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4 mai 2021

« Allo Docteur, il y a une tique dans mon jardin… »

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

La chasse aux tiques est ouverte du 5 mai au 11 juillet prochains, pour les résidents des environs de Nancy, dans le cadre d'un projet de recherche participative,  TIQUoJARDIN. Celui-ci devrait, à terme, couvrir l'ensemble de la France et fait suite à la forte hausse du signalement de morsures de tiques dans les jardins des particuliers, pendant le premier confinement. TIQUoJARDIN « s'inscrit dans le programme de recherche participative CiTIQUE », « rendu possible grâce au travail en synergie de plusieurs acteurs de la recherche scientifique, associatifs et publics », dont l'Anses, Inrae et le CPIE de Nancy-Champenoux.
La chasse aux tiques est ouverte du 5 mai au 11 juillet prochains, pour les résidents des environs de Nancy, dans le cadre d'un projet de recherche participative,  TIQUoJARDIN. Celui-ci devrait, à terme, couvrir l'ensemble de la France et fait suite à la forte hausse du signalement de morsures de tiques dans les jardins des particuliers, pendant le premier confinement. TIQUoJARDIN « s'inscrit dans le programme de recherche participative CiTIQUE », « rendu possible grâce au travail en synergie de plusieurs acteurs de la recherche scientifique, associatifs et publics », dont l'Anses, Inrae et le CPIE de Nancy-Champenoux.
 

Le premier confinement et la météo printanière ont eu un effet imprévu : « alors qu'entre 2017 et 2019, 28 % des personnes [participant volontairement au projet CiTIQUE de signalement des morsures de tiques] avaient déclaré s'être fait piquer dans un jardin privé en France, le taux de déclaration des piqûres dans ce lieu s'est élevé à 47 % entre mars et avril 2020 sur l'ensemble du territoire métropolitain ».

Chasseurs de tiques

Ce bilan, relevé dans un communiqué de presse du projet publié fin avril, « confirme l'importance du risque de piqûres dans les jardins, ce milieu familier étant souvent moins perçu comme à risque par les particuliers que les sorties en forêt », qui restent la première cause des signalements. Aussi, les chercheurs qui pilotent CiTIQUE ont-ils réagi en créant « un nouveau volet du programme participatif, [qui] cible de manière expérimentale les jardins privés des communes du Grand Nancy et alentours » et démarre dès ce 5 mai. Il propose aux habitant de devenir « chasseurs de tiques ». Le premier objectif de “TIQUoJARDIN” est de « mieux connaître le risque sanitaire lié aux tiques dans les jardins en y étudiant la densité de tiques présentes, la fréquence de piqûres de tiques, [et] les agents pathogènes présents dans ces tiques ».

100 m2 et un drapeau

La « mission » proposée aux habitants de Meurthe-et-Moselle demeurant « à moins de 30 km de la Métropole du Grand Nancy » et ayant un jardin d'au moins 100 m2 est avant tout de répondre à un questionnaire en ligne, puis de se procurer un kit de prélèvement dans l'un des trois « points relais » du projet, de le monter (il s'agit de la méthode du drapeau, consistant à traîner au sol un tissu blanc d'un mètre carré pour collecter les tiques en quête d'hôte), et de rapporter leurs trophées (dans des tubes scellés) au même point relais, non sans avoir répondu à un second questionnaire post-chasse. Pour cela, les volontaires peuvent se former via un tutoriel en ligne et/ou assister à un webinaire le 5 mai. L'objectif est bien sûr de prendre les précautions adaptées pour ne pas subir de morsure pendant la chasse. Il s'agira de la « première en Europe » pour une « étude du risque sanitaire lié aux tiques dans les jardins privés ». Celle-ci devrait, à terme, « s'étendre pour consolider la fonction d'observatoire permanent et de cartographie des risques liés aux tiques sur le territoire, qui nécessite de renforcer le soutien à ce programme dans un objectif de santé publique ». Le projet ne prévoit pas de diagnostic personnalisé : « les résultats sur les agents pathogènes trouvés dans les tiques seront globalisés et ne pourront pas être transmis individuellement à chaque jardin participant ».

Une tiquothèque

Créé courant 2017, le projet CiTIQUE de recueil de données et d'échantillons en lien avec l'exposition des humains et de leurs animaux de compagnie aux morsures de tiques vient en effet de dresser un court bilan. Les nombreux partenaires institutionnels de ce projet de science collaborative font état de « plus de 56 000 signalements de piqûres de tiques sur l'ensemble du territoire (humains et animaux confondus) », dont 27 884 depuis mai 2020 (date de la mise en ligne de la nouvelle version de l'application utilisée pour le signalement). De même, « plus de 35 000 tiques [ont été] transmises et archivées dans la seule “tiquothèque” française de tiques piqueuses, plus de 2 500 tiques analysées ». Plusieurs autres points saillants sont fournis dans ce bilan :

  • 15 % des tiques collectées sur un humain depuis 2017 « étaient porteuses de cette bactérie », Borrelia burgdorferi sensu lato, agent de la maladie de Lyme ;
  • et 14 % des tiques analysées « étaient porteuses d'un autre agent pathogène [bactérien/parasitaire] potentiellement dangereux pour la santé humaine et animale ». Malheureusement, la cartographie fournie dans le communiqué ne permet ni de distinguer de quels agents il s'agit, ni la proportion de B. burgdorferi parmi eux (voir la carte ci-dessous). Toutefois, les taux de positivité plus élevé dans l'Est et le Centre se superposent à ceux de l'incidence de la maladie de Lyme (à l'exception du sud-est).

Proportion de tiques envoyées au projet CiTIQUE et trouvées positives pour la présence du génome d'un pathogène, pour 12 des 13 régions métropolitaines, sans mention des espèces pathogènes identifiées, ni de l'origine des tiques (fixées sur un humain ou un animal). Sources : CiTIQUE, Inrae, 2021.