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18 mars 2019

Télémédecine. MonVetoEnLigne.fr propose un conseil express à 12 € et l'avis d'un spécialiste reconnu à 62 €

par Eric Vandaële

Temps de lecture  6 min

Les trois offres du site monvetoenligne.fr
Capture d'écran réalisée le 15 mars 2019.
Les trois offres du site monvetoenligne.fr
Capture d'écran réalisée le 15 mars 2019.
 

www.monvetoenligne.fr. Le nom de ce site, ouvert au public depuis quelques semaines, est facile à retenir pour un propriétaire de chien ou de chat. Ce site Web s'appuie sur une société d'exercice vétérinaire Web'Consult inscrite au tableau de l'Ordre des vétérinaires sous le n° 505025 et domiciliée à Tours.

À notre connaissance, c'est la première fois que des vétérinaires libéraux, dont certains sont des spécialistes très réputés dans l'hexagone, proposent des téléconsultations payantes — ou plutôt des téléconseils — sur un site en ligne de ce type, sans examen clinique de l'animal. Ce sont les premiers pas d'une télémédecine où le propriétaire s'adresse directement, sans être référé par son « vétérinaire traitant », à des praticiens qui leur prodiguent des conseils à distance sans avoir procédé à l'examen clinique de cet animal.

Le conseil express en deux heures, l'avis du spécialiste en deux jours

L'offre de téléconsultation ou de téléconseil s'articule autour de trois prestations à partir d'une fiche de signes cliniques et de photos ou de documents télétransmis par le propriétaire sur le site. Dans tous les cas, un paiement en ligne est exigé. Le téléconseil est envoyé par mail au propriétaire.

Le conseil express à 12 € en 2 heures

Le conseil express, facturé à 12 €, permet de transmettre au praticien, en sus d'une fiche clinique simple standardisée remplie par le client, un seul document, la photo d'une lésion cutanée par exemple. Le propriétaire doit rédiger explicitement le motif de cette consultation à distance avant que ces éléments ne soient transmis à un vétérinaire. La réponse est apportée par mail en moins de deux heures par un vétérinaire diplômé sans spécialisation particulière.

L'étude de dossier à 25 € en 24 heures

L'étude de dossier, facturé 25 €, autorise la transmission d'un dossier comprenant plusieurs documents en sus de la même fiche clinique et du motif de consultation. La réponse à l'étude du dossier comprenant plusieurs documents nécessite alors un délai de 24 heures. Elle est signée par un vétérinaire avec, au minimum, un certificat d'études approfondies (CEAV) sans préciser si ce diplôme complémentaire est en relation avec le motif de consultation.

L'avis du spécialiste à 62 € en 48 heures

Le niveau le plus élevé de téléconsultation est le conseil donné par le vétérinaire spécialiste en lien avec le motif de (télé)consultation. Le tarif est alors de 62 € pour un avis rendu par mail en 48 heures.

Une équipe de 26 vétérinaires reconnus

L'équipe de 26 vétérinaires qui collaboraient à ce site est impressionnante. Elle comprend notamment de nombreux spécialistes reconnus ainsi que des conseillers ordinaux régionaux. La liste publiée sur le site est la suivante, par ordre alphabétique :

  1. Muriel Alnot, spécialisée dans les troubles du comportement,
  2. Rémy Balouka, spécialisé en chirurgie laparoscopique, en endoscopie digestive, respiratoire ou en coelioscopie,
  3. Paul Barthez, ancien enseignant des écoles vétrinaire et professeur en imagerie médicale de l'Université d'Utrecht, téléconsultant en imagerie médicale (particulièrement la radiologie et le scanner),
  4. Emmanuel Bensignor, spécialiste de dermatologie,
  5. Laurent Bouhanna, spécialiste en ophtalmologie,
  6. Charles Cassagnes, spécialisé en ophtalmologie,
  7. Paul Coppens, spécialisé en anesthésie,
  8. Céline Darmon-Hadjaje, spécialisée en dermatologie,
  9. Aude Desmyter-Laroche, avec un CEAV de médecine interne,
  10. Patrick Devauchelle, « responsable de l'enseignement de l'oncologie dans les Ecoles Nationales Vétérinaires » selon ce site,
  11. Christian Dumon, ancien président de l'Afvac et spécialiste en reproduction,
  12. Laurent Fuhrer, spécialiste en neurologie et, selon la base de données societe.com, dirigeant de la société Web'Consult à qui appartient le site monvetoenligne.fr,
  13. Daniel Hervé, spécialisé en cardiologie,
  14. Laurent Kern, spécialisée dans les troubles du comportement,
  15. Bruno Kupfer, spécialisé en ophtalmologie,
  16. Hervé Laforge, spécialisé en ophtalmologie,
  17. Gerard Le Bobinnec, spécialisé en cardiologie,
  18. Francis Legeard, spécialisé en orthorpédie,
  19. Florent Modesto, spécialisé dans les nouveaux animaux de compagnie,
  20. Pierre Moissonnier, professeur de chirurgie à Alfort,
  21. Florence Ollivet-Courtois, spécialise dans la faune sauvage,
  22. Pascal Perronin, spécialisé en chirurgie,
  23. Yves Pietracqua, spécialisé en nutrition et diététique,
  24. Jean-François Quinton, spécialisé dans les nouveaux animaux de compagnie,
  25. Olivier Reineau, ancien interne en médecine interne,
  26. Luca Zilberstein, enseignant à Alfort comme spécialisé en anesthésie.

Un conseil sur la conduite à tenir sans vraie consultation

Sur la page d'accueil, le site monvetoenligne.fr explique la différence entre le téléconseil qu'il procure et une véritable consultation avec examen clinique.

« Le conseil en ligne ne permet pas d'examiner votre animal. Il n'est donc pas question de remplacer la consultation vétérinaire avec un examen clinique, telle qu'elle peut être proposée dans un cabinet, une clinique ou un CHV. Des causes très diverses peuvent entraîner des signes cliniques similaires. Ceci explique pourquoi en l'absence d'examen clinique les vétérinaires du site MonVetoenLigne ne peuvent donner qu'une liste de causes possibles et en préciser la gravité. Cependant, dans tous les cas et, en particulier dans les études de dossier et les avis d'experts, les informations données sont complétées par un conseil sur la conduite à tenir. »

En humaine, un examen clinique est requis avant une téléconsultation

La télémédecine est encadrée en santé humaine depuis 2010 dans le code de la santé publique (article R. 6316-1). Pour le ministère de la santé (humaine), il n'est pas question que la télémédecine se substitue à la « relation personnalisée entre le médecin et son patient ». D'ailleurs, la téléconsultation n'est remboursée que si le patient a déjà consulté en face-à-face ce médecin depuis moins d'un an (voir LeFil du 21 janvier 2019). La télémédecine qui suit un examen clinique en face-à-face permet alors le télédiagnostic et la téléprescription.

La téléconsultation ne doit pas non plus permettre à un patient de s'affranchir du parcours de soins. Le passage par la case « médecin traitant généraliste » reste obligatoire avant la (télé)consultation d'un spécialiste. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a donc fréquemment mis en garde les patients contre les sites web ou les applis qui proposent des « téléconsultations remboursées » si une consultation préalable en face-à-face n'a pas été réalisée.

Pour les vétérinaires, « la télémédecine, c'est pour demain ».

Pour les vétérinaires, « la télémédecine, c'est pour demain ». Le président du Conseil national de l'Ordre des vétérinaires, Jacques Guérin, l'a annoncé dans sa cérémonie des vœux le 8 janvier dernier. Le code rural devrait donc rendre possible, « sous conditions », la réalisation à distance de certains actes de médecine vétérinaire. Comme en médecine humaine, la télémédecine ne devrait pas se substituer à la « relation personnalisée en face-à-face » entre le vétérinaire et son client accompagné de son animal. Un examen clinique préalable sera doute requis avant de pouvoir prodiguer des conseils personnalisés à distance.