titre_lefil
logo_elanco

12 janvier 2021

La race du chat et son environnement de vie semblent sans influence sur le risque de lymphome

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

La prédisposition des chats siamois ou de races orientales au lymphome félin n'est pas confirmée dans cette étude, alors que le risque d'atteinte est retrouvé plus élevé chez les mâles et les chats âgés (cliché Pixabay).
La prédisposition des chats siamois ou de races orientales au lymphome félin n'est pas confirmée dans cette étude, alors que le risque d'atteinte est retrouvé plus élevé chez les mâles et les chats âgés (cliché Pixabay).
 

Le lymphome félin est considéré comme la tumeur la plus fréquente dans l'espèce féline. Afin de chiffrer son incidence et sa prévalence, au Royaume-Uni au moins, des chercheurs britanniques ont à nouveau exploité les données du projet VetCompass, qui collecte les dossiers médicaux d'un large réseau de cliniques vétérinaires du pays (plus de 600 ici). Ils ont également analysé les informations disponibles pour déterminer les facteurs de risque de la maladie.

Des cas vus en clientèle généraliste

Au plan méthodologique, tous les cas de lymphomes félins diagnostiqués ou suivis dans les cliniques généralistes participantes ont été recensés sur une année (2016). Les centres de référés ne sont pas inclus afin d'éviter une surestimation de la fréquence de la maladie, et d'obtenir des estimations relatives à la population féline générale.

La mise en perspective des cas répertoriés avec l'ensemble des effectifs de chats reçus en consultation cette année-là a ainsi permis de calculer une prévalence annuelle de 48 pour 100 000 individus (0,48 ‰), et une incidence annuelle de 32 pour 100 000 (0,32 ‰). Ces chiffres pourraient être sous-estimés, selon les auteurs, compte-tenu des frais que représentent les examens nécessaires à l'établissement du diagnostic de certitude, potentiellement refusés par les propriétaires.

Sans surprise, la localisation du lymphome est le plus souvent abdominale (puis lymphatique et respiratoire), généralement digestive. Lorsque renseigné, le grade de la tumeur est le plus fréquemment intermédiaire ou élevé (à 73 %).

Moins de cas chez les chats vaccinés

Pour identifier les facteurs de risque du lymphome félin, l'analyse a porté uniquement sur les nouveaux cas diagnostiqués sur la période d'étude (180, comparé à 803 cas contrôles), en ayant préalablement écarté les chats âgés de moins de 2 ans (en lien notamment avec l'objectif d'évaluer l'impact potentiel des facteurs environnementaux).

L'analyse multivariée identifie ainsi 4 paramètres significativement associés au risque de lymphome :

  • L'âge de l'animal, avec un risque croissant avec les années, ce qui est conforme aux connaissances déjà établies de la maladie (l'âge médian au moment du diagnostic est de 10 ans selon d'autres études, il est de 11 ans ici), les chats de plus de 11 ans ont ainsi 5 fois plus de risque de présenter un lymphome que ceux âgés de 2 à 5 ans ;
  • Le sexe, les mâles étant davantage représentés parmi les chats nouvellement atteints (59 %), et étant associés à un risque de lymphome majoré d'un facteur 1,7, alors que leur prédisposition est rapportée de manière inconstante dans la littérature (suggérée par les résultats de quelques travaux antérieurs, mais pas dans d'autres) ;
  • La souscription d'une assurance santé, bien plus fréquente pour les cas de lymphome (risque multiplié par 3,6), mais vraisemblablement à rapprocher d'une meilleure prise en charge des frais de diagnostic (ce qui le favorise) ;
  • La vaccination, associée à un risque diminué cette fois (la proportion de chats vaccinés est inférieure chez les chats malades par comparaison aux témoins : 59 % versus 66 %), mais de manière faiblement significative, et elle pourrait simplement refléter une meilleure médicalisation et un meilleur niveau de soins du chat, de la part de son propriétaire.

Le statut FeLV et FIV des chats n'a pas été analysé ici, il était trop rarement renseigné dans les dossiers médicaux des chats. Un plus grand risque de développement d'un lymphome chez les chats positifs est suspecté, selon les données d'autres études (mais plutôt chez les jeunes chats). Ici toutefois, le type de vaccination, c'est-à-dire incluant ou non la valence FeLV, s'est révélé sans corrélation avec le risque de maladie (mais les informations des dossiers médicaux étaient souvent parcellaires). Alors que la vaccination contre le FeLV pourrait potentiellement avoir un effet protecteur vis-à-vis du lymphome félin. Ces hypothèses restent ainsi à explorer.

De même, de précédents travaux rapportent une prédisposition du siamois et des races orientales, qui n'est pas retrouvée ici.

Pas d'effet du radon ou des pesticides

L'exposition au tabac, aux pesticides agricoles ou encore au radon comme facteurs favorisant les lymphomes chez l'homme et les animaux domestiques (le chien en particulier) est controversée. Ici, l'étude a évalué l'éventuel impact de l'exposition au radon ou aux pesticides en s'appuyant sur le lieu du domicile des propriétaires des chats. Mais les résultats ne montrent pas de différence significative entre les niveaux d'exposition et la fréquence des lymphomes chez les chats. Le mode de vie des chats (ayant ou non accès à l'extérieur) n'était toutefois pas pris en considération.