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18 novembre 2019

Évolution du poids des chats avec l'âge : confirmation d'un pic à 6-9 ans et du surpoids des animaux stérilisés

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

La compilation de plus de 13 millions de données de pesée de chats en consultation vétérinaire en Amérique du Nord confirme que leur poids évolue au cours de la vie et diminue à partir d'environ 9 à 12 ans d'âge (LeFil, d'après Campigotto et coll., 2019).

 
La compilation de plus de 13 millions de données de pesée de chats en consultation vétérinaire en Amérique du Nord confirme que leur poids évolue au cours de la vie et diminue à partir d'environ 9 à 12 ans d'âge (LeFil, d'après Campigotto et coll., 2019).

 
 

Des courbes de poids de chats viennent d'être produites par des épidémiologistes et cliniciens de l'université de Guelph (Canada) à partir des pesées enregistrées sur 13 millions de chats sur les 36 dernières années. Elles confirment que le poids du chat évolue au cours de sa vie adulte, avec un pic à 9-12 ans , que les Européens sont plus lourds que les races dites lourdes, et que les sujets castrés/stérilisés sont également plus lourds que leurs congénères du même sexe mais entiers.

13,7 millions de chats

L'objectif des auteurs était tout autre : démontrer qu'il est possible de manipuler des bases de données importantes, disponibles en médecine canine, sur des ordinateurs portables en 24 h au plus. Ce faisant, ils ont produit des courbes d'évolution du poids pour différentes catégories de races (voir le tableau ci-dessous) selon leur format (léger, moyen ou lourd), en regroupant les chats Européens (poils courts ou longs) dans une même 4e catégorie. Pour cela, ils ont recueilli les données de la pesée de 13 715 510 chats, issues des dossiers électroniques de 3 971 cliniques vétérinaires des USA et du Canada, et s'étalant de 1980 à 2016.

Catégorisation des races selon le poids moyen à l'âge adulte, pour les races disposant d'au moins 5 000 chats pesés dans l'étude (LeFil, d'après Campigotto et coll., 2019).

 

In silico

Pour éviter les biais entre formats des différentes races, les auteurs n'ont pris en compte que les pesées des sujets à partir d'un an d'âge. Ils ont également arrêté l'âge maximal à moins de 21 ans (soit 20 ans et 364 jours). Ils n'ont également comptabilisé que les races pour lesquelles les pesées d'au moins 5 000 chats étaient disponibles, soit 32 en plus des Européens (la base de données de départ contenait les pesées de 40,9 millions de chats et 123 races). Ils ont utilisé deux types de modèles statistiques pour leur travail in silico, qui fournissent tous deux des résultats convergents, c'est-à-dire fiables. Il reste que l'amplitude des erreurs calculées varient avec l'âge des chats, indiquant que d'autres facteurs que les seuls facteurs génétique sont bien sûr à l'œuvre dans la dynamique du poids des animaux. Le premier enseignement de la reconstitution de cette courbe de poids est que celle-ci est convexe : « leur poids atteint un pic environ au milieu de leur vie adulte », selon le sexe est les races entre 6 et 9 ans (voir l'illustration principale).

Européens plus lourds

Le second enseignement qu'ils en retirent est que les sujets Européens sont plus lourds que les chats de race, y compris des races lourdes, sauf en fin de vie : à partir de 17 ans (sujets entiers) ou 18 ans (sujets castrés/stérilisés), leur poids moyen passe sous celui des chats de races lourdes (voir par exemple le graphique ci-dessous, même si l'observation est valide pour les 4 courbes). Pour les auteurs, ces éléments sont en faveur d'un développement plus important de l'obésité chez les Européens que chez les chats de race, ce qui ne serait pas étonnant, mais reste à démontrer. Ils n'ont toutefois pas analysé l'évolution de ces courbes par décennie (leurs données portent sur 36 ans), ce qui aurait pu répondre au moins partiellement à cet aspect.

Evolution du poids des mâles castrés et entiers sur la période 1-20 ans, pour les différentes catégories de races (LeFil, d'après Campigotto et coll., 2019).

 

Castrés plus lourds aussi

Le troisième enseignement est également une confirmation : les sujets castrés/stérilisés « sont significativement plus lourds que leurs congénères entiers » (voir par exemple le graphique ci-dessous, même si l'observation est valide pour la courbe précédente). Ce qui rejoint de nombreuses observations épidémiologiques indiquant que la castration favorise le surpoids, voire l'obésité – dans les deux sexes. Prudents, les auteurs préviennent que leur échantillon, bien que de fort effectif, « n'est pas forcément représentatif de la population des chats » d'Amérique du Nord, mais « fournit une excellent image des chats ayant fréquenté des cliniques vétérinaires » équipées de l'un des quatre logiciels de gestion à partir desquels les données ont été extraites.

Evolution du poids des femelles stérilisées et entières sur la période 1-20 ans, pour les différentes catégories de races (LeFil, d'après Campigotto et coll., 2019).

 

Au bilan, ils retiennent surtout que « les chats visitant les cliniques vétérinaires ont un poids qui augmente jusqu'à un âge adulte moyen, puis diminue de manière progressive », et estiment que ces courbes « représentent un point de départ pour l'analyse des facteurs de risque en lien avec la santé – et en particulier les maladies chroniques – de ces patients ».