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20 mai 2019

Quel que soit l'âge, la stérilisation favorise l'incontinence urinaire chez la chienne

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Deux braques, le braque de Weimar et le braque hongrois, font partie des 4 races identifiées ici comme associées à un sur-risque d'incontinence urinaire chez la chienne, avec le doberman et le boxer (cliché Pixabay).
Deux braques, le braque de Weimar et le braque hongrois, font partie des 4 races identifiées ici comme associées à un sur-risque d'incontinence urinaire chez la chienne, avec le doberman et le boxer (cliché Pixabay).
 

Une nouvelle étude vient de confirmer que la stérilisation des chiennes augmente le risque d'incontinence urinaire. Elle n'établit pas, en revanche, d'influence de l'âge au moment de l'intervention sur ce risque.

L'étude, de type cas-témoins, s'inscrit dans le programme VetCompass (qui collecte aujourd'hui les dossiers de santé des animaux suivis dans plus d'un millier de structures vétérinaires, à des fins de recherches épidémiologiques sur les maladies des animaux de compagnie et des équidés).

8 chiennes incontinentes sur 10 étaient stérilisées

Cette étude se base ici sur l'analyse de 427 cas d'incontinence urinaire acquise (observés sur une période de trois ans), et 1708 cas témoins.

Ses résultats sont publiés en libre accès dans le JSAP (article publié en ligne le 29 avril). Ils montrent que la proportion de chiennes stérilisées parmi les cas d'incontinence est de plus de 80 % (82,4 %) tandis qu'elle dépasse juste la moitié (52,8 %) dans le groupe contrôle. Et l'analyse statistique confirme que la stérilisation constitue un facteur de risque très significatif de la maladie : les chiennes ont alors trois fois plus de risque de développer une incontinence urinaire.

L'âge à la stérilisation est sans effet significatif

L'incontinence urinaire acquise a pour principale étiologie une incompétence du sphincter urétral. Et il était déjà largement rapporté que la stérilisation la favorise, même si le mécanisme pathophysiologique en cause, initialement de nature hormonale, reste imprécis. L'incidence de la maladie chez les chiennes stérilisées est ainsi bien supérieure à celle de la population générale (20 % vs 3 %, selon des travaux antérieurs). Et en pratique, le risque d'incontinence urinaire est le second motif constituant un frein à la stérilisation, après la prise de poids.

En revanche, le lien entre l'âge de l'animal lors de la castration (notamment avant ou après les premières chaleurs) et le risque d'apparition d'une incontinence n'était pas clairement établi, avec des observations contradictoires ou variables selon le poids de l'animal. Les races de grand format apparaissent ainsi prédisposées. Et l'obésité est suspectée être un facteur d'aggravation des troubles.

Ici, l'âge de l'animal au moment de la stérilisation était renseigné pour 106 des cas d'incontinence urinaire et 463 des cas témoins. Et il est assez voisin dans les deux groupes : 14,5 mois et 15,2 mois en médiane, respectivement. L'analyse multivariée indique surtout que dans chaque catégorie d'âge (moins de 6 mois jusqu'à plus de 24), la stérilisation est associée à un sur-risque d'incontinence urinaire, sans toutefois parvenir à établir une corrélation entre l'âge et le degré de risque.

Les grandes races sont prédisposées

La date de la stérilisation en fonction des premières chaleurs (avant ou après) était renseignée dans une trop faible proportion des cas pour pouvoir l'intégrer à l'analyse. C'est sans doute l'un des principaux regrets de cette étude.

L'analyse des résultats retient en revanche d'autres facteurs de risque d'incontinence urinaire chez la chienne :

  • la race : avec le doberman, le braque hongrois, le braque de Weimar et le boxer apparaissant comme prédisposées tandis que le labrador, le shih tzu ou le staffie présentent un moindre risque ;
  • le poids : les chiennes pesant plus de 10 kg sont ainsi plus à risque ; celles dépassant 30 kg présentent ainsi un risque multiplié par trois par comparaison à celles de moins de 10 kg ;
  • et l'âge (au diagnostic) : à partir de 9 ans (catégories 9-12 ans et >12 ans), le risque est plus élevé ; il apparaît cependant plus important à moins de 3 ans qu'entre 3 et 6 ans, mais il est possible que les incontinences urinaires diagnostiquées comprennent alors celles d'origine congénitale.

Globalement, ces observations confortent que le risque est plus élevé chez les chiennes âgées et surtout celles de poids élevé (de grand format ou présentant un surpoids). D'autres races que celles identifiées ici sont réputées être prédisposées, à l'exemple du setter irlandais, mais elles étaient insuffisamment représentées dans le groupe étudié pour le confirmer.