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16 octobre 2018

Merial-Coophavet revendu au néerlandais Dopharma par Boehringer Ingelheim

par Eric Vandaële

Temps de lecture  4 min

Le site de Merial-Coophavet à Saint-Herblon (44)
Une centaine de salariés sont employés sur ce site de Merial-Coophavet à Saint-Herblon (44) que Boehringer Ingelheim a decidé de revendre à Dopharma. Photo Google Map.
Le site de Merial-Coophavet à Saint-Herblon (44)
Une centaine de salariés sont employés sur ce site de Merial-Coophavet à Saint-Herblon (44) que Boehringer Ingelheim a decidé de revendre à Dopharma. Photo Google Map.
 

Il aura fallu tout juste un an à Boehringer Ingelheim pour trouver un repreneur au site de Merial-Coophavet basé à Saint-Herblon (Loire-Atlantique), près d'Ancenis, à mi-chemin entre Nantes et Angers. Le laboratoire allemand avait annoncé le 3 octobre 2017 son intention de revendre ce site « non stratégique » dans sa course au leadership mondial qu'il dispute à Zoetis et MSD (voir LeFil du 10 octobre 2017).

Un an plus tard, le 10 octobre 2018, il a informé les salariés du site de Coophavet de la reprise de leur activité par le laboratoire Néerlandais Dopharma.

Coophavet : un revente effective début 2019

Cette cession ne sera effective que dans le courant du 1er trimestre 2019, compte tenu des délais légaux nécessaires avant d'effectuer cette transaction.

Dès vendredi dernier, une dépêche de l'Agence France presse, reprise par la presse économique, annonce cette prochaine acquisition par le laboratoire néerlandais Dopharma. Cette dépêche s'appuie sur un communiqué publié le même jour, le 12 octobre, par une organisation syndicale CFE-CGC Chimie (voir ce lien). Boehringer Ingelheim et Dopharma ont ensuite confirmé hier cette information par un communiqué de presse commun.

Dopharma, un laboratoire familial inconnu en France

Fondé en 1969, le laboratoire néerlandais est, comme Boehringer Ingelheim, une entreprise familiale (voir ce lien). Il appartient à la famille « de Bruijn » dont « la seconde génération » constitue les principaux dirigeants actuels du laboratoire. L'un de ses directeurs généraux est aussi le président de l'association « Animal Health Europe » qui défend, en Europe, les intérêts des laboratoires pharmaceutiques vétérinaires multinationaux ou locaux.

D'ailleurs Dopharma n'est pas un grand laboratoire multinational du top ten mondial. Il est surtout fort dans son pays d'origine, les Pays-Bas où il pointe à la quatrième place derrière les « trois gros » : MSD-Intervet, Boehringer Ingelheim (BI-Merial) et Zoetis. Il dispose de filiales en Belgique, en Allemagne, en Roumanie et en Lituanie.

Des autovaccins néerlandais et une phénylbutazone équine

L'an dernier, Dopharma a aussi racheté un fabricant d'autovaccins néerlandais : Ripac-Labor. Avec ce rachat de 2017, il emploie déjà 165 personnes réparties sur au moins deux sites de fabrication aux Pays Bas et en Allemagne. Avec le site de Coophavet en France, Dopharma récupère une centaine de salariés supplémentaires.

Dopharma ne publie pas d'informations financières permettant d'évaluer des ventes et sa part de marché. Coophavet lui apporte un chiffre d'affaires supplémentaire qui avait été estimé à 28 millions d'euros l'an dernier par le journal Les Échos.

Dopharma est spécialisé dans la fabrication de médicaments vétérinaires pour les animaux de rente, chevaux inclus, avec, entre autres :

  • Des anti-inflammatoires, comme des sachets de phénylbutazone pour chevaux, un générique de méloxicam injectable (Melovem°), de l'acide salicylique per os, une dexaméthasone injectable,
  • Des antibiotiques oraux et injectables (amoxicilline, ampicilline, doxycline, oxytétracycline, florfénicol, péni-strepto, tylosine etc.).
  • Un anticoccidien (toltrazuril), du flubendazole et du lévamisole,
  • Ou d'autres médicaments (oxytocine, fer injectable, bromhexine).

Dopharma dispose, pour le moment, de 15 AMM valables en France, dont certaines sont distribuées par le laboratoire LCV en France. Il développe aussi des aliments complémentaires « nutraceutiques » sous la marque Eviban°, mais sans grande originalité, à base de vitamines, de minéraux et d'acides aminés.

La notoriété de Coophavet avec des emplois pérennes en France

Boehringer Ingelheim a choisi Dopharma « en raison de son projet extrêmement solide et pérenne avec une préservation de l'emploi et un développement de l'activité du site » de Saint-Herblon.

Avec ce rachat, Dopharma « veut s'implanter sur le marché français en s'appuyant sur la notoriété de la marque Coophavet » et compléter aussi son portefeuille de produits avec ceux développés dans la gamme Coophavet.

En outre, « Boehringer Ingelheim collaborera aussi avec Dopharma pour que ce site de Saint-Herblon continue à lui fabriquer certains produits » que le laboratoire allemand souhaite, sans doute, conserver dans sa gamme. Le périmètre exact des gammes fabriquées par Coophavet et cédées à Dopharma avec l'unité de production n'est pas encore connu. Mais cette précision laisse entendre que certains produits fabriqués par Coophavet devraient rester commercialisés par Boehringer Ingelheim.

La bonne implantation de Dopharma en Europe de l'Est pourrait permettre un développement des ventes des produits Coophavet dans ces pays. Et Dopharma pourrait s'appuyer sur le réseau des distributeurs historiques de Coophavet, notamment en Asie et en Afrique pour promouvoir sa propre gamme. La fabrication de certains produits Dopharma pourrait aussi être transférée sur le site de Saint Herblon.

Désinvestissement à l'Ouest et investissements à Lyon

Hasard du calendrier, Boehringer Ingelgeim a officiellement inauguré le 12 octobre 2018 à Lyon Saint-Priest, un « nouveau centre international de R&D en vaccins vétérinaires » un investissement d'un montant de 70 millions d'euros, avec un bâtiment de 14500 m2 sur trois niveaux pour plus de 200 personnes employés.