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14 février 2020

Chihuahuas : les femelles vivent nettement plus longtemps que les mâles ; prédisposition aux maladies dentaires

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Ce n'est qu'au XIX siècle que le chihuahua est devenu une race à la mode au Mexique ; son ancêtre, le téchichi, était déjà le compagnon des toltèques (cliché : Juan Carlos Fonseca Mata, wikimedia).
Ce n'est qu'au XIX siècle que le chihuahua est devenu une race à la mode au Mexique ; son ancêtre, le téchichi, était déjà le compagnon des toltèques (cliché : Juan Carlos Fonseca Mata, wikimedia).
 

Les chihuahuas représentaient 3,5 % de la population canine ayant consulté une structure vétérinaire outre-Manche en 2016, selon l'étude rétrospective des dossiers médicaux de cette race. Les épidémiologistes et cliniciens britanniques qui se sont penchés sur cette race (11 647 des 336 865 chiens ayant consulté un généraliste des 438 cliniques participant au projet VetCompass° cette année-là) lui trouvent des spécificités…

Démographie : « en croissance »

Certes, il s'agit d'une « population jeune » et « en croissance » du fait de la mode, comme le confirme cette analyse de la proportion de cette race par rapport au total par année de naissance : de 1,1 % en 2005, les chihuahuas représentaient 5,5 % de l'effectif né en 2016, avec une augmentation linéaire sur cette période. Sur la totalité de l'effectif, les auteurs observent que les femelles « survivent aux mâles », et de manière hautement significative : l'âge médian au décès est de 10,2 et 6,9 ans, respectivement (p=0,005), alors que le sexe ratio est équilibré (49,8 % de femelles parmi l'ensemble des consultations). Autre spécificité : mâles comme femelles prennent du poids sur leur 4 premières années de vie (voir le graphique ci-dessous).

Courbes de croissance (poids vif) par sexe à partir des médianes de poids en fonction de l'âge à partir d'un an au sein de l'étude VetCompass° (14 531 pesées de 4 522 femelles et 16 259 pesées pour 4 770 mâles) (O'Neill et coll., 2020).

 

Maladie parodontale…

Dans 45 % des dossiers de visite vétérinaire, il n'y avait pas d'affection de mentionnée (consultation de prévention ou d'accueil). Pour les dominantes pathologiques (sur les 3 112 dossiers consultés « manuellement » et ayant au moins une affection indiquée), la première place revient à « la maladie parodontale » (13,5 %), loin devant l'obésité (5,9 %, préoccupante car l'âge médian de l'effectif était à 2,8 ans) et la rétention des dents de lait (5,7 %). Le poids adulte médian était de 3,7 kg (significativement plus élevé pour les mâles, pour tous les âges), alors que le Kennel club retient un poids moyen de 2,7 kg pour la race. Face à ces chiffres, les auteurs estiment que « la race devrait être considérée comme prédisposée aux maladies dentaires ». La luxation patellaire évolue du 3e au 7e rang des affections citées selon les classes d'âge (<2 et > 7 ans, respectivement) et touche 4 % de l'effectif total. Il n'y avait pas de maladie surreprésentée chez les femelles par rapport aux mâles. En revanche, 5 affections ont été identifiées comme significativement plus fréquentes chez les mâles (p<0,005 pour chacune) :

  • agression, sans doute en lien avec une fréquence plus importante de la stérilisation (31,8 %, contre 22,0 % pour les femelles, p<0,001) ;
  • souffle cardiaque, surtout fréquent chez les sujets de 7 ans et plus (2e rang des affections dans cette tranche d'âge) ;
  • otite externe, conjonctivite et infections de l'appareil respiratoire supérieur.

… et agression

L'agression est signalée quel que soit l'âge des chiens. Les auteurs préviennent que, bien que ce ne soit pas aussi fréquent pour les autres petites races avec hypertype, cela correspond « à la personnalité marquée » des chihuahuas. Ce qui explique probablement aussi que cette race « fait partie des 10 les plus souvent abandonnées en refuge ». Ils suggèrent que les vétérinaires préviennent les maîtres lors de la primo-consultation. D'autant que l'évolution de la démographie de la race rend peu probable que l'approvisionnement provienne des éleveurs inscrits – et laisse donc supposer une vulnérabilité comportementale.

Causes de décès, prudence

Il n'y avait que 102 décès renseignés dans la base, dont 80 pour lesquels la cause de la mort était renseignée ; toutefois, les auteurs présentent malgré tout une fréquence relative, en groupant ces causes par appareil ou origine :

  • la première cause (18,2 %) est représentée par les maladies cardiovasculaires, qui étaient au 3e rang des causes de décès dans une étude américaine sur la même race (plus faible effectif) ;
  • la seconde, qui la talonne (16,3 %), est représentée par les affections respiratoires basses ;
  • la troisième est celle des traumatismes (13,8 %).