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17 janvier 2020

Attendre 3 minutes avant de clamper le cordon des chiots nés par césarienne

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Effet moyen du groupe (clamper immédiatement le cordon ou après 3 minutes) sur les paramètres de vitalité des chiots nés par césarienne, évalués dans les 5 premières minutes de vie, puis 10 minutes plus tard (LeFil, d'après Pereira et coll., 2020).
Effet moyen du groupe (clamper immédiatement le cordon ou après 3 minutes) sur les paramètres de vitalité des chiots nés par césarienne, évalués dans les 5 premières minutes de vie, puis 10 minutes plus tard (LeFil, d'après Pereira et coll., 2020).
 

Laisser le cordon ombilical fonctionner trois minutes avant de clamper améliore significativement la vitalité des chiots nés par césarienne ; il faut pour cela détacher le placenta. Telle est la conclusion d'une étude réalisée à la faculté vétérinaire de Sao Paulo (Brésil), portant sur en effectif limité. Chez l'humain, le cordon est intact après l'accouchement car il est long et il n'y a généralement qu'un nouveau-né. Les recommandations sont de ne pas clamper le cordon dès l'expulsion du nourrisson. Le sang continue d'y circuler au cours des premières minutes de vie ex-utero ; il « est utilisé pour la circulation pulmonaire lorsque la respiration commence, ce qui stabilise la circulation et minimise le changement de débit cardiaque et de tension artérielle » lorsque le clamp est ensuite posé. Chez le chien, « il n'y a pas d'étude de ce type ».

Beaucoup d'exclus

Les auteurs ont inclus dans l'étude 16 portées (76 chiots en tout), toutes avec césarienne (même protocole anesthésique). Il s'agissait pour l'essentiel de petites races (Pinscher, bichon) brachycéphales (bouledogue français, carlin) ou pas (trois chiennes croisées), une seule chienne étant berger australien. Une écho doppler était réalisée avant l'intervention, et si un chiot présentait une fréquence cardiaque inférieure à 180 battements par minute, la chienne était exclue de l'étude. Étaient également exclues les chiennes gestantes d'un seul chiot. Les chiennes étaient tirées au sort avant l'intervention pour savoir si le chiot premier né allait faire partie du groupe qui aurait le cordon clampé dès l'extériorisation ou si son placenta serait retiré, le cordon conservé n'étant alors clampé 3 minutes après le début de la respiration. Le chiot suivant ferait partie de l'autre groupe, et ainsi de suite par alternance. Si le nombre de chiots était impair, l'un était tiré au sort pour être exclu. Étaient également exclus a posteriori les chiots présentant une anomalie congénitale, ou dont le placenta paraissait endommagé. Au total, 26 chiots ont été écartés, et l'analyse porte sur 25 dans chaque groupe.

Placenta au-dessus

La naissance (sortie de l'utérus) a eu lieu entre 15 et 20 minutes au plus après l'induction. Pour les chiots “non clampés”, la stimulation mécanique de la respiration se faisait après avoir extériorisé le chiot (décubitus ventral et tête vers le bas dans la main de l'opérateur) et son placenta (sans toucher au cordon pour ne pas le comprimer ni le léser). Le placenta était maintenu au-dessus du chiot par un autre opérateur (comme une poche de transfusion, les auteurs notent d'ailleurs une décoloration du placenta et du cordon au terme des 3 minutes). Dès que le chiot commençait à respirer, il était posé sur une surface chauffante, toujours avec le placenta au-dessus. Les chiots “clampés” (5 à 10 secondes après la sortie de l'utérus) étaient posés sur la surface chauffante (30° C) et stimulés pour démarrer la respiration. Pour tous les chiots, une fois sur la surface, les voies respiratoires étaient dégagées (aspiration) et un massage thoracique était effectué.

Deux évaluations

La vitalité des chiots a été évaluée avec la grille Apgar et de notation des réflexes. Pour les chiots “non clampés”, la première évaluation se faisait avant la fin des 3 minutes. Pour les autres dans les 5 premières minutes de vie. Pour tous les chiots, la seconde évaluation était faite 10 minutes après la première. La grille Apgar (note de 0 à 10) mesurait : couleur des muqueuses, fréquences cardiaque et respiratoire, tonus musculaire et réflexe d'irritabilité (pincement du coussinet). Les réflexes explorés étaient la succion, les recherche de la mamelle (face effleurée avec le doigt) et le relever (mis sur le dos). Lors de la première évaluation, seuls les réflexes étaient significativement plus importants chez les chiots non clampés. Lors de la seconde évaluation, la note Apgar comme les réflexes étaient significativement supérieurs (voir l'illustration principale), dénotant « une plus grande vitalité des chiots ». Les auteurs ont également rassemblé toutes les mesures de fréquence cardiaque (pour les deux évaluations de chaque groupe) et observent là aussi que le fait de ne pas clamper immédiatement le cordon est associé à une fréquence cardiaque significativement supérieure : 205 vs 196 battements par minute (p<0,05).

Les auteurs recommandent prudemment de procéder comme dans leur étude : « c'est une option qui devrait être prise en compte lors de césarienne ». Ils précisent aussi que « même en cas de rupture du placenta, la veine ombilicale étant de fort diamètre, gade un pouls pendant au moins trois minutes, aidant le sanguin placentaire résiduel à circuler vers le chiot ». Ils préviennent aussi que les artères ombilicales se rétractent dans les 45 secondes suivant le début de la respiration, mais « la veine demeure visible » jusqu'à 4 minutes.