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18 avril 2019

Myocardiopathie restrictive féline : la sévérité de la dilatation atriale aggrave un pronostic déjà mauvais

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Pour 69 chats atteints de myocardiopathie restrictive de forme myocardique, évolution dans le temps de la proportion de survivants, en jours à partir du diagnostic. La longévité médiane est de 14 mois (436 jours). Les cas de mortalité dans les 24h suivant le diagnostic avaient été exclus. Dans la majorité des cas, la mort est d'origine cardiaque. Figure : Chetboul et al. JVIM, 2019.
Pour 69 chats atteints de myocardiopathie restrictive de forme myocardique, évolution dans le temps de la proportion de survivants, en jours à partir du diagnostic. La longévité médiane est de 14 mois (436 jours). Les cas de mortalité dans les 24h suivant le diagnostic avaient été exclus. Dans la majorité des cas, la mort est d'origine cardiaque. Figure : Chetboul et al. JVIM, 2019.
 

Connue chez l'homme, la myocardiopathie restrictive est également décrite chez le chat. Elle est associée à une mortalité élevée. Toutefois, peu de données étaient disponibles sur les facteurs affectant son pronostic. Ce manque est désormais comblé avec les résultats d'une étude rétrospective sur près de 100 cas, réalisée en France par l'équipe de l'Unité de cardiologie d'Alfort (UCA). L'article est publié en libre accès dans le JVIM (publication en ligne le 28 mars).

92 cas sur 15 ans

La myocardiopathie restrictive féline existe sous deux formes, selon qu'elle est causée par une fibrose myocardique ou endomyocardique (moins fréquente). Elle est considérée comme une maladie primitive, d'apparition spontanée et caractérisée par une dysfonction diastolique.

L'étude a inclus tous les cas diagnostiqués à l'UCA sur une période de 15 ans (2001-2015), soit 92 après exclusion des chats présentant certaines anomalies échocardiographiques ou maladies concomitantes (notamment une hyperthyroïdie ou une hypertension artérielle systémique). Tous avaient suivi un examen échocardiographique (M-mode, 2D, Doppler) couplé à un ECG, éventuellement une radiographie thoracique (en cas de signes respiratoires) et un ECG indépendant (en cas de suspicion d'arythmies).

L'un des critères d'inclusion était la présence d'une dilatation atriale gauche (ou biatriale).

Une minorité de cas asymptomatiques

L'âge de ces chats au moment du diagnostic était de 8 ans et demi en médiane (mais variable : 4 à 12 ans), d'un poids médian de 4 kg et également répartis entre mâles et femelles (45 et 47 respectivement). La race American shorthair (domestic shorthair) était surreprésentée (70 % de l'effectif).

La grande majorité des cas sont des formes myocardiques (n=83, soit 90 %), la forme endomyocardique se limitant à 9.

Dans 7 cas sur 10 (64/92), et conformément aux observations d'autres études, le chat présentait des signes cliniques : le plus souvent une dyspnée (57 cas), plus rarement une ascite (11 cas) et/ou une paralysie des membres postérieurs (conséquence d'une thrombo-embolie aortique, 5 cas). Parmi les cas asymptomatiques, 3 avaient précédemment reçu un traitement diurétique (furosémide) en lien avec une myocardiopathie congestive.

Des troubles à l'auscultation (souffle systolique, bruit de galop, arythmies) étaient également fréquents (chez 80 % des chats auscultés).

Enfin, près de 60 % des chats présentaient une maladie concomitante, notamment infectieuse (19 cas).

Seul facteur pronostic identifié : le degré de dilatation atriale

Près d'un quart des chats (24 %) présentaient une dilatation atriale gauche sévère. Et ce paramètre est identifié comme un facteur aggravant le pronostic. Il est associé en effet à une moindre longévité des animaux. C'est le seul facteur pronostique finalement significatif parmi les variables retenues dans les analyses statistiques effectuées. Indépendamment de l'âge du chat, d'une éventuelle dilatation biatriale ou d'arythmies, le degré de la dilatation atriale gauche est inversement corrélé à la survie de l'animal. Une dilatation sévère augmente ainsi de 3,4 fois le risque de mortalité cardiaque du chat.

Le pronostic de la myocardiopathie restrictive féline n'est pas bon. Toutes causes de décès confondues, moins de 20 % des chats étaient encore en vie à la fin de l'étude. Le plus souvent (à 64 %), le décès est d'origine cardiaque. Et celui-ci survient régulièrement (16 % ici) dans les 24h suivant le diagnostic.

Une espérance de vie réduite à 14 mois

Dans cette étude, l'analyse de la durée de survie a exclus ces cas de mortalité dans les premières 24h (n=7), ainsi que les chats pour lesquels le suivi n'a pas pu être renseigné (7 également).

69 des 78 chats restants présentaient la forme myocardique de la maladie. Et pour eux, la durée de survie médiane est de 14 mois (436 jours, voir courbe en illustration principale).

Le poids du chat et son sexe ne sont pas des facteurs de risque de décès. La présence d'une maladie rénale chronique (stade IRIS de 2 ou plus) ne l'est pas non plus. L'étude n'a pas identifié de prédisposition raciale, malgré la fréquence des chats American shorthair.