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8 janvier 2021

Vétérinaires et auxiliaires contaminent leurs téléphones portables, mais avec leurs propres germes

par Agnès Faessel

Temps de lecture  2 min

Désinfecter régulièrement son téléphone portable, entre une fois par jour et une fois par semaine, n'est effectué que par 21 % du personnel soignant vétérinaire, selon les résultats de cette étude (cliché Pixabay).
Désinfecter régulièrement son téléphone portable, entre une fois par jour et une fois par semaine, n'est effectué que par 21 % du personnel soignant vétérinaire, selon les résultats de cette étude (cliché Pixabay).
 

Nettoyez-vous votre portable de temps en temps ? Car que ce soit pour téléphoner, prendre des photos, lire ses emails, faire une recherche… les vétérinaires et leur personnel le manipulent quotidiennement dans le cadre du travail. Et il pourrait ainsi être un vecteur de transmission indirecte de maladies infectieuses, entre cliniciens et animaux.

Pour en évaluer les risques, une étude a été menée auprès du personnel d'un centre hospitalier universitaire vétérinaire britannique (Bristol). Et ils semblent limités d'après ses résultats (présentés en libre accès dans le JSAP).

Pas ou peu de procédure systématique

48 personnes, vétérinaires, assistants ou auxiliaires (nurses), utilisatrices d'un appareil mobile (téléphone ou tablette) sur leur lieu de travail, et travaillant au contact des animaux (chiens et chats), ont participé à l'étude. Elles ont été questionnées sur l'usage qu'elles font de ces outils, et leurs habitudes de nettoyage et désinfection.

En très large majorité (85 % soit 41 personnes), leur utilisation est quotidienne et fréquente. En revanche, seule une minorité le nettoie régulièrement (le plus souvent avec une lingette éventuellement antibactérienne) :

  • Chaque jour : 6 %
  • Chaque semaine : 15 %
  • Moins d'une fois par semaine : 33 %
  • Jamais : 44 %.

Aucune ne le nettoie à chaque usage.

Près de 7 sur 10 sont « contaminés »

Les appareils ont également fait l'objet de prélèvements par écouvillonnage (écrans, touches), pour mise en culture bactérienne à la recherche d'une contamination par des staphylocoques (milieu sélectif). Et ceux-ci sont présents sur 32 des 47 prélèvements exploitables, soit 68 % : 12 coagulase-positive et 20 coagulase-négative. Le taux de contamination apparaît donc élevé, et probablement sous-estimé, car l'examen n'a pas recherché d'autres bactéries que les staphylocoques.

La sensibilité à deux antibiotiques critiques pour la médecine humaine – la vancomycine et l'oxacilline – a été mesurée par antibiogramme sur les souches isolées. Les résultats montrent des taux de résistance de 36 % (soit 17 appareils) – ce qui est plus élevé qu'escompté, signalent les auteurs – et 2 % (un seul appareil), respectivement.

Un réservoir sans risque ?

Les isolats ont également été génotypés afin de déterminer leur origine probable, humaine ou animale. Ainsi, les staphylocoques coagulase-négative ont notamment été identifiés comme Staphylococcus capitis, S. epidermidis ou S. hominis. Il s'agit d'espèces habituelles parmi les flores commensales humaines cutanées et muqueuses, dont la présence sur les téléphones et tablettes n'est finalement pas surprenante.

Selon les auteurs, ces résultats pointent alors davantage le risque de transmission de germes pathogènes entre collègues, plutôt qu'avec les animaux. Le risque d'infections zoonotiques comme nosocomiales apparaît ainsi limité. Les auteurs proposent tout de même d'agir pour favoriser une décontamination régulière de ces appareils en milieu médical vétérinaire : « au moins une fois par jour ».