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29 juin 2020

Syndrome de Noé : les chats amassés présentent avant tout des troubles respiratoires et cutanés

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Une étude rétrospective canadienne sur 14 groupes de chats issus de personnes affectées par un “syndrome de Noé” montre d'une part, l'importance de la médiation dans la capacité de confier ces animaux à un refuge et d'autre part, l'existence de structures d'accueil “de façade” accumulant les animaux (comme sur ce cliché, du Toronto Cat Rescue).
Une étude rétrospective canadienne sur 14 groupes de chats issus de personnes affectées par un “syndrome de Noé” montre d'une part, l'importance de la médiation dans la capacité de confier ces animaux à un refuge et d'autre part, l'existence de structures d'accueil “de façade” accumulant les animaux (comme sur ce cliché, du Toronto Cat Rescue).
 

Même lorsque le nombre de chats accumulés par les personnes atteintes du syndrome de Noé (amasser des chats recueillis “pour leur sauver la vie”), ils présentent des dominantes pathologiques liés à cette surdensité ; avant tout respiratoires et cutanés. C'est ce qui ressort d'une étude rétrospective sur 14 groupes de chats, réalisée par des vétérinaires canadiens, cliniciens (faculté vétérinaire de Guelph) et de sociétés de protection animale (refuges, fondation). Le syndrome de Noé est une pathologie humaine classée au sein des troubles compulsifs, qui commence à être étudiée, en particulier pour ses aspects de mal-être – voire de maltraitance – animal. Le déni de cette incapacité à fournir des soins appropriés aux animaux ainsi recueillis fait partie de la définition médicale du trouble. Un consortium de recherche sur ce syndrome a été créé à la faculté vétérinaire de l'université de Tufts (Boston, USA).

9 % des cas de maltraitance

Il n'est pas si rare : ces auteurs citent une revue de la presse grand public réalisée au début des années 2000 sur plus de 4 600 cas de maltraitance où in représente 9 % des cas et est la cause de maltraitance se soldant par la mortalité (de chats) la plus élevée. Les cas les plus sévères ont été médiatisés (jusqu'à 900 chats !), mais les auteurs soulignent que les cas les plus limités n'ont que très peu été étudiés. A Toronto, des médiateurs sociaux interviennent pour tenter de faire remettre les groupes de chats aux refuges. Les auteurs ont donc étudié 14 de ces cas, représentant un total de 375 chats remis « volontairement » à un même refuge et associations de protection entre juillet 2011 et juin 2014. Les tailles de groupes de chat allaient de 10 à 77.

Remises étalées

Deux origines étaient possibles : soit des particuliers (12 des cas), soit des structures (« institutions ») recueillant les animaux, mais ne pouvant ensuite leur promulguer les soins nécessaires (l'une est dite « informelle »). Deux des groupes seulement ont été remis directement par le “propriétaire” (18 % des chats de l'étude), et cela s'est fait en une fois (10 chats) ou sur 12 mois (51 chats). Dans les autres cas il y avait un intermédiaire pour accompagner cet acte : « bénévoles  de refuges ou de vie communautaire, ou employés de refuges », mais pas toujours en une fois (un groupe de 71 chats a été confié sur 33 mois au total). Dans un cas il s'agissait de la fourrière (remise non volontaire). Dans 87 % des cas, les chats étaient entiers – la reproduction non contrôlée faisant partie de la problématique du syndrome de Noé…

Respiratoire

A l'arrivée de chaque groupe, le refuge disposant d'une structure vétérinaire, chaque chat a fait l'objet d'une examen clinique, déparasitage interne et externe, recherche de teigne et FeLV-FIV, vaccination, et des traitements jugés nécessaires. L'étude a porté sur les dossiers électroniques de chaque animal, hors chatons (< 6 semaines). Seuls 19 % des chats étaient amaigris et 6 % en surpoids. Les dominantes pathologiques à l'arrivée étaient :

  • les infections de l'appareil respiratoire supérieur (présentes dans 13 des 14 groupes et chez 38 % des chats). Dans leur grande majorité (79 % des chats) il s'agit d'une forme légère (3 % de formes sévères), mais elles évoluent vers la chronicité dans 85 % des cas. De plus, 28 % des chats arrivés indemnes développent une affection respiratoire supérieure après les 72 h suivant leur arrivée. Les auteurs calculent que lorsque les chats devaient d'une des deux structures dites institutionnelles, ils présentaient un sur-risque significatif d'affection respiratoire à l'arrivée (x 4,35 et p=0,044) ou chronique (x 23,7 et p<0,0001) ;
  • les affections cutanées (12/14), se répartissant en inflammation (40 %), blessures (35 %) et alopécie (27 %). La teigne a été confirmée en culture pour 13 % des chats ;
  • suivent la présence de puces (10/14) et gales d'oreilles (9/14), ainsi que la gingivostomatite (9 des groupes). Si des puces ont été mises en évidence pour 22 % des chats, la proportion de chats porteurs état > 80 % dans trois groupes ;
  • des soins dentaires (détartrage et/ou extraction) ont été nécessaires pour près d'un chat sur 5 (19 %) ;
  • FeLV et FIV étaient moins présents (1 et 3 groupes, respectivement), comme la diarrhée et les otites non parasitaires (3 groupes chacune). Un examen coprologique a été réalisé sur les sujets diarrhéiques, qui a identifié des parasites dans 29 % des cas.

Adoptables

Les auteurs ont ensuite comparé le devenir de ces chats, par rapport à celui de plus de 6 300 chats recueillis “individuellement” : pour 10 des groupes, il y a eu plus de 90 % de chats adoptés. Pour les autres, moins de 80 % - en particulier en raison de troubles du comportement et d'état clinique (plus d'euthanasies). Comme le refuge n'euthanasie aucun des chats pour cause de place, les auteurs ont pu calculer la durée s'étant écoulée entre le recueil de l'animal (du groupe) et son adoption (finale) par rapport à plus de 4 000 chats recueillis “individuellement” : il n'y avait pas de différence significative. Ce qui, précisent les auteurs, « est rendu possible par un investissement considérable en ressources humaines e médicales », mais aussi par le fait que la majorité des animaux arrivant sont jeunes ou adultes, avec des pathologies « susceptibles d'être traitées ».