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27 octobre 2020

Une inflammation locale pourrait favoriser la colonisation du tractus urinaire par les entérocoques

par Agnès Faessel

Temps de lecture  2 min

Enterococcus faecalis est l'entérocoque le plus souvent isolé (plus de 60 %) chez ces 70 cas de bactériurie (le cliché montre ici des colonies de la bactérie cultivée à partir d'un prélèvement urinaire humain, source Wikimedia Commons).
Enterococcus faecalis est l'entérocoque le plus souvent isolé (plus de 60 %) chez ces 70 cas de bactériurie (le cliché montre ici des colonies de la bactérie cultivée à partir d'un prélèvement urinaire humain, source Wikimedia Commons).
 

Chez l'homme, les infections urinaires impliquant des entérocoques sont généralement secondaires à la pose d'une sonde urinaire et l'inflammation qu'elle provoque. Ce n'est pas observé chez le chien (chez qui les sondages urinaires sont moins courants). Une étude rétrospective s'est donc intéressée aux facteurs de risque de ces infections à entérocoques dans l'espèce canine, dont la prévalence est plus élevée lors d'infections urinaires récurrentes. Selon les auteurs de ces recherches, publiées dans le JVIM, certains paramètres pourraient en effet créer un environnement favorable à la colonisation du tractus urinaire par ces bactéries.

E. coli en cas témoins

L'étude a analysé 70 cas de bactériurie dans lesquels la présence d'Enterococcus spp. a été identifiée (croissance significative à la culture bactérienne). Elle en a comparé les caractéristiques à 70 autres cas associés à la présence d'Escherichia coli (cas témoins), « germe le plus fréquemment en cause lors de bactériurie ». Les cas ont été retenus (parmi 83 identifiés sur la période d'étude, de 2014 à 2017), puis les témoins, de manière à former deux groupes de chiens équivalents en termes d'âges et de poids moyens.

De multiples paramètres ont été inclus dans l'analyse :

  • Caractéristiques démographiques des animaux (race, âge, sexe, poids),
  • Récurrence de la bactériurie (c'est-à-dire au moins deux épisodes en 6 mois, ou 3 en un an) et résultats de la culture bactérienne (bactéries présentes et leur sensibilité aux antibiotiques),
  • Paramètres cliniques du cas (symptômes urinaires, résultats de l'analyse d'urine effectuée, troubles ou maladies concomitantes),
  • Traitements administrés et interventions réalisées (sondage urinaire en particulier).

Des comorbidités induisant une inflammation ?

Les résultats identifient quelques paramètres dont la fréquence est significativement différente entre les deux groupes. Chez les chiens du groupe de bactériurie à entérocoques, un historique médical relatant des atteintes récurrentes est ainsi plus fréquent, confirmant donc les observations précédentes.

La présence d'urolithes, de tumeur urinaire ou de malformation du bas appareil est également plus fréquente chez ces chiens. Ces anomalies, particulièrement les maladies tumorales et les calculs urinaires, qui endommagent l'urothélium et entraînent une inflammation, apparaissent ainsi comme des facteurs de risque de développement d'entérocoques. Ce qui se rapproche des observations faites chez l'homme, finalement, pour qui la colonisation par ces bactéries est favorisée par le traumatisme et l'inflammation provoqués par le cathétérisme urinaire. Cela reste à confirmer. En pratique, la prise en charge thérapeutique de ces maladies est importante pour limiter la possible colonisation secondaire par des entérocoques.

Des urines très concentrées (densité >1,045) sont aussi plus fréquentes chez les chiens atteints, tandis qu'une pyurie est moins fréquente.

Les autres paramètres étudiés, notamment le sexe ou le statut sexuel (stérilisation) des chiens, ne sont pas plus ou moins fréquents parmi les cas et les cas témoins.

Environ la moitié des cas de bactériurie à entérocoques étaient associés à des signes cliniques évoquant une cystite (strangurie, pollakiurie, dysurie, hématurie).