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11 décembre 2018
Méthadone + acépromazine en prémédication provoque une sècheresse oculaire chez le chien
Administrée en prémédication, la combinaison de méthadone et d'acépromazine assèche l'œil. Une étude sur 30 chiens, publiée en libre accès dans la revue Veterinary Record Open, le démontre. Le risque de lésion cornéenne lors de l'anesthésie n'est ainsi pas anodin, notamment chez les animaux dont la production lacrymale est initialement faible.
Selon les auteurs de cette nouvelle étude prospective, l'observation des effets de l'administration de morphiniques µ-agonistes (associés ou non à un sédatif) sur la production de larmes chez le chien a donné jusqu'à présent des résultats équivoques. Ils ont donc évalué ceux d'une association de méthadone (0,3 mg/kg) et d'acépromazine (0,02 mg/kg), injectée par voie intramusculaire en prémédication avant anesthésie générale.
Ils ont recruté 30 cas de chiens opérés pour divers motifs (interventions oculaires exclues), chez qui un test de Schirmer a été pratiqué :
La mesure était effectuée sur chaque œil, et la moyenne des deux mesures était également calculée.
Un examen ophtalmologique préalable avait vérifié l'absence de maladie de l'œil (hormis si mineure et sans impact sur l'activité lacrymale comme une cataracte débutante). Les chiens présentant une faible production de larmes (moins de 10 mm/mn au test de Schirmer), ou recevant un traitement pouvant interférer avec elle, étaient exclus.
Si les investigateurs pensaient observer un effet du traitement sur la production lacrymale, ils avaient raison : leurs mesures montrent une baisse significative des résultats des tests effectués après la prémédication, qui évoluent de 22,7 (le matin) à 16,9 mm/mn en moyenne.
Cette diminution correspond à un assèchement sensible de la surface oculaire. 9 chiens présentent un résultat inférieur à 15 mm/mn sur au moins un œil (dont 7 sur les deux yeux), soit près de 30 % ; ils n'étaient que 2 dans cette situation le matin de la chirurgie. La valeur de 15 mm/mn étant retenue car généralement admise comme seuil de normalité.
Selon les auteurs, cette réduction des sécrétions lacrymales consécutive à la prémédication réalisée « peut être suffisante pour engendrer une sécheresse de la surface de la cornée et son ulcération ». Le risque serait particulièrement à craindre chez les chiens présentant des facteurs prédisposants ou une production de larmes déjà limitée.
Le délai entre l'injection et la mesure (20 à 80 minutes, 35 minutes en médiane donc) est sans influence sur les variations observées.
L'hospitalisation, elle non plus, ne semble pas être un paramètre affectant les résultats : les mesures du matin ne présentent pas de différence significative entre les chiens admis la veille (n=21) et ceux entrés le jour même de l'intervention (n=9). Selon les auteurs, un groupe contrôle aurait toutefois été nécessaire pour étudier précisément l'éventuel effet de l'hospitalisation elle-même (ce qui n'était pas l'objectif ici). Une mesure a pu être faite la veille, lors de l'admission, pour 12 chiens, afin de disposer d'une valeur de base indépendante de l'hospitalisation. Mais l'effectif est trop faible pour être exploitable statistiquement. Ces chiens présentent une valeur abaissée le lendemain matin au test de Schirmer. Mais cette diminution peut être liée à l'influence du cycle diurnal sur la production lacrymale, et une baisse significative demeure suite à la prémédication.
L'analyse des données ne montre pas de prédisposition raciale, ni d'augmentation du risque avec l'âge.
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