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13 août 2019

Une grille pronostique, avant l'intervention pour correction du syndrome obstructif des voies respiratoires des brachycéphales

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Mode de calcul de la note de risque de complications majeures de la chirurgie du syndrome brachycéphale, à partir des données cliniques pré-opératoires aisées à collecter (d'après Tarricone et coll., 2019).
Mode de calcul de la note de risque de complications majeures de la chirurgie du syndrome brachycéphale, à partir des données cliniques pré-opératoires aisées à collecter (d'après Tarricone et coll., 2019).
 

Une grille d'évaluation préopératoire du risque de « complications majeures » de l'opération du syndrome obstructif des voies respiratoires des races brachycéphales a été développée et validée par une équipe de cliniciens et chirurgiens de l'université Cornell (New York, USA). La validation a été réalisée a posteriori et sur des chiens opérés dans différents centres vétérinaires. Elle montre que les chiens ayant une note supérieure à 3 (voir l'illustration principale) ont 9,1 fois plus de risque que ceux ayant une note de 3 au plus. Au-delà des aspects éthiques liés aux races avec hypertype brachycéphales,

Etude de cohorte rétrospective

L'étude a porté sur « toutes les interventions sur le “syndrome brachycéphale” réalisées aux hôpitaux des facultés de Cornell et de Guelph (Ontario, Canada) entre le 1er juillet 2007 et le 30 janvier 2018 », soit 233 cas. Au total 31 données préopératoires ont été collectées pour chaque cas. L'état général était noté de 0 (émacié) à 5 (obèse). Sur le suivi post-opératoire, les cas de décès/euthanasie, mais aussi de complications majeures (sous oxygène plus de 48 h, trachéostomie temporaire ou permanente) ont été pris en compte sur la durée de l'hospitalisation (30 cas sur les 233). L'analyse de ces données identifie 6 variables préopératoires significativement associées à une issue négative (p<0,05). Ces six variables ont été assemblées dans une grille d'évaluation. Il s'agit de la race, de l'histoire chirurgicale, des autres interventions envisagées, de l'état général, du niveau de handicap respiratoire et de la température à l'admission.

Seuil à 3, sensibilité accrue

Les auteurs ont ensuite pondéré la grille en attribuant des points à chaque variable, pour obtenir une note totale de risque post-opératoire du syndrome brachycéphale (maximum de 10). Ils ont ensuite validé cette grille à partir de 50 autres cas (dont 5 avec complications), également issus des mêmes bases de données, mais pas utilisées pour mettre au point la grille. Ils obtiennent une bonne fiabilité de leur grille (p=0,01), et l'ont enfin validée à nouveau sur l'ensemble des 283 cas. Ils obtiennent alors :

  • une note moyenne d'évaluation de 3 ;
  • avec 185 chiens ayant une note inférieure ou égale à 3 et 3,2 % faisant des complications majeures ;
  • et 98 chiens ayant une note > 3 dont 29,6 % avec des complications majeures. Ces chiens présentaient ainsi un sur-risque de complications multiplié par 9,1 (intervalle de confiance à 95 % de 3,9 à 21,2 et p<0,0001).

Les auteurs laissent le choix à l'utilisateur de retenir une valeur seuil de risque élevé à 3 ou à 4. Avec un seuil à 3, la sensibilité est élevée (> 85 %, peu de faux négatifs) tandis qu'un seuil à 4 offre un meilleur compromis entre sensibilité et spécificité de l'outil (70,2 et 81,1 %). Ils ont aussi observé que la durée de l'intervention a un effet, avec un risque augmenté de 22 % par tranches de 10 minutes au-delà de la durée moyenne des interventions.

Trois intérêts

Les auteurs préviennent qu'il est toujours délicat d'appliquer à un sujet les résultats d'analyses statistiques de populations. Toutefois, ils espèrent que cette grille « puisse bénéficier dès à présent aux chirurgiens vétérinaires en les aidant à identifier les chiens brachycéphales devant subir une chirurgie des voies respiratoires et qui sont à risque élevé de complications ». Ils y voient aussi deux autres intérêts : « mieux encadrer les évaluation pronostiques envers les propriétaires, ce qui pourrait les aider dans leur prise de décision opératoire, et ajuster les ressources au niveau de risque » évalué.