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1er avril 2021

One health. Si les vétos vaccinent covid, les médecins, pharmaciens et infirmiers peuvent vacciner les animaux

par Eric Vandaële

Temps de lecture  6 min

Les vétérinaires vaccinateurs vus dans la presse
Le one health avance à pas de géant ! Après avoir proposé aux vétérinaires de vacciner les humains contre la covid, le ministère de la santé envisage désormais que les médecins, les pharmaciens et les infirmiers puissent vacciner les animaux dans un but de santé publique et pour remédier à la pénurie de vétérinaires.
Les vétérinaires vaccinateurs vus dans la presse
Le one health avance à pas de géant ! Après avoir proposé aux vétérinaires de vacciner les humains contre la covid, le ministère de la santé envisage désormais que les médecins, les pharmaciens et les infirmiers puissent vacciner les animaux dans un but de santé publique et pour remédier à la pénurie de vétérinaires.
 

One Health. Une seule santé humaine, animale, voire environnementale, au service de la santé de la planète. Ces derniers jours, avec l'arrivée de la troisième vague covid, la notion de One health n'est plus seulement un concept mais une réalité.

Les vétérinaires peuvent désormais, s'ils sont volontaires, aider leurs “confrères” et “consœurs” de la santé humaine, médecins, pharmaciens, infirmiers… à lutter contre l'extension de pandémie en participant à la campagne de vaccination (voir LeFil du 29 mars 2021). À l'évidence, beaucoup de praticiens ont été sensibles à cette forme de reconnaissance des vétérinaires pour participer à cette campagne de vaccination.

Une belle campagne de communication pour les vétérinaires

D'autant que les médias grand public, un peu surpris comme nous de cette passerelle inhabituelle entre les deux médecines, ont bien relayé l'information et fait, indirectement, une belle campagne de communication pour les vétérinaires. Même le président Emmanuel Macron l'a évoqué les vétérinaires hier soir lors de sa septième allocution télévisée sur cette crise.

Toutefois, les vétérinaires ne pourront vacciner covid que dans les centres de vaccination (et non dans leurs cliniques), après avoir été formés, et « sous la responsabilité d'un médecin pouvant intervenir à tout moment ». Les vétérinaires intéressés peuvent se faire connaître en contactant directement un centre de vaccination de leurs choix (voir la liste sur ce lien) ou se déclarer auprès de l'ARS, ou encore sur la plateforme de renfort RH crise covid du ministère de la santé sur ce lien. Sur cette plateforme, l'option « vétérinaires » à la rubrique « professions exercées » n'est pas encore ouverte mais devrait l'être assez rapidement.

Seuls les vétérinaires qui vaccinent seront vaccinés

« Les vétérinaires qui se porteront volontaires pour participer à la campagne de vaccination covid pourront, comme les professionnels de santé, aussi se faire vacciner en priorité dès maintenant » précise un communiqué commun de l'Ordre des vétérinaires, du syndicat (SNVEL) et du chef de corps des inspecteurs de santé publique vétérinaire (ISPV). En revanche, les vétérinaires qui ne seront pas volontaires pour vacciner covid ne seront pas listés parmi les professionnels de santé prioritaires pour cette vaccination.

Quand la fierté tourne à l'humiliation sur la question du prix

Chez les vétérinaires, cette fierté d'être reconnu comme un professionnel utile pour la santé humaine a toutefois souvent viré à l'humiliation voire à la colère quand ils ont découvert que la rémunération prévue pour eux (160 € par demi-journée) est de 30 % inférieure à celle des infirmiers (220 €), près de deux fois plus faible que celle des pharmaciens (280 €) et près de trois fois plus petite que celle des médecins (420 €). Ce n'est d'ailleurs pas tant le montant en valeur absolue qui a choqué les praticiens que l'écart avec les médecins et les pharmaciens. Comment d'ailleurs ne pas se sentir dévalorisé par cette comparaison ? À l'évidence, il aurait sans doute mieux valu proposer une participation bénévole des vétérinaires que ce (sous) tarif. D'autant que les rémunérations proposées sont des rémunérations brutes. Les caisses de sécurité sociale qui procéderont au paiement en déduiront les charges sociales. Pour l'impôt sur le revenu, le prélèvement à la source n'étant pas possible, ces rémunérations imposables devront aussi être déclarées au centre des impôts.

Conscient de la colère que cela pouvait générer, les organisations vétérinaires soulignent que toutes ces dispositions « ne sont pas issues d'une quelconque négociation ». Il n'est d'ailleurs pas du tout certain que les centres de vaccination aient besoin des bras des vétérinaires pour piquer, plus ou moins à la chaîne, les patients qui ont, — par miracle, réussi à obtenir un créneau pour se faire vacciner. Le décret qui permet aux 20000 vétérinaires de vacciner covid le permet aussi à plus d'un demi-million de personnes supplémentaires dont principalement les 135000 étudiants en médecine, pharmacie ou en soins infirmiers ainsi qu'à 235000 pompiers volontaires ou professionnels.

Pour pallier le manque de vétérinaires… un projet « one health »

Néanmoins, toutes ces discussions au plus haut niveau, parfois dans les couloirs des ministères parisiens désertés par le télétravail, ont permis aux médecins de mieux appréhender les problèmes des vétérinaires. Car il n'y a pas que les couloirs des ministères qui soient désertés, mais il a aussi des déserts vétérinaires dans certaines zones rurales et une pénurie criante de praticiens dans tous les secteurs, en ville comme en milieu rural.

Cette crise covid a au moins permis au ministère de la santé d'en prendre conscience, et même de s'en inquiéter dans une logique « one health ». Si les animaux sont mal soignés, voire mal vaccinés, n'y a-t-il pas un risque pour la santé publique et les personnes qui côtoient ces animaux ou en consomment la viande, le lait ou les œufs ?

Conscient de ce nouvel enjeu, le ministère de la santé a fait une proposition originale que personne n'aurait imaginée il n'y a encore que quelques mois. S'il devient possible, à des vétérinaires volontaires de « piquer » des patients (humains) pour les vacciner, il ne semble aussi tout à fait envisageable de permettre aux médecins, aux pharmaciens, aux infirmiers de vacciner des animaux. En d'autres termes, les vétos épaulent les médecins pour vacciner leurs patients. Par réciprocité et, en quelque sorte en remerciements, les médecins, les pharmaciens ou les infirmiers pourraient aussi aider les vétérinaires à vacciner un plus grand nombre d'animaux.

Les vaches mieux gardés avec les médecins « sous la responsabilité d'un vétérinaire »

Évidemment, de la même façon que les vétérinaires volontaires ne peuvent vacciner que dans les centres de vaccination covid, les médecins, pharmaciens et infirmiers volontaires ne pourront vacciner les animaux que dans les cliniques vétérinaires ou dans les dispensaires et, seulement, « sous la responsabilité d'un vétérinaire pouvant intervenir à tout moment ». Avec le plan de relance, « on pourrait même envisager de subventionner des maisons de santé où seraient inclus à la fois un cabinet vétérinaire et un cabinet médical » s'enthousiasme-t-on dans les couloirs de la rue de Ségur (l'adresse parisienne du ministère de la santé).

Par souci d'équité, les professionnels de santé humaine qui accepteraient d'aider un vétérinaire seraient aussi rémunérés 160 € brut par demi-journée de travail au service de la santé animale.

Avec ce projet, le « one health » avance à pas de géant ! Il fait clairement mentir Roselyne Bachelot alors qu'elle était ministre de la santé il y a douze ans. « Le vétérinaire ne connaît pas la médecine humaine. Le médecin ne soigne pas les animaux. Chacun son métier, les vaches seront bien gardées… » avait-elle alors déclaré le 3 juin 2009 devant les députés.

Les vaccins covid pour les animaux arrivent depuis la Russie

Ce projet surprenant arrive curieusement le jour où la Russie annonce avoir officiellement autorisé un vaccin covid pour les chats, les chiens et les visons. Selon l'agence russe, ce vaccin serait un « outil de santé publique, pour éviter que ce coronavirus ne se propage des animaux aux humains ou – dans le pire des cas – mute chez les animaux, puis se propage aux humains sous une forme plus virulente » (voir LeFil du 6 janvier 2021).

Si vous êtes arrivé au bout de la lecture de Fil du 1er avril, vous vous interrogez sans doute sur sa véracité. Vous avez raison ! Mais, dans ce poisson d'avril de l'année 2021, tout n'est pas faux. Le vaccin covid pour les animaux vient bien d'être autorisé en Russie (voir ce lien). Et toutes les précisions données à la vaccination covid par les vétérinaires sont exactes. Mais, évidemment, il n'est pas (encore !) prévu que les médecins, les pharmaciens et les infirmiers viennent épauler les vétérinaires pour la vaccination des animaux…