, notamment les procédures de nettoyage et de désinfection des locaux et du matériel, leur fréquence, les prophylaxies à mettre en place etc.

Le guide recommande que les chiots et chatons (obligatoirement âgés d'au moins 8 semaines) soient traités, si le vétérinaire le recommande, par un antiparasitaire externe avant leur introduction, et par un vermifuge le lendemain. Le guide recommande que ces chiots et chatons soient vaccinés depuis au moins 5 jours avant l'entrée dans le magasin avec une première injection « CHP » pour les chiots ou « Typhus Coryza » pour les chats. Un poids minimal est recommandé : 1 kg pour les chiots, 800 g pour les chatons. Ce qui nécessite que l'animal soit pesé sur une balance adaptée !

« Plus qu'un métier, une passion »… contre la loi sur la maltraitance animale

Avec ce guide « bien-être » de 240 pages, les animaleries tentent aussi, sans le dire explicitement, de s'opposer à la proposition de loi contre la maltraitance animale qui veut interdire la vente d'animaux de compagnie dans les animaleries. Défendue par le député-vétérinaire Loïc Dombreval, cette proposition de loi a été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale le 29 janvier dernier (voir LeFil du 29 janvier).

Dans son article 4-quinquies, la proposition de loi interdit, « pour des raisons éthiques et sanitaires », la vente en animaleries de chiens de chats, voire, telle qu'elle est rédigée, d'autres animaux de compagnie.

Toutefois, l'examen de cette proposition de loi n'est toutefois pas encore inscrit à l'agenda au Sénat pour une première lecture. Les députés avaient adopté cette interdiction de ventes d'animaux de compagnie par les animaleries contre l'avis du gouvernement et en particulier du ministre de l'agriculture.

L'animalerie, « plus qu'un métier, une passion »… C'est la dernière phrase de conclusion ce guide qui semble donc s'adresser autant aux hommes politiques qu'aux professionnels des animaleries.