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7 janvier 2020

Lavage broncho-alvéolaire : les prélèvements sont à stocker au frais avant la culture bactérienne

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Colonies de Bordetella bronchiseptica cultivées sur gélose au sang (photo VetBact°, crédit Karl-Erik Johansson & Lise-Lotte Fernström).
Colonies de Bordetella bronchiseptica cultivées sur gélose au sang (photo VetBact°, crédit Karl-Erik Johansson & Lise-Lotte Fernström).
 

L'impact sur la cytologie est documenté ; celui sur la culture bactérienne n'avait pas été étudié. La température à laquelle sont conservés des échantillons de liquide de lavage broncho-alvéolaire est importante. Une nouvelle étude, publiée dans le JVIM, montre en effet qu'un stockage à température ambiante favorise la croissance des bactéries.

Conservés 24h à diverses températures

Cette étude expérimentale, prospective et contrôlée, a été menée à l'Université d'Auburn dans l'Alabama (USA). Elle a consisté à effectuer un lavage broncho-alvéolaire chez 8 chiens de race beagle en bon état de santé.

Un volume de 4 ml de liquide prélevé était conservé comme échantillons contrôles (4x1 ml). Un autre volume de 4 ml était inoculé avec deux bactéries aérobies fréquemment impliquées dans les infections des voies respiratoires profondes de l'espèce canine : Escherichia coli et Bordetella bronchiseptica.

Ces échantillons contaminés étaient ensuite séparés en 4 (4x1 ml) pour être mis en culture :

  • Sans délai pour servir de référence ;
  • Après 24h, réfrigérés à +4°C ;
  • Après 24h, conservés à température ambiante, à +25°C ;
  • Après 24h, conservés à +37°C, comme le serait un échantillon « mal emballé avant expédition » ou exposé à des températures estivales.

En pratique, selon les auteurs de l'étude, la mise en culture est effectivement parfois décalée, dans l'attente des résultats de cytologie « pour des raisons financières ». Le délai peut aussi correspondre à celui de l'expédition en laboratoire d'analyses.

La chaleur favorise la multiplication des bactéries

Pour E. coli, les résultats montrent une croissance bactérienne modérée dans les échantillons contrôles et dans ceux conservés au frais (inférieure au minimum attendu pour correspondre à une infection clinique). Mais pour les lots gardés à 24 et 37°C, la croissance bactérienne est très significativement augmentée.

Pour B. bronchiseptica, le nombre de colonies bactériennes dépasse en médiane le seuil minimal attendu pour signifier une infection dans tous les lots d'échantillons inoculés. Et cette fois, les différences observées selon leurs conditions de stockage ne sont pas significatives. La croissance est par ailleurs très inégale et variable selon les échantillons, même s'ils étaient conservés dans les mêmes conditions. Toutefois, pour les témoins non inoculés, la croissance bactérienne après conservation à 37°C est significativement augmentée par rapport aux nombres de colonies formées pour les échantillons analysés immédiatement ou après stockage au frais.

Un risque d'interprétation erronée

La conclusion de ces observations est que les résultats de la culture bactérienne sur des échantillons conservés 24h à +4°C sont fidèles à ceux d'une culture immédiate après prélèvement. Et elle se vérifie pour les échantillons contrôles comme pour ceux infectés expérimentalement.

En revanche, un stockage à température ambiante ou l'exposition à la chaleur conduit en 24h à une surmultiplication des bactéries initialement présentes. Pour B. bronchiseptica, notamment, l'exposition à 37°C des échantillons contrôles (non inoculés) produit un résultat pouvant laisser croire la présence d'une infection pourtant absente chez les animaux prélevés.

Dans un contexte clinique, l'objectif de la culture bactérienne sur prélèvement de liquide de lavage broncho-alvéolaire est évidemment l'identification des éventuelles bactéries impliquées dans la pneumonie et, le cas échéant, l'évaluation de leur sensibilité aux antibiotiques, à l'aide d'un antibiogramme. Dans ce cadre, « il est impératif que les résultats [de ces examens] reflètent fidèlement les infections présentes », estiment les auteurs de cette étude.