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18 septembre 2020
Près de 60 % des propriétaires canins détectent les prodromes d'une crise d'épilepsie, longtemps avant
Les patients épileptiques rapportent parfois qu'ils pressentent la crise arriver avant qu'elle débute. Et leur entourage également est susceptible de détecter les changements physiologiques et/ou comportementaux qui l'annoncent (sautes d'humeur, baisse d'appétit…). Il était donc légitime de se poser la question de la capacité des propriétaires de chiens atteints d'épilepsie de connaître, et surtout reconnaître, la manifestation des prodromes chez leur animal (phase d'aura).
Une large enquête les a alors interrogés sur l'existence de signes annonciateurs. Et les réponses sont intéressantes car non seulement ces signes sont majoritairement bien décrits, mais ils sont souvent observés tôt avant le début de la crise elle-même. Ce qui ouvre des perspectives thérapeutiques. Car selon des études récentes, un traitement additionnel à la demande (juste avant ou après une crise) pourrait améliorer la tolérance et l'efficacité du traitement de fond.
L'enquête s'est basée sur un questionnaire en ligne, en anglais. Il a récolté les réponses de plus de 200 propriétaires de chiens atteints d'épilepsie idiopathique (229), dans divers pays (USA et Royaume-Uni essentiellement).
Les quatre premières sections du questionnaire recueillaient des informations démographiques sur le maître et son chien, puis médicales sur le type d'épilepsie et son traitement. Les deux suivantes portaient sur la capacité à présager la survenue d'une crise et ses signes annonciateurs, d'abord dans un format ouvert (réponses libres), afin d'éviter les biais des questions fermées type QCM (réponses suggérées), puis dans un format fermé (sans changement possible des réponses précédentes). L'éventuel changement de comportement du ou des autres chiens du foyer était également évalué.
Et les réponses indiquent que la majorité des répondants (près de 60 %) pensent se savoir capables de pressentir une crise qui se prépare. Ils déclarent avoir ainsi su déceler 44 % en moyenne des crises de leur chien.
Les prodromes les plus fréquents sont des changements de comportement : un chien qui vient se coller à son maître, qui montre des signes nervosité, de terreur, de stress, d'extrême fatigue, qui s'agite, qui modifie ses habitudes, qui dort mal. Il reste possible, malgré tout, que les observations rapportées – notamment des signes de frayeur – ne soient pas des prodromes au sens strict, mais la manifestation des premiers signes d'une crise focale, avant sa généralisation.
Toutefois, nombre de ces propriétaires détectent la préparation d'une crise bien en amont de son déclenchement. Un bon quart (28 %) en observent les signes annonciateurs seulement dans les 5 minutes qui la précèdent, lorsqu'elle est donc imminente. Mais la grande majorité (72 %) la voient arriver plus précocement : dans les 5 à 30 minutes pour 17 %, et même plus de 30 minutes avant le plus souvent (voir graphique en illustration principale). Il s'agirait donc a priori de véritables prodromes.
Parmi les propriétaires multi-possesseurs (nombreux dans l'échantillon des répondants), un quart déclare que le ou les autres chiens détectent vraisemblablement aussi une crise en préparation : ils recherchent, eux aussi, le contact avec leur maître, aboient davantage, viennent renifler leur congénère épileptique.
Chez l'Homme, des chiens sont utilisés, avec efficacité, pour alerter leur maître épileptique d'une prochaine crise. À ce jour, leur sensibilité n'a pas été étudiée vis-à-vis d'un autre animal.
Le questionnaire portait aussi, dans sa dernière section, sur les éventuels facteurs déclenchants d'une crise (c'est le cas lors de manque de sommeil ou d'hyperthermie chez l'Homme par exemple, mais aussi si la température extérieure ou la pression atmosphérique change). L'objectif était, ici aussi, d'évaluer les moyens de prévention : éviter ces stimuli ou minimiser leur effet postérieurement (en administrant un traitement, par exemple).
Les réponses montrent qu'un grand nombre de propriétaires (43 % ici) pensent que de tels stimuli existent. Mais 22 % pensent le contraire et 35 % n'en sont pas certains.
Lorsqu'ils sont cités, ces facteurs potentiellement déclenchants sont un stress (éventuellement spécifique comme le tonnerre ou une modification des habitudes du quotidien), un changement dans l'environnement (chaleur), un aliment particulier, un traitement antiparasitaire…, plus rarement des événements « positifs » (générant l'excitation du chien).
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