24 avril 2024
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Les chiens hospitalisés mangent mal. Une nouvelle étude prospective sur 500 cas révèle qu'à peine 3 % s'alimentent suffisamment pour couvrir leurs besoins énergétiques. Une très large majorité – 84 % – en couvre moins d'un quart par leur prise alimentaire spontanée.
Pour cette étude, menée sur une période de 9 mois dans un hôpital vétérinaire universitaire (université autonome de Barcelone, Espagne), le seul critère de recrutement des chiens, hormis le consentement de leur propriétaire, était d'être gardés au moins 24h. Le motif de leur admission ainsi que leur état de santé (gravité de l'atteinte) étaient donc variables, de même que le service à l'origine de leur prise en charge (médecine interne, neurologie, ophtalmologie, chirurgie, traumatologie, urgence et soins intensifs).
Le profil des 500 chiens retenus est également diversifié en termes d'âge, de sexe, de format et d'embonpoint, autant de critères analysés pour étudier les paramètres influençant l'évolution du poids et ses conséquences.
En effet, l'objectif de l'étude est d'évaluer la prévalence d'une sous-nutrition chez les chiens hospitalisés, d'en mesurer l'impact sur l'évolution du cas (risque de mortalité), et d'identifier les principaux facteurs de risque. Une période de diète alimentaire pouvait avoir été prescrite à l'admission (en prévision d'une intervention ou d'un examen sous anesthésie).
Une évaluation de l'état nutritionnel du chien était effectuée au moment de l'hospitalisation, puis chaque jour : poids, embonpoint (score corporel), masse musculaire. L'aliment distribué et la quantité consommée, les éventuelles interventions réalisées en support nutritionnel (pose d'une sonde digestive notamment) et l'évolution du cas étaient également enregistrés. L'observation de troubles digestifs le mois précédant l'arrivée du chien (vomissements, diarrhée, anorexie, amaigrissement) était prise en compte.
Le besoin énergétique au repos (BER, RER en anglais), calculé selon le poids de l'animal (suivant la formule 70 x poids0,75), est utilisé en référence pour quantifier l'adéquation des prises alimentaires spontanées : taux de couverture de ce besoin par les apports énergétiques de l'aliment consommé.
Et les observations sont donc tranchées : la consommation alimentaire couvre en médiane 24 % du BER. Elle en couvre moins du quart chez plus de 8 chiens sur 10 (84 %). Entre 25 et 50 % chez 7 %. Et 50 à 100 % chez 5,5 %. Seuls 3,4 % des chiens mangent intégralement selon leur besoin, voire davantage.
Les quantités consommées sont corrélées à la variation du poids et du score corporel du chien, ainsi qu'à son évolution de santé (3 variables dépendantes).
Les conséquences immédiates sont toutefois limitées. Ainsi, une majorité de chiens (77 %) maintiennent leur poids durant la période d'hospitalisation (variation inférieure à 5 %). 16 % en perdent et 7 % en gagnent.
De même, le score corporel est maintenu chez 78 % de l'effectif. La prévalence de la sous-nutrition (amaigrissement associé à une altération du score corporel) est ainsi d'environ 20 %. Elle monte à 40 % si sont inclus les chiens à partir d'une perte de poids de 2 %. Mais, selon les auteurs, une telle variation peut être liée au changement d'aliment ou d'apports hydriques.
La durée d'hospitalisation s'étalait entre 1 et 20 jours (3 jours en médiane). Elle fait partie des paramètres associés aux 3 mêmes variables (poids, score corporel, évolution du cas), comme la gravité de la maladie à l'admission.
L'analyse multivariable réalisée ensuite montre une interaction entre cette durée et la consommation alimentaire : plus la prise alimentaire est élevée, moins l'état corporel du chien est affecté, sauf lors de court séjour (moins de 3 jours, voir figure en illustration principale). Ainsi, selon les auteurs de l'étude : « les apports énergétiques sont essentiels pour éviter l'altération du score corporel, chez les chiens hospitalisés plus de 3 jours ».
L'analyse identifie aussi plusieurs autres facteurs augmentant le risque de diminution du score corporel : l'âge du chien, des vomissement et un score corporel initialement élevé (surpoids). Ces vomissements, le poids à l'admission et une hospitalisation prolongée augmentent de leur côté la perte de poids.
Le taux de mortalité est de 7,4 %. Un moindre risque de décès est observé chez les chiens initialement en bon état d'embonpoint, ainsi que ceux qui conservent leur appétit. La mortalité augmente en cas d'anorexie à l'admission ou si l'hospitalisation se prolonge.
Sur la conduite à tenir, qui n'est pas l'objet de l'étude, les auteurs rappellent ainsi l'importance, au vu de leurs observations, du support nutritionnel des individus hospitalisés, particulièrement en cas d'anorexie. La surveillance quotidienne des animaux (poids, embonpoint, masse musculaire) permet de détecter précocement une sous-nutrition.
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