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12 octobre 2018

La buprénorphine à 1,8 mg/ml développée chez le chat est testée contre la douleur opératoire chez le chien

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Dans cette étude québécoise, la durée de l'intervention chirurgicale était significativement augmentée dans le groupe « Simbadol », mais le poids moyen des chiennes opérées était aussi plus élevé (cliché Pixabay).
Dans cette étude québécoise, la durée de l'intervention chirurgicale était significativement augmentée dans le groupe « Simbadol », mais le poids moyen des chiennes opérées était aussi plus élevé (cliché Pixabay).
 

Une formulation de buprénorphine injectable à 1,8 mg/ml est approuvée comme analgésique chez le chat aux USA (Simbadol°, Zoetis). Des vétérinaires québécois de la faculté de Montréal ont évalué son intérêt en chirurgie chez le chien, par comparaison à la formulation à 0,3 mg/ml indiquée dans l'espèce canine (Vetergesic° ici). Et l'effet obtenu semble comparable, selon les résultats de leur étude, publiés dans la revue en ligne BMC Veterinary Research (article en libre accès).

Une alternative face aux ruptures de stock

Aux USA, les vétérinaires rencontrent actuellement des difficultés d'approvisionnement en morphiniques. Cette « crise des opioïdes », liée à l'obligation d'une baisse de production en réponse à leur détournement pour un usage illégal par des toxicomanes, est une problématique dont s'est emparée l'association des vétérinaires américains (AVMA), afin de défendre l'accès des praticiens à ces médicaments, au bénéfice de la qualité des soins aux animaux.

L'objectif de cette nouvelle étude est donc de vérifier si les formulations à 0,3 et 1,8 mg/ml sont « interchangeables » chez le chien.

12 chiennes à stériliser dans chaque groupe

L'étude, prospective (financée par le laboratoire Zoetis), a porté sur 24 chiennes devant être stérilisées. Toutes ont reçu le même protocole anesthésique et analgésique (usuel pour l'intervention : une ovario-hystérectomie), à l'exception de la formulation de l'opioïde :

  • Acépromazine en prémédication (0,02 mg/kg) ;
  • Buprénorphine à la dose de 0,02 mg/kg par voie intramusculaire ;
  • Propofol puis isoflurane pour l'anesthésie générale ;
  • Carprofène environ 20 minutes après l'induction de l'anesthésie (4,4 mg/kg SC).

La buprénorphine utilisée était donc dosée à 1,8 mg/kg (n=12) ou à 0,3 mg/kg (n=12). En France, Vetergesic° est commercialisé par Ceva, et quatre autres solutions injectables à 0,3 mg/kg sont également disponibles : Buprécare (Axience), Buprenodale (Dechra), Bupaq° (Virbac) et Bupredine (Osalia).

Le suivi des animaux a évalué la qualité de l'analgésie postopératoire pendant 8h : relevé des paramètres physiologiques comme la température corporelle, les fréquences cardiaque et respiratoire, la pression artérielle, etc., et évaluation de la sédation et de la douleur (grille de Glasgow).  La survenue d'éventuels effets indésirables était également notifiée. Simbadol° est aujourd'hui indiqué chez le chat contre la douleur chirurgicale. Le protocole prévoit une injection sous-cutanée à la dose de 0,24 mg/kg au moment de l'intervention pour un effet prolongé sur 24h. Le traitement peut être renouvelé quotidiennement jusqu'à 3 jours.

Une analgésie comparable

Les observations montrent que les durées de l'anesthésie et de la chirurgie sont significativement augmentées dans le groupe « Simbadol » : 45 minutes vs 35 pour le temps chirurgical moyen (mais les chiennes du premier groupe étaient de plus grand format : 19 kg de poids contre 12 en moyenne).

En revanche, les paramètres physiologiques et les scores de sédations sont similaires dans les deux groupes. Et, surtout, les scores de douleur ne présentent pas de différence significative selon le médicament utilisé.

En cas d'analgésie insuffisante (note de 5/24 ou plus sur l'échelle de Glasgow), une injection de morphine (0,5 mg/kg par voie intramusculaire) était effectuée. Cela s'est produit pour 3 chiennes du groupe « Vetergesic » et aucune de l'autre groupe. Mais ces prévalences, pourtant de 25 % contre 0 %, ne sont pas statistiquement différentes (en lien avec le faible effectif de 12 chiennes par groupe). Et les auteurs ne constatent pas de raison pharmacologique évidente qui pourrait entraîner une variation : une diffusion égale du principe actif est attendue puisqu'il s'agit de la même molécule, administrée à la même dose, par la même voie et sur le même site d'injection (les excipients des deux produits sont identiques aussi).

Enfin, les quelques effets indésirables observés (vomissement, méléna, hypothermie) n'étaient pas fréquents ni persistants, et sans écart significatif entre les groupes. Les auteurs ne les considèrent pas comme des effets secondaires de l'administration de buprénorphine. Ils en concluent que la combinaison de Simbadol° IM et de carprofène SC procure une analgésie postopératoire efficace chez la chienne stérilisée.