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13 mai 2019

20 fois plus de risque de neuropathie oculaire lors de diabète chez le chien

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Le labrador est la race la plus représentée parmi les chiens diabétiques ayant développé une neuropathie oculaire, avec 5 cas, tous atteints d'un syndrome de Horner. Mais elle ne représente toutefois pas un facteur de risque significatif, pas plus que le sexe ou l'âge de l'animal, selon cette étude sur près de 200 cas de diabète canin.
Le labrador est la race la plus représentée parmi les chiens diabétiques ayant développé une neuropathie oculaire, avec 5 cas, tous atteints d'un syndrome de Horner. Mais elle ne représente toutefois pas un facteur de risque significatif, pas plus que le sexe ou l'âge de l'animal, selon cette étude sur près de 200 cas de diabète canin.
 

L'objectif de cette étude rétrospective était d'évaluer l'incidence des neuropathies oculaires chez le chien diabétique, par comparaison à une population de chiens non-diabétiques. Car chez l'homme comme dans l'espèce canine, le diabète prédispose aux neuropathies, surtout à long terme.

Il était aussi question d'en évaluer le pronostic… qui n'est pas bon.

Plus de 12 % de cas de neuropathie chez les diabétiques

Un total de 638 chiens a ainsi été inclus, dont 196 atteints de diabète sucré. Il s'agissait d'animaux suivis car opérés de la cataracte sur une période de 11 ans (2004-2015) dans l'une des trois structures de référés impliquées (situées en Floride, USA). Pour les diabétiques, la présence d'une autre affection susceptible d'être la cause potentielle d'une neuropathie, comme une otite moyenne ou un traumatisme crânien, était un motif d'exclusion.

Et ce suivi confirme que le diabète sucré est un facteur de risque hautement significatif de neuropathie oculaire. En effet, 24 des 196 chiens diabétiques en développent sur la période, soit une incidence de plus de 12 %. Chez les chiens non diabétiques, cette incidence est de moins de 1 % puisqu'à peine 3 individus sur les 442 présenteront une neuropathie sur la durée de l'étude (en lien avec un traumatisme, une otite ou une hypothyroïdie). Les chiens diabétiques ont ainsi un peu plus de 20 fois plus de risque d'être atteints d'une neuropathie oculaire.

17 cas de syndrome de Horner

Il s'agit le plus souvent d'un syndrome de Horner (17 chiens touchés). Les autres affections sont des kératoconjonctivites sèches d'origine neurologique (n=4) ou des neuropathies faciales, caractérisées par une parésie ou une paralysie des paupières, se manifestant par une moindre capacité ou une impossibilité à cligner des yeux (n=7 dont les 3 chiens non diabétiques). L'atteinte est parfois bilatérale, d'emblée ou tour à tour sur chaque œil (chez 3 chiens pour le syndrome de Horner par exemple) ; dans quelques cas, des neuropathies de types différents apparaissent successivement chez le même animal. En séparant les types de neuropathies, le diabète reste associé à un fort sur-risque de développement d'un syndrome de Horner et d'une kératoconjonctivite sèche.

Ces neuropathies semblent plus souvent affecter les mâles que les femelles (19 cas sur les 27 au total). Mais l'analyse statistique ne montre pas de différence significative. De même, aucune race canine ne représente de prédisposition pour ces affections. Et l'âge des chiens ne constitue pas non plus un facteur de risque significatif.

Des complications incurables

Ces affections sont plutôt des complications du diabète à long terme. Le syndrome de Horner apparaît ainsi après une durée moyenne de plus de 2 ans, la kératoconjonctivite sèche après 1 an et demi et la neuropathie faciale après 440 jours (1,2 ans), à partir de la date du diagnostic du diabète sucré. En majorité, la cataracte survient plus précocement.

Et leur pronostic n'est pas très favorable : une rémission totale des symptômes n'est obtenue que dans 45 % des cas, tous types confondus, et dans seulement 38 % des cas de syndrome de Horner.

La présente étude ne permet pas d'évaluer l'impact du diabète sur ce pronostic, au vu du faible nombre de chiens non diabétiques ayant développé une neuropathie oculaire. Toutefois, selon ses auteurs, les neuropathies idiopathiques du chien évoluent plutôt positivement dans la plupart des cas, avec une rémission ou une amélioration observée dans les 6 semaines à 6 mois.

Quoi qu'il en soit, les résultats de ces travaux incitent en pratique à une surveillance attentive de la santé des yeux des chiens atteints de diabète sucré, afin de déceler précocement toute anomalie (au-delà des signes de cataracte). Ici, les premières neuropathies oculaires sont apparues un peu plus de 3 mois après le diagnostic de diabète.