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17 septembre 2018

Aider les maîtres à faire perdre du poids à leur chien ? Pas si simple…

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Principaux éléments issus des focus groupes et destinés à établir deux feuilles d'aide à la volonté, l'une sur l'alimentation et l'autre sur l'activité physique des chiens (Webb et coll., 2018).
Principaux éléments issus des focus groupes et destinés à établir deux feuilles d'aide à la volonté, l'une sur l'alimentation et l'autre sur l'activité physique des chiens (Webb et coll., 2018).
 

Aider les propriétaires à faire maigrir leur animal peut-il être une affaire de procédés d'autorégulation ? Des chercheurs de Nestlé Purina et de l'université de Sheffield viennent de publier les résultats instructifs – mais décevants – d 'une telle approche de sciences humaines appliquée à cet objectif.

Si… alors…

Leur inspiration vient de la théorie du contrôle et repose sur trois procédés :

  • fixer un/des but(s), comme la perte de poids de l'animal,
  • surveiller les comportements pertinents et leur résultat, comme la quantité d'aliment consommé et le poids de l'animal,
  • et mettre en place des actions adaptées, par exemple en réduisant la quantité d'aliment offerte et en augmentant l'activité physique de l'animal.

L'approche est combinée aux données des sciences sociales, qui indiquent que les propriétaires fonctionnent en raisonnant par des “si,… alors…” (comme “si mon chien réclame une friandise, je ne lui donnerai qu'une caresse”). Les défis de faire maigrir leur animal pourraient bénéficier d'un outil dans lequel à la fois une bonne connaissance de base et toute une série de “si,… alors…” lui seraient accessibles.

Outil d'aide à la volonté

Pour créer de telles “feuille d'aide à la volonté”, six focus-groupes de propriétaires, deux de vétérinaires et ASV, et deux autres d'experts en nutrition employés par Nestlé Purina, ont été réalisés. Il était demandé à chaque participant(e) d'expliquer sur quels critères il fondait la quantité d'aliment distribuée à l'animal et le niveau de l'exercice physique de l'animal, mais aussi d'identifier les situations où ils pourraient être tentés de nourrir leur animal alors qu'ils savent qu'il ne faudrait pas, etc. Deux feuilles ont été créées (voir l'illustration principale) : l'une « pour aider les propriétaires à alimenter leur chien de manière adaptée » et l'autre pour les aider à « augmenter le niveau d'activité physique de l'animal ».

Essai randomisé

Ces feuilles ont ensuite été testée auprès de maîtres, dans un essai randomisé ayant duré deux mois. Si 56 % des chiens de l'essai ont perdu du poids au terme des deux mois, les auteurs ne trouvent pas de différence significative sur la perte de poids (ni sur la note d'état général) entre ceux dont le maître utilisait les feuilles d'aides et ceux dont les maîtres avaient un objectif de réduction du poids, mais définissaient seuls les moyens de l'atteindre (groupe témoin, p=0,19). Plus précisément, la réduction de poids hebdomadaire était comparable dans les deux groupes. Même si le nombre de participants s'était réduit au terme des deux mois, les auteurs ne pensent pas que le fait d'être contacté par un chercheur pour s'engager dans une étude ayant comme objectif la perte de poids de son chien a pu être suffisant pour motiver durablement certains maîtres du groupe témoin. Ils pensent plutôt que les maîtres ayant reçu les “feuilles d'aide à la volonté” ne se sont pas tenus aux objectifs (moins de la moitié a rempli le questionnaire final). Pour eux, la plupart de ces maîtres « manquaient des connaissances sur l'alimentation et l'exercice physique adaptées à leur chien ». Ainsi, les maîtres « manquent de motivations, plutôt que de volonté ».

Protocole

Plus précisément, pour l'essai terrain, six cliniques vétérinaires des environs de Sheffield (Grande-Bretagne) ont accepté de recruter des maîtres dont le chien était en surpoids ou obèse, pour tester l'une ou l'autre de ces feuilles. Les chiens pouvaient être enrôlés s'ils avaient une note d'état général d'au moins 6 (sur 9), mais pas d'affection s'opposant à une activité physique accrue. Les maîtres acceptant de participer à l'étude devaient remplir un long questionnaire, y compris sur leur conception de l'alimentation du chien et de son activité physique. Puis, par tirage au sort, l'un ou l'autre des objectifs (alimentation/activité) lui était attribué (n=56), ou alors il fixait lui-même les objectifs et les moyens d'y parvenir (groupe témoin, n=49). Après deux mois, les participants ont été contactés pour un nouveau questionnaire (28 % l'ont fait) et le poids et l'état général du chien ont été recueillis auprès de sa clinique vétérinaire (disponible pour 47 % des chiens).